CHAPITRE 9 - calme assemblée

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Cela fait deux heures

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Cela fait deux heures. Deux heures que je discute avec Raphaëlle et Celia. Lorsqu'elle est arrivée, elle était un peu stressée. Elle s'excusait quand elle parlait, quand elle prenait un gâteau, quand elle riait. Mais très vite, je lui ai redécouvert l'humour et l'imagination débordante que je lui connaissais.

Elle sourit. Le sucre lui colle aux doigts tandis qu'elle parcourt avec passion son livre préféré. Elle en parle, et ses mains s'agitent dans tous les sens pour appuyer son propos. J'échange un regard avec Celia. Elle m'adresse un regard malicieux.

Je ne sais pas comment la remercier pour cette fabuleuse surprise.

Elle a tout organisé, passé des appels, parlé avec mes parents. Elle avait tout prévu, depuis le début. Elle est vraiment adorable. Celia ne peut pas savoir à quel point je suis heureuse de voir ma collègue d'écriture.

Raphaëlle est différente. Elle est plus drôle, mais différemment, plus jolie, mais dans un autre style, plus maladroite, même avec ses mots. Et pourtant, malgré toutes ces petites choses qui ne collent pas avec ce qu'elle prétendait être, elle est encore plus géniale.

Le son cristallin de la sonnette résonne à nouveau. Sans attendre mon approbation, elle s'ouvre en grand. Barmé et Maël s'avancent dans l'entrée.

— Bon anniversaire Cielle ! s'écrient-ils en cœur.

Je souris à pleine dents.

— Bon, et qu'est-ce que vous avez prévu d'autre pour cette journée, êtres diaboliques que vous êtes ? demandé-je.

— Rien pour le moment, puis repas avec tes parents et après... On t'emmène dans un endroit particulier, dit Maël en prenant un air mystérieux.

Lorsque mes parents entrent, nous sommes tous étalés sur le tapis, à discuter de tout et de rien en regardant le plafond

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Lorsque mes parents entrent, nous sommes tous étalés sur le tapis, à discuter de tout et de rien en regardant le plafond. Ils brandissent trois énormes plats devant eux.

— Ce soir, c'est cuisine indienne ! annonce mon père.

Il dépose la nourriture sur la table. Je me lève pour mettre la table, aussitôt suivie de mes amis. On est serrés, tous ensemble dans la petite cuisine, mais on est bien. Celia allume son portable et met de la musique.

Je ne peux retenir un sourire idiot. C'est ma chanson préférée. Celle qu'on a écouté en boucle, en la chantant le plus faux possible ensemble. On était chez moi, nos voix éraillées hurlant ces paroles pleines de sentiments forts. C'est un de ces souvenirs qui me remplit de motivation et d'espoir pour l'avenir.

Celia commence à chanter, bientôt imitée par tous les autres. On se tue les cordes vocales ensemble. Raphaëlle chante aussi, après un peu d'hésitation.

Ma mère arrive, mains sur les oreilles.

— Comment vous faites pour chanter aussi mal ? demande-t-elle, sourcils froncés.

— C'est un don, répliqué-je en baissant un peu le son de la musique.

— Il ne vient surement pas de moi...

Je prends un air angélique. Mon père enlève les couvercles des plats sur la table. Un fumet épicé s'en échappe. Je le hume et soupire d'aise. Tout ce que j'aime.

Je m'assieds et le repas commence dans une rare convivialité. Ma mère discute cordialement avec mes amis, quand un petit coup timide retentit à l'entrée. Je me lève pour aller ouvrir.

C'est Céleste.

Elle attend sur le perron, les yeux levés vers la nuit qui s'installe. Lorsqu'elle m'aperçoit, son regard s'illumine. Je lui fais signe d'entrer.

— C'est qui ? interroge mon père depuis la salle à manger.

—Céleste, une amie, réponds-je.

— Je suis désolée, commence Etincelle, je n'ai pas pu venir plus tôt. Joyeux anniversaire ! Je dérange ? Sinon ce n'est pas grave.

Je secoue la tête.

— Non, tu ne déranges pas, on mange. Tu peux venir si tu veux.

Elle se faufile dans le salon. Elle détaille les livres, les murs et les meubles d'un air un peu craintif. Elle baisse les yeux. Je lui apporte une assiette, une chaise et un sourire et l'installe à côté de moi. Elle a l'air un peu perdue.

Mes parents et amis la fixent.

— Voici Céleste, que j'ai rencontrée au parc il n'y a pas longtemps. Et voilà mon père, ma mère, et mes amis : Raphaëlle, Maël, Celia et Bartholomé.

Bartholomé m'adresse un regard assassin en entendant son nom complet, mais je l'ignore. Je m'assieds et commence à manger. La situation est étrange.

Un silence pesant s'installe, entre les bruits de déglutition et crissements de couverts. Ce n'est pas un de ces silences que j'aime, plein de mots, de sensations, de confiance et d'harmonie. Je fais mine de ne rien remarquer.

Peu à peu, il se dissipe, au profit de petites conversations.

Je regarde Céleste manger. Pendants qu'elle mastique, elle jette des coups d'œil inquiets autour d'elle. Elle absorbe les aliments les uns après les autres, sans précipitations.

Je me suis toujours dit que la façon de manger des gens, additionnée à d'autre données, était un des plus clairs indicateurs sur la personnalité d'une personne.

Le repas passe, les langues se délient, les rires se mêlent. Lorsque l'heure du dessert arrive, j'ai déjà le ventre plein. Bartholomé pose la forêt noire devant moi.

Je contemple mes quatorze bougies.

Je souffle.

Elles s'éteignent une à une. Un bref silence. Puis :

— Bon, on le mange ce gâteau ? demande Celia.

Nuages et étincellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant