Chapitre 65

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Solerys était toujours là, assis par terre à côté de Maitre Kenog et cette seule vision lui procura une bouffée de soulagement.

Tu croyais vraiment qu'il allait se volatiliser ?

Je m'attends à tout avec Solerys.

Satia l'accueillit avec un sourire qui trahissait l'inquiétude qu'elle avait ressentie avant de saluer ses deux compagnons. Axel, lui, s'empressa de raconter les dernières confessions des villageois à son père, revenu de sa courte inspection.

— Puis-je aller vérifier cette piste ?

Lucas pinça les lèvres, jeta un coup d'œil à Solerys qui n'avait pas bronché.

— Tu mériterais bien un peu de repos, Axel, dit-il enfin. Ce par quoi tu es passé.... Ton Compagnon...

— Seuls les morts se reposent, rétorqua Axel.

Une célèbre maxime massilienne qui amena un sourire sur les lèvres de son père. Qui soupira.

— Interrogeons Solerys là-dessus, puis j'en aviserai ton oncle. Ca te va ?

— D'accord.

Avec Telclet auprès de lui, Axel avait retrouvé uneconfiance qui lui avait terriblement fait défaut ces derniers temps. Son Compagnon était une forcequi lui permettait de tout endurer.

Tu me donnes beaucoup trop d'importance, transmit le serpent des Vents avec affection. Tu crois vraiment que le peintre ait pu dire la vérité ?

La vérité, je ne sais pas. Sa vérité, peut-être. Si quelque chose a pu changer Solerys... il existe peut-être une menace sur Niléa. Imagine, si d'autres se rendent là-bas, par hasard, ou si les villageois s'y rendent par eux-mêmes pour trouver une explication ? Imagine, si tous reviennent comme Solerys ?

Il perçut parfaitement le frisson qui parcourut son Compagnon – un écho du sien.

Trop d'hommes comme Solerys, ce serait destructeur, admit Telclet. Pour nos couvées comme pour vous autres humains. Je doute que Solerys nous soit d'une aide quelconque, par contre.

Nous allons voir ça.

Axel s'accroupit près du prisonnier. Ce visage qui avait hanté ses jours et ses nuits était désormais hagard, vide. Vaincu. Solerys paraissait avoir complètement abandonné toute idée de se battre. Était-ce réel ou jouait-il bien son rôle ? Axel ne savait plus quoi croire.

— Misaine dit que vous avez changé depuis votre dernier voyage, Solerys. Il soutient que cela vous éviterait toute peine d'emprisonnement. J'en doute, mais... peut-être pourriez-vous nous éclairer ? Où êtes-vous allé, Solerys ?

Les lèvres du prisonnier remuèrent, sans qu'aucun son n'en sorte. Axel se raidit, chercha son épée qui n'était plus à son côté. Un instant, il se sentit vulnérable, la panique l'envahissant. Puis Telclet siffla, dévoilant ses crocs.

Solerys tressaillit et Axel lut la panique dans les yeux sombres. Le Niléen avala sa salive, fit plusieurs tentatives avant de pouvoir parler.

— Je... je ne peux pas...

— Faites un effort, Solerys.

Mais l'homme secoua la tête.

— Ce n'est pas... hésita-t-il. J'en suis incapable.

— Comment ça ? Vous allez voir si...

Lucas l'arrêta.

— Tu te trompes, Axel.

Il détailla un long moment le prisonnier avant de reporter son attention sur son fils.

— Il voudrait te le dire mais quelque chose le bloque. Quelque chose d'aussi contraignant qu'un serment. Je n'aime pas ça.

Les Vents du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant