CHAPITRE 24 - joyeux noël

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Je quitte Agathe et ce collège, pour deux petites semaines seulement

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Je quitte Agathe et ce collège, pour deux petites semaines seulement. Je lui fais la bise et avant de m'enfuir pour aller m'enfouir dans ce tourbillon de coton propre à cette saison, et je l'entends me lancer une dernière parole pour cette année :

— Joyeux Noël, à bientôt Cyriellette !

Je lève les yeux au ciel devant ce surnom. Elle me fait un signe de la main avant de s'évanouir dans la neige. Je fais de même en envoyant deux messages à Céleste et Anna pour les voir après le réveillon. J'ai bon espoir que le menu que j'ai préparé cette année fasse plaisir à mes parents. Leur morosité n'a fait que s'accroître, et je voudrais leur offrir un petit moment heureux.

Une dinde n'a jamais remonté le moral de personne, mais une raclette ? Toujours. Les soucis fondent quand grésille le fromage, j'en suis intimement convaincue. Les vacances arrivent tard cette année, et je n'ai plus que deux jours pour terminer les préparatifs. Le sapin est déposé dans un coin, près de la télé, mais je suis loin d'avoir terminé tout ce que je voudrais faire.

Des petites idées de décoration se bousculent dans ma tête, et j'ai hâte de les mettre à exécution. À croire que cette période me ramène à mes six ans. Le moindre sucre d'orge me réjouit et je m'enthousiasme devant chaque lumière.

J'entre chez moi et me mets à ma tâche, sortant boules de Noël et miniatures ridicules. Cette année, les fêtes se feront juste entre nous trois, notre famille étant dispersée aux quatre coins de la France. Je souris.

J'enroule les guirlandes autour des épines aux senteurs délicieuses. Je glisse des petites balles multicolores au creux de ce cocon de verdure. Au son de musiques emplies de frimas, je m'active entre le four chargé de pain d'épice et les pancakes saupoudrés de sucre glace.

J'empile et étale des bougies partout sur les meubles, et m'avachis, enfin, épuisée sur le canapé. Une couverture pour m'envelopper toute entière, un thé pour me détendre. Du sommeil pour m'offrir un peu de rêve avant de reprendre les préparatifs.

 Du sommeil pour m'offrir un peu de rêve avant de reprendre les préparatifs

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Pour la première fois depuis septembre, mes parents semblent détendus. Ils mangent leur repas en rigolant. En discutant de notre famille, de leurs amis. Je suis comblée. J'espère que leurs idées noires sont bien enterrées, et pas juste remisées sous leurs bureaux, prêtes à surgir dès qu'ils rentreront au travail.

Je déteste utiliser le mot « rentrer » pour parler de leur boulot. On dit « rentrer » pour « rentrer chez soi ». Je voudrais que leur maison soit ici avec moi, et pas au milieu d'un millier de dossiers barbants. Je sais qu'ils aiment leur travail, mais est-ce qu'ils devraient s'y perdre comme ils le font ?

Je secoue la tête.

Ils doivent savoir ce qu'ils font, sûrement.

Je mange ma pomme de terre en tâchant d'oublier ces étranges pensées.

Des bougies fleurissent partout dans le salon. Sur la table et les étagères scintillent des guirlandes colorées. La lumière orangée enveloppe toute la pièce dans ses bras rassurants. Les flocons en plastique transparent emplissent le sapin qui clignote gaiement. Les minutes passent sans que je ne m'en aperçoive dans cette atmosphère reposante.

Lorsque vient l'heure des cadeaux, mes parents vont chercher deux petits paquets dans leur chambre, alors que je monte dans la mienne. Quand nous nous retrouvons, des sourires malicieux grandissent aux commissures de nos lèvres.

Je déchire les emballages des cadeaux. Je m'illumine. Un carnet et une boite à bijoux. Je l'ouvre doucement. Un collier a été déposé dans le petit écrin. Un nuage couleur saphir est enrobé de fines ciselures d'argent qui s'enroulent pour s'agripper à la chaîne. Je l'attache autour de mon cou.

— Merci, soufflé-je.

Et l'émotion transparait dans ma voix.

Je les regarde enlever les emballages avec ravissement. On dirait que la magie de Noël a bien opéré. La joie peinte sur leurs visages ne peut être feinte. Je suis certaine que nous sommes soudés par ce même sentiment, celui de la famille qui s'oublie puis se retrouve.

Je donnerais tout pour garder ce moment, qu'il se prolonge à l'infini. Le repas s'allonge pendant la nuit entière, et je vais me coucher rassurée.

Blottie dans ma bulle d'insouciance, je souris à ce sentiment. Le temps me laisse encore la permission de me laisser aller à cette douceur, et je ne peux m'empêcher de me laisser y glisser.

Nuages et étincellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant