Chapitre 59

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Axel s'éveilla en sursaut. Il y avait eu... un bruit. Comme un meuble qui se renverse. Il s'assit aussitôt, massa ses tempes. La veille, il avait fait venir la pluie et il avait bu comme jamais. Il se souvenait de l'air soucieux de Solerys, quand il était apparu, trempé, à la porte, comme convenu. Solerys lui avait proposé à boire, comme d'habitude. Axel n'avait pas osé refuser. Il savait que Solerys mettait quelque chose dans l'eau, quelque chose qui perturbait ses souvenirs, quelque chose qui l'obligeait à obéir et qui protégeait Solerys.

Sauf que cette fois... il avait senti un léger engourdissement, mais rien de comparable à ce dont il avait l'habitude. Solerys l'avait-il perçu ? Axel avait essayé de donner le change, avait avalé les quelques bouchées que Solerys avait daigné lui garder puis était descendu dans sa « chambre ».

L'endroit était humide, obscur. Axel le détestait. Il savait où se trouvait sa paillasse, sa couverture, et un pot de chambre qui n'avait jamais été vidé. L'odeur, il s'y réhabituait vite.

Axel se leva, s'approcha de la porte. Elle était fermée, évidemment. Il pinça les lèvres. Il avait prévu de ne pas s'endormir, cette nuit. Hélas, il y avait succombé.

Devait-il profiter de ce réveil ? Pour une fois, il n'avait pas soif. Il n'était pas tributaire de Solerys. Si Solerys dormait, s'il pouvait fouiller la maison pour trouver Telclet... ensuite il serait libre.

Axel donna un coup d'épaule dans la porte, testant sa solidité, grimaça. Rien à faire, elle était solide. Rageur, il frappa du poing. Solerys ne pouvait l'entendre, de là où il était, c'était sa seule certitude, parce qu'il avait passé sa deuxième nuit à cogner contre la porte.

Puis Axel se traita d'imbécile. La porte était en bois ! Un bois massif, solide, mais un bois qui brûlait malgré tout. D'un geste, il fit apparaitre une flamme au creux de sa main. C'était bon, de revoir la lumière. Il évitait de la garder en permanence allumée, pour ne pas s'épuiser, mais cette fois, il ne laisserait pas passer sa chance.

Axel plaqua ses mains contre la porte, puisa dans son Don. Bientôt, le bois noircit, se mit à fumer. Il ne s'enflammait pas, et Axel ne s'y était pas attendu. Solerys était beaucoup trop prudent pour négliger la moindre faille. Mais le bois s'affaiblirait. Il continua son effort, déplaça ses mains. Bientôt, la sueur ruissela sur son front. Elle tombait parfois en gouttelettes sur ses avant-bras, s'évaporait aussitôt au contact.

Après de longues minutes, Axel se recula en frottant le front.

Avait-il suffisamment affaibli l'ossature de la porte ? Il était temps d'en avoir le cœur net. Un coup d'épaule en plein dans une zone noircie fit bouger la porte. Ce n'était pas suffisant, mais c'était un progrès, décida Axel. Il rappela ses flammes, plaqua de nouveau ses mains. Il sentait le bois qui résistait à son feu et il redoubla d'efforts, si bien qu'il fut surpris quand ses mains traversèrent la porte. Axel jura et se contorsionna pour ramener ses mains et ses bras, puis usa de coups d'épaule pour défoncer suffisamment la porte pour avoir assez de place pour passer. Le trou était juste assez grand et ses ailes s'accrochèrent aux contours irréguliers, mais il n'en avait cure. Tant pis pour les échardes. Il était libre – pour le moment – et Solerys endormi. Ce serait sa seule occasion pour trouver Telclet et échapper à son emprise.

S'il échouait... il refusait d'y songer.

Axel généra une flamme pour explorer les lieux, de petite taille pour éviter d'attirer l'attention. Il s'arrêta pour écouter, de longues secondes.

Toujours rien.

Soit Solerys dormait encore, malgré le raffut qu'il avait fait, soit... eh bien, de toute façon, il en aurait le cœur net bien assez tôt.

Les Vents du DestinWhere stories live. Discover now