Chapitre 39

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Nicoleï s'éveilla en frissonnant, s'assit en frictionnant ses membres. Il bailla à s'en décrocher la mâchoire, puis avisa Axel qui souriait.

—Désolé, marmonna-t-il. Le soleil est levé depuis longtemps ?

Axel hocha la tête.

—Au moins une heure, je pense. Tu as bien dormi ?

—J'ai connu des nuits meilleures, mais ça va. Et toi, tu n'as pas... je sais pas, attaché tes flammes quelque part pour grappiller un peu de sommeil ?

—Les attacher ? Je n'ai jamais rien fait de tel. Non, entre les buissons et le reste... je préfère ne pas prendre de risques. Un incendie incontrôlé, c'est dangereux.

—N'aurais-tu pas pu l'éteindre, au besoin ?

Axel pinça les lèvres.

—Peut-être. Je ne sais pas si tu réalises l'effort que ça représente.

Nicoleï leva les mains.

—Je ne faisais que me renseigner.

Ils se partagèrent quelques biscuits, puis allèrent se rafraichir auprès d'un petit ruisseau. Quand ils furent prêts, Axel donna le signal du départ et Nicoleï s'envola à sa suite. Cap à l'ouest d'abord, puis ils remonteraient vers le nord. Tout en gardant un œil sur l'Émissaire, Nicoleï prenait garde au paysage qui défilait sous lui. Les premiers arbres apparurent, puis se firent de plus en plus nombreux, jusqu'à devenir majoritaires. La partie est de la forêt des Cargues, s'il ne se trompait pas. Nicoleï avait longuement étudié la carte de Niléa, espérant mémoriser des points de repère, mais entre la carte et le terrain, il y avait souvent des différences, même quand on disposait d'une vue aérienne.

Axel tendit le bras et Nicoleï le suivit du regard. Seul l'index était tendu, c'était donc le signe pour indiquer un point de repère. La fin des chênes, le début des résineux, signe qu'ils allaient prendre de l'altitude ? Il leva le pouce pour confirmer qu'il avait bien compris le message et reporta son attention sur les alentours. Des masses grises se formaient à l'est, masquant le soleil. Dommage, parce que l'air restait glacé, et malgré la protection de ses plumes et de son uniforme, Nicoleï se prenait parfois à frissonner. L'hiver niléen était censé être plus doux que les rudes hivers massiliens, néanmoins, l'herbe avait été gelée autour d'eux, au matin. Et il n'avait pas encore de Compagnon pour bénéficier du renforcement de ses capacités par le lien.

Nicoleï voyait bien qu'Axel était embêté par l'absence de son Compagnon, mais quelle idée aussi de se lier avec une espèce sensible au froid ? Il frotta du pouce l'unique Barrette argentée sur sa poitrine. Lorsqu'il avait reçu le message lui indiquant qu'il était temps de rentrer sur le sol de la Fédération, Nicoleï avait été déçu. Nulle mention d'une autorisation à passer la deuxième Épreuve. Il avait cherché à camoufler sa déception, mais il s'était demandé à quoi avait bien pu servir son séjour dans l'Empire. Ça, il avait travaillé dur... et sans se plaindre ! Il avait voulu leur prouver qu'il était tout aussi capable qu'eux, voire, meilleur. Mais les aspirants Maagoïs n'étaient pas les brutes auxquelles ils s'attendaient. Non. Ils l'avaient intégré sans poser de questions, l'avaient soutenu quand il avait flanché, et Nicoleï s'était senti suffisamment redevable pour aider à son tour dès qu'il l'avait pu. Ne pas être capable de mentir, cela avait ses avantages et ses inconvénients. Impossible de faire comme les autres, qui, à bout de forces, gardaient un air bravache en affirmant que tout allait bien.

Mais ils avaient été surpris par ses capacités à détecter les mensonges. Les terrestres étaient bien trop prévisibles, par moment. Quel honneur y avait-il à aller au-delà de ses forces pour mettre la mission en danger ?

Les Vents du DestinWhere stories live. Discover now