CHAPITRE 30 - fatigue

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Je prends une grande inspiration

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Je prends une grande inspiration. Tout va bien se passer, j'en suis certaine. Bartholomé et Maël s'appuient sur le grillage. Le regard distant de Maël se promène sur l'agitation derrière sans daigner s'abaisser vers moi. Il passe une main dans ses cheveux dorés. Je tente de l'ignorer et me concentre sur ce que je vais dire. Barmé me sourit, plus engageant que son ami. Ses mains jouent dans le grillage, font et défont des nœuds de ses doigts empreints de nervosité.

— Je suis désolée.

Les deux me fixent un long moment sans que je puisse prononcer un mot de plus.

— D'accord, riposte Maël. Autre chose ?

— Non.

— Tu sais que ce n'est plus pareil, pas vrai ? poursuit-il.

J'acquiesce, honteuse.

— Arrête deux minutes El, elle n'a rien fait en fait, intervient Barmé. Elle n'a juste plus beaucoup été avec nous pendant un moment, mais elle a le droit, non ? Je ne vois pas vraiment quel est le problème...

Mon grand ami blond se redresse et fait mine de partir.

— Tu n'as pas répondu, l'interrompt l'autre.

J'écarquille les yeux, surprise. Il s'est vraiment affirmé pendant mon absence. Il y a quelques mois, il n'aurait jamais pris part à une conversation comme il le fait. Avec autant d'aisance. On dirait qu'il a finalement décidé d'arrêter de s'excuser d'exister. Qu'est-ce qui a bien pu provoquer ce changement ?

— Tu ne vois pas comme elle est égoïste ? Elle s'en va parce qu'elle le décide, soudain, elle ne donne plus de nouvelles. Et les autres, elle y pense ?

— Arrête de parler de moi comme si je n'étais pas là, soufflé-je.

Ma voix se brise sur les derniers mots. Les larmes menacent de couler, comme pour laver et effacer ce moment, pour tout recommencer il y a des mois, quand il était temps.

Pour la première fois depuis le début de la conversation, Maël me considère avec attention.

— Je ne le referai plus, d'accord ? Je ne suis plus comme ça.

— Bien sûr. Puisque tu t'intéresses tant aux autres maintenant, tu es peut-être au courant que Celia et Barmé sont ensembles.

— Ensembles... Ensembles ?

— Donc non, tu es toujours aussi égoïste.

Je lève les yeux au ciel, prise de colère.

— Tu n'as que ce mot à la bouche. Rien d'autre à dire ?

Il semble hésiter un court instant. Il se tait.

— Tu veux pas passer à autre chose, Maël ? Je suis désolée, d'accord ? Vraiment.

Il se détourne, réfléchit. Bartholomé observe l'échange, suspendu à nos lèvres. Son ami s'apprête à parler quand un son strident retentit. Il la referme. Je maudis la personne qui m'appelle quand je réalise qu'il s'agit de la sonnerie de mon téléphone.

Je décroche quand même sans regarder le nom qui s'affiche sur l'écran. Je m'éloigne un peu en entendant la voix de mon père. Je pousse un petit cri d'inquiétude à ses mots et hoche la tête. Plusieurs fois. Je raccroche.

— Réfléchis-y Maël, tu me diras si tu me pardonnes à l'occasion, je dois vraiment y aller.

Je pars en toute hâte, suivie par deux paires d'yeux consternés.

Je pars en toute hâte, suivie par deux paires d'yeux consternés

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J'apporte un verre d'eau au chevet de ma mère. La fatigue marque son visage assoupi. Sa peau est terne, tenue trop longtemps éloignée du soleil. Mon père lève la tête vers moi avec un sourire.

— Je pense que ça va aller maintenant...

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demandé-je.

Ses paupières se ferment.

— Je pense que ta mère a oublié de manger depuis un certain temps. Tu sais bien que quand elle est dans son travail, elle a tendance à oublier de se nourrir ou dormir. Elle est trop passionnée. Le manque de repos et la faim ont trop pesé sur elle. Elle s'est évanouie...

Je soupire.

— Et toi, tu vas bien ? Et si ça recommence ? interrogé-je. Vous travaillez trop.

— Je pense qu'on est assez grand pour savoir ce qui est bon pour nous, réplique mon géniteur d'un ton ferme.

Je retiens une remarque acerbe. Il s'adoucit :

— On va faire plus attention, maintenant. Je t'assure, on est allés peut-être un peu loin, mais ça ne se reproduira pas. Tu n'as pas à t'en faire, je n'aurai même peut-être pas dû t'appeler, il ne faut pas t'inquiéter. D'accord ?

Je hoche la tête. Tout est sous contrôle maintenant. Non ?

Nuages et étincellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant