CHAPITRE 33 - unique

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— Une histoire compliquée quoi

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— Une histoire compliquée quoi... Et tu ne sais pas pourquoi elle ne t'a pas prévenue quand elle est partie, la première fois ?

— Non, pas du tout.

— Vous n'en avez jamais parlé ? répète Agathe en écarquillant les yeux.

Je me contente de secouer la tête.

— Tu as son adresse ?

— Non.

— Tu as son nom de famille ?

— Oui, bien sûr, Céleste Alype.

Mon amie se déride un peu.

— Enfin quelque chose que tu sais... Donc, mamie, je vais te montrer un outil absolument merveilleux : Internet, dit-elle en brandissant son téléphone.

Elle se met à pianoter sur son écran à une vitesse surréaliste. Un pli de concentration barre son front. Et moi, j'attends. Mes cheveux s'emmêlent dans le vent alors que le soleil décline déjà. Peu à peu, le temps commence à se rafraîchir, contrastant avec la chaleur de la journée. Le ciel est toujours bleu. Le soleil rougeoyant flamboie, et nul écran de nuage n'est là pour me protéger de cet éclat si vif.

— J'ai trouvé !

Je sursaute, sortie brutalement de ma torpeur. Agathe sourit.

— Et maintenant, on va rendre visite à cette fameuse petite étoile.

— Et maintenant, on va rendre visite à cette fameuse petite étoile

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Je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas frapper à sa porte et lui demander des explications.

— Agathe, on ne peut pas...

— Tu crois ça ? demande-t-elle.

Et elle se précipite sur la porte de la minuscule maison. Elle hurle.

— Céleste !

Elle tambourine sur la porte. Sa voix résonne dans la rue entière. Ce cri se heurte au mur et repart. Il résonne et se réverbère le long des murs. Il sonne comme le glas du pouvoir de mon imagination. Dans les scénarios que je me crée, encore et encore, c'est un malentendu. Etincelle n'est pas partie. Dans ces histoires, elle vient sonner à ma porte pour s'excuser.

Mais là, maintenant, ce ne sont plus mes espoirs qui comptent, mais ce qu'il se passe réellement. C'est tellement déchirant de quitter ce doux monde où je maîtrise tous les évènements : mon esprit. La porte s'ouvre en grand, et dans le mur se découpe la silhouette de la mère de Céleste. Je ne l'ai vue qu'une fois, mais je reconnais ces rondeurs et ce visage délicat barré d'une moue inquiète. Elle semble stressée, préoccupée. Ses yeux semblables à ceux de sa fille captent les regards.

— Qui êtes-vous ?

Elle se tourne vers moi et son visage s'éclaire.

— Lucie ? Céleste t'avait montré la maison alors ?

Je sens mon expression s'affaisser. Je fais un signe de dénégation.

— Ah, Juliette alors ?

Je sens de petites perles liquides glisser aux coins de mes yeux. Agathe m'adresse un coup d'œil inquiet. Elle se rapproche de moi et m'adresse un sourire de réconfort.

— Je suis désolée, souffle-t-elle, c'était une mauvaise idée. On va aller se balader, d'accord ?

Je suis figée, incapable de répondre. Mais au moment où je m'apprêtais à obtempérer, une voix me parvient depuis l'intérieur de la maison. Je lève la tête.

— Cyrielle ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Céleste est là, dans l'encadrement de la porte. Ses sourcils se froncent. Je crois que mon cœur rate un battement. Mais il ne démarre aucune cavalcade dans ma poitrine. Le seul sentiment qui m'agite est un désarroi profond.

Elle s'avance sur le perron. Elle est à moins d'un mètre de moi, et pourtant je n'y crois pas.

— Je pense que ce serait bien qu'on parle, Cyrielle.

Mon prénom sonne comme une insulte dans sa bouche. Je ne suis plus Nuage, je ne suis plus que ce « Cyrielle » impersonnel. Je ne suis plus rien à ses yeux. Soudain, je me sens bête d'être venue. Je n'étais peut-être qu'un jeu, pour casser la monotonie de sa vie. Je n'ai rien à faire là.

Céleste me prend par le bras et m'amène un peu à l'écart.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce que j'ai fait ? demande-t-elle.

— Je t'ai vue avec quelqu'un d'autre.

Je guette sa réaction, mais mes paroles ne semblent lui faire aucun effet. J'essaie de ne rien laisser paraître, mais quelque chose en moi se fissure. Brutalement.

— Ecoute, je t'aime mais je ne t'appartiens pas.

—Tu aurais pu au moins m'en parler, dis-je en réprimant mes larmes.

— Grandis, Cyrielle, tu es ridicule.

Son visage reste impassible.

— Ce n'est pas ridicule de vouloir comprendre, tenté-je.

— Ce qui est ridicule, c'est que tu penses être unique. Il n'y a rien à comprendre.

Je ferme les yeux.

— D'accord. C'est tout ce que tu as à me dire ?

— Oui.

— C'était la dernière occasion que tu avais de le faire.

Je me détourne. Agathe nous regarde, de loin. Elle me regarde. La mère de Céleste semble être rentrée, et à présent il n'y a plus rien. Plus de son, le vent a cessé de gronder. Je pars. Je marche sans savoir vers où. J'entends les pas d'Agathe qui court derrière moi.

— Nuage reviens, je t'aime !

Nuages et étincellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant