Chapitre 62

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Axel n'arrivait pas à se défaire d'un mauvais pressentiment. Sa nuque le picotait alors que Solerys était solidement ligoté. Depuis sa capture, il se montrait léthargique, apathique, muet.

Axel se sentait vidé. Affamé.

Il n'avait pas de nouvelles de Nicoleï ni de Tabatha. Telclet était toujours en sommeil.

Maitre Kenog lui jeta un coup d'œil.

— Tu es épuisé. Repose-toi, tu ne risques plus rien.

Axel ne l'aurait pas juré. D'accord, Solerys n'avait plus son aura menaçante, pourtant... il y avait quelque chose.

La maison brulait encore, illuminait la nuit. Axel ne se sentait pas l'énergie de l'éteindre. Les villageois devraient se débrouiller sans lui.

Il fronça les sourcils. Les villageois. Ils étaient à la botte de Solerys, il avait eu le temps de s'en apercevoir. Alors pourquoi personne ne s'inquiétait ? Les combats ne pouvaient pas passer inaperçus, pas après qu'ils aient saccagé la moitié de la maison.

Il s'en ouvrit à Kenog. Ce dernier jeta un œil à Solerys, toujours ligoté, mais encore éveillé.

— Etrange, en effet, convint-il.

Il passa une main lasse dans ses cheveux courts.

— Ils ont peut-être eu peur et sont restés chez eux ?

— Peur de nous ou peur de lui ?

Il ne s'attendait pas à ce que Kenog lui réponde ; il réfléchissait pour lui-même. Son esprit fatigué sautait d'un point à l'autre sans qu'il ne parvienne à faire des liens.

— Pourquoi êtes-vous parti ? demanda Axel.

Kenog haussa les épaules.

— Affaire familiale. Je n'ai pas eu le temps de prévenir.

— Les étudiants n'étaient pas là, pourtant, quand nous sommes venus.

— Ils arrivent bien plus tôt que vous et savent que c'est une possibilité.

Axel secoua la tête.

— Ca ne tient pas. Vous aviez accepté de nous entrainer, nous étions sous votre responsabilité ! Rédiger un mot à notre intention n'aurait pas pris que quelques minutes. Nicoleï était inquiet.

— Vous êtes Massiliens, répondit Kenog comme si c'était une réponse. Vous voyagez vite. Nous, Niléens, sommes des artistes avant tout. Changer de programme sur une inspiration subite, c'est dans notre nature. Je ne pouvais pas savoir que Nicoleï se retrouverait seul... et j'ai eu d'autres soucis à régler de mon côté. Dès que j'ai senti tes Vents, je me suis mis en route. Quoique tu en penses, je me souciais de vous.

Axel en doutait. Les Niléens n'étaient pas Massiliens, ils pouvaient mentir, eux. Néanmoins, il était trop fatigué pour en débattre maintenant. Maitre Kenog était un allié et il n'avait pas d'autre choix que de lui faire confiance. Nicoleï était en sécurité, là-bas, dans la grotte, hors de portée de Solerys. Le prisonnier n'en menait pas large mais Axel avait hâte d'en finir avec cette histoire.

Il sommeilla jusqu'au petit matin. Il avait eu envie de rejoindre Nicoleï et Tabatha, de s'assurer qu'ils aillent bien, mais il refusait de laisser Solerys à la seule surveillance de Kenog. Surtout qu'il ne savait plus vraiment s'il devait faire confiance à Kenog ou pas.

Solerys était dangereux, il risquerait moins de manipuler deux personnes.

Lorsqu'un flash de lumière l'éblouit au petit matin, Axel bondit sur ses pieds en dégainant, se plaça en position... reconnut ses parents.

Les Vents du DestinWhere stories live. Discover now