CHAPITRE 14 - s'embraser

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Je regarde ma montre

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Je regarde ma montre. Céleste a dit qu'elle viendrait, aujourd'hui. Le temps me parait s'étirer quand elle n'est pas près de moi. Chaque matin je me réveille avec un sourire aux lèvres. Parce que je sais que je la verrai. Le monde a une saveur différente lorsqu'elle le croque avec moi.

Mon portable vibre.

C'est Celia. Elle voudrait qu'on se voie. Apparemment, elle aurait besoin de me parler. Je hausse les épaules. Si c'était vraiment important, elle m'aurait appelé ou serait venue directement, non ?

J'ignore son message. Céleste arrive.

Des pas retentissent dans les escaliers. Le son enfle jusqu'à exploser quand la porte claque et que mon cœur bondit. Elle écarte les bras, faisant cliqueter ses innombrables bracelets.

— C'est moi !

— Merci, j'avais remarqué, répliqué-je en un ton faussement cynique.

— Cache ta joie surtout, petit Nuage, dit-elle en s'asseyant à côté de moi.

Je lève les yeux au ciel.

— Bon, tu as écrit quoi aujourd'hui ? J'attends la suite, moi !

— Non, j'avais un peu la flemme...

Elle fronce les sourcils.

— Mais il faut ! Allez, tu t'y mets.

Ce n'était pas une question. Je m'esclaffe. Jusqu'à réaliser qu'elle ne plaisantait pas.

— Tu veux que j'écrive, maintenant ?

— Oui, j'aimerais te voir travailler.

— Mais ça n'a vraiment aucun intérêt, tu sais ?

— Je suis sûre que si. Allez, dépêche-toi !

À contrecœur, je saisis mon carnet. Je l'ouvre à la page à laquelle je m'étais arrêtée et fais sortir la mine de mon critérium. Je gratte le papier. Des yeux d'ambre m'enveloppent et me brûlent. J'essaie de continuer. Peu à peu, mes muscles se détendent, les mots me viennent plus facilement.

 Peu à peu, mes muscles se détendent, les mots me viennent plus facilement

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J'échange quelques messages avec Raphaëlle, mais j'ai l'esprit ailleurs. Je lis les longs textes angoissés de mon amie. Elle a peur d'entrer en seconde. Peur que ce soit pour elle un aussi grand ennui que le collège.

Le vent de cette douce soirée me chatouille les jambes.

J'ai beau la rassurer, rien n'y fait.

Elle ne veut pas se retrouver dans les mêmes situations, à rester seule dans un coin de la cour en espérant un miracle. Ou un petit évènement, qui viendrait perturber le quotidien. Elle n'a personne, elle consacre tout son temps libre à sa famille, à ses nombreux animaux.

Je peine à imaginer ces interminables moments entrecoupés de moqueries. Je n'ai jamais vécu ça. J'ai toujours eu quelques amis. Plus ou moins fiables, plus ou moins tendres, mais j'en ai toujours eu. J'ai Celia, Maël, Barmé... J'ai Raphaëlle.

J'ai Céleste.

J'ai tout ce monde autour de moi, qui me soutient en permanence.

Les semaines s'enchainent en un rêve merveilleux pour moi. Tout au long du jour, je me promène avec mon Etincelle. On parle, j'écris, on rit, elle danse. Je garde un peu de mon temps pour discuter avec mes amis. Celia insiste pour qu'on se voit, mais je refuse à chaque fois. Peut-être que je devrais accepter. Dans quelques jours.

Je lève la tête.

Je scrute, impatiente.

L'été touche à son terme. Les publicités crient partout les promotions de fournitures scolaires, impossible d'échapper à cette sentence : les temps d'oisiveté sont terminés.

La rentrée est dans deux jours.

Un sourire incontrôlable se dessine sur mes lèvres. Etincelle est là. Sa silhouette se balance dans la lumière pâle des réverbères. Les volants de sa robe bleu ciel ondoient autour d'elle. Je vais vers elle. Elle me prend la main.

Je savoure l'odeur de la nuit mêlée à son parfum. La lune est si brillante.

Ce soir, nous allons au cinéma.

Quand les lumières s'éteignent sur la salle tapissée de rouge et de noir, je suis appuyée sur l'épaule de Céleste

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Quand les lumières s'éteignent sur la salle tapissée de rouge et de noir, je suis appuyée sur l'épaule de Céleste. Mon Etincelle ne manque pas une occasion de relever le moindre défaut du film. Pour me faire rire.

Je ne vois pas passer les minutes. Je ne vois pas passer les deux heures avant que le générique ne défile. Je rigole toujours lorsque nous sortons de la salle, ma main dans la sienne. J'ai l'impression de flotter, que mes pieds touchent à peine le sol. Rien de tout ça ne semble réel. Sauf peut-être la peau de Céleste contre la mienne. Et ses yeux aux flammèches ondulantes.

On s'arrête sur un banc. On regarde défiler les voitures. On se serre l'une contre l'autre. On se rapproche. Et on s'embrasse.

J'implose. Mon cœur de glace fond dans la fournaise de sa bouche. Et ses lèvres se pressent contre les miennes avec douceur. Elle glisse ses mains dernières ma nuque, et ce contact m'électrise. Je ne sais quoi faire de mes mains, qui entourent sa taille.

Mon étincelle a enflammé quelque chose en moi. M'a embrasée toute entière.

Et on est restée sur le banc, ensemble.

Juste un Nuage et une Etincelle.

Nuages et étincellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant