CHAPITRE 13 - enivrante danse

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Je frissonne sous les flocons

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Je frissonne sous les flocons. Le froid s'infiltre sous mes vêtements. Je tressaille. Olympe avance, devant moi. Je prends mon stylo et griffonne quelques mots sur mon cahier. Il lève la tête et plisse les yeux. Son cœur bat la chamade.

Quelques mètres plus haut, une incandescence sauvage danse. Une petite partie d'étoile. Une des sept Lueurs que le jeune homme doit collecter.

Soudain, la pierre s'effrite sous les pieds de mon héros.

Il glisse.

Je me penche pour le voir atterrir dans un buisson. Ma mine gratte le papier.

Des hurlements de loups retentissent au loin. Des bruits de pas dans les fourrés. Olympe tressaille de peur.

Un pigeon se pose sur mon épaule. Je le regarde et caresse ses plumes blanchies par la neige. Un bout de papier est accroché à sa patte. Quelques mots sont écrits dessus :

Le téléphone vibre,

La réalité.

À regret, je ferme les yeux. Quand je les rouvre, je suis à nouveau devant mon mur. Je regarde l'auteure du message qui m'a arrachée à mon écriture. Raphaëlle.

Je lui réponds, et commence un échange d'une absurdité rarement égalée. Je souris toute seule devant mon écran. Je lève la tête, pour vérifier que personne ne m'a vue.

Je réponds à quelques commentaires. Les compliments réchauffent mon cœur. Ina, Jade, Melina, Florien... Mes lecteurs, qui me suivent depuis plus ou moins longtemps. Je commence à les connaitre, un peu.

Je ne suis plus très motivée pour écrire, alors je descends me servir un verre de thé glacé. Je l'ai préparé il y a quelques jours, donc il est un peu trop infusé. Mais je ne me lasse pas de la saveur fleurie. Jamais.

Je me demande si Lueurs dans la Pénombre aura un jour droit à sa place dans une librairie. J'aimerais tellement. Caresser les pages en réalisant que ces mots imprimés, c'est moi qui les ai écrits. Je voudrais voir mon nom sur la couverture.

Mais il y a encore du travail avant ça. Un soupir m'échappe.

J'ai l'impression que mes pensées ne sont que recommencement. Je crois trouver une réponse mais les questions reviennent à l'infini. Je joue avec les reflets de ma montre à gousset sur la table. Le tic-tac régulier me berce. Je me perds dans mes pensées. Je me perds dans l'immense labyrinthe de ma tête.

Je soulève une caisse de souvenirs poussiéreux. Je respire l'odeur qui s'en dégage. Un parfum doux-amer m'emporte. Je regarde les images, devenues floues par la force des choses et le temps. Je touche le papier glacé.

Effleure les musiques, écoute les couleurs et sens les paroles sous mes doigts.

L'étrange et délicieuse sensation d'engourdissement prend possession de mon corps. Je m'échappe. Je vais visiter des mondes parallèles inconnus des mortels.

J'essaie de rester, encore plus. J'essaie de continuer à explorer les millions de possibilités qui s'offrent à moi. Mais la réalité me tire par la main et me ramène sur Terre.

Je fixe le liquide coloré, l'œil vide.

C'est si étrange, ces alternances de plénitudes et de vides.

J'ai un peu hâte que la rentrée arrive. Que le collège reprenne. Mais j'ai la sensation que le temps passe un peu trop vite. Il me semble que j'ai fait ma rentrée de sixième l'année dernière. Tout va s'enchainer, à partir de l'année prochaine. Le brevet, le lycée, le bac, puis les études.

Je ne sais pas ce que je veux faire plus tard.

La porte d'entrée s'ouvre. Je fronce les sourcils, perplexe. Ce n'est ma ma mère, ni mon père. Ils sont au travail, à cette heure-ci.

Céleste apparait dans la cuisine. Soudain, la pièce semble plus lumineuse. Ses adorables fossettes sont toujours sculptées sur ses joues.

— Bonjour petit Nuage !

— Salut ! Alors comme ça, tu rentres chez les gens sans frapper ?

— Alors comme ça, tu laisses la porte ouverte ? réplique-t-elle en me singeant.

Je grogne.

— Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ? interroge Etincelle en tapotant la table.

— Rien de très intéressant, j'ai un peu écrit.

— Je pourrai lire un jour ?

— Oui, si tu veux...

D'ordinaire, j'ai horreur de savoir que des personnes que je connais, que je verrai tous les jours, lisent ce que j'écris. C'est si personnel. Même en fantasy, j'écris avec mon cœur. Mais j'aurais envie de laisser Céleste le faire.

— Alors ce jour est venu, je veux lire ! annonce-t-elle.

Je ris, emportée par son enthousiasme. Je lui désigne les escaliers et elle les monte quatre à quatre. Je la suis avec moins d'entrain. Déjà, je maudis ma précipitation. Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter ? Céleste s'élance vers mon bureau. Je fouille dans un de mes tiroirs et lui tends mon carnet. Le papier me brule les doigts.

Elle s'installe sur mon lit. L'appréhension me tord le ventre.

Je la dévore des yeux pour guetter la moindre de ses réactions. Tandis qu'elle poursuit sa lecture, elle remet en place une de ses mèches derrière son oreille. Et toutes les quatre pages, ses cheveux reprennent leur place initiale.

Ses grands yeux bruns mangent mes majuscules, elle tourne les pages avec empressement.

Et enfin, la feuille qu'elle rabat est blanche.

— La dernière phrase n'est pas finie, annonce-t-elle en levant la tête.

Je la dévisage, cherchant une quelconque émotion ou impression dans ses traits. Je hausse les épaules.

— Et sinon, tu as aimé ? demandé-je.

— J'ai adoré, s'exclame-t-elle. Tu a ça dans le sang, c'est vraiment génial !

— Merci beaucoup, je réponds avec un grand sourire.

Je n'ose me demander si elle est sincère. Est-ce que c'est si important ? Elle le dit, je la crois. Elle sort son portable et met de la musique.

Je la reconnais à la première note. Elle se lève, me prend la main.

— Tu danses, Nuage ?

— Bien sûr, Etincelle...

Elle m'attire contre elle. Ses cheveux se balancent. Ses mains se posent dans mon dos, cette seule sensation m'emplit toute entière d'un immense frisson. Elle me fait danser, tourner. Comme une idiote, je ris. Je suis bête, mais ce n'est pas grave. Je suis heureuse.

J'ai trouvé mon Etincelle.

Nuages et étincellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant