CHAPITRE 10 - note juste

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Je regarde les réverbères

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Je regarde les réverbères. Ils ne m'ont jamais paru si lumineux. Raphaëlle a mis des chansons de son groupe préféré. Téléphone. Alors je chante avec elle.

Je rêvais d'un autre monde,

Où la terre serait ronde !

On se balade dans les rues désertes. Je me laisse guider les immeubles sans chercher à savoir vers où. Je leur fais confiance. La lune veille sur nous. Une atmosphère paisible règne. Je regarde ma montre à gousset.

Minuit.

Les lumières s'éteindront dans une demi-heure il me semble. Mes jambes commencent déjà à m'élancer. Je n'ai pas l'habitude de marcher... D'habitude je reste chez moi, et je voyage en pensées.

Un jour j'irai à New York avec toi,

Toutes les nuits déconner...

Je chantonne. Tente un petit pas de danse. Je tourne. Et ma tête tourne, tourne, tourne, tourne. Et je tombe, tombe, tombe, tombe.

Je pousse un petit cri aigu.

Le visage de Céleste se penche au-dessus de moi.

— Comment ça va ? demande Etincelle.

Pour seule réponse, je grimace. Elle parait hésiter un instant, avant de passer ses bras en-dessous de moi. Elle m'élève au-dessus de sa tête et m'installe sur ses épaules.

— Merci, je lui lance.

Je regarde mes amis. C'est amusant de les voir d'aussi haut, je n'ai pas l'habitude. On continue de discuter. Je tourne les mèches d'Etincelle entre mes doigts. Ils sont doux. Le froid mord mes bras nus. Je frissonne. Le vent griffe mon visage. Je me recroqueville.

— Tu as froid ?

J'acquiesce. Elle me descend de ses épaules.

— Tu ne veux pas rentrer Cielle ? demande Celia. Ce n'est pas grave tu sais, on pourra faire autre chose.

Je lève les yeux au ciel.

— Pour rien au monde.

Céleste me tend son sweat. Je fais glisser le tissu sur ma peau. Il est un peu grand pour moi. Je rentre mes mains froides dans les manches et enfouis la tête dans le col.

Il est encore chaud depuis qu'Etincelle l'a mis pour la dernière fois. Je marche un peu, mais grimace. La douleur est encore plus forte que tout à l'heure. Je me tourne vers elle. Elle me regarde, perplexe. Elle se demande sans doute si le petit Nuage que je suis est capable de marcher.

J'ouvre à peine la bouche qu'elle me remet sur ses épaules. Je gigote.

— Arrête de bouger Nuage ! me disent Céleste et Raphaëlle presque à l'unisson.

On glousse bêtement, toutes les trois. Je sens ma porteuse se soulever au rythme de son rire. Il est clair. Joli. Je décide que je l'aime bien, ce rire.

Cette Etincelle, elle a une odeur particulière. Difficile à décrire. Je serais incapable de lui coller une étiquette, comme fraise, abricot ou vanille. C'est juste un mélange complexe. Je décide que je l'aime bien, cette odeur.

Je me laisse bercer par le rythme de ses pas. Je sens son souffle se faire irrégulier. J'imagine que mon poids doit lui peser. Mais elle ne dit rien. Je n'ai pas envie de redescendre. Alors je ne dis rien.

Je ferme les yeux. La musique continue de retentir.

Cendrillon pour ses vingt ans,

Est la plus jolie des enfants...

— On est arrivés ! crie Celia.

J'ouvre les paupières. Notre petit groupe se tient devant une immense barrière. Les ramifications de fer forgé s'étalent sur le ciel, protégeant farouchement un immense jardin. Céleste me dépose sur le sol. Des étoiles, je retombe sur Terre.

— Bon, lâcha Barmé après quelques secondes.

— Merci pour cette remarque intéressante, le taquina Maël.

Celia commence à escalader la barrière. Je ne suis pas sûre d'avoir envie de faire ça. Elle saute de l'autre côté et nous fait signe de venir. Maël la suit. Puis Barmé, et Raphaëlle. Céleste m'aide à monter avant de passer après moi.

Bientôt, nous voilà déambulant entre les plantes. Je clopine, appuyée sur Raphaëlle, tout en discutant. Les fleurs au parfum enivrant s'étalent à perte de vue. Les couleurs vives sont voilées par la lumière lactée de la lune. Je laisse mes yeux glisser dessus, préférant mille fois la lumière des sourires de mes amis.

Nous escaladons une petite colline. De là s'écoule une cascade. L'eau claire se confond dans les pierres argentées. On s'allonge, emmêlés dans les rubans du ruisseau. On se colle les uns aux autres, pour garder la chaleur. Pour garder la magie.

Les étoiles scintillent. Le clapotis de l'eau accompagne le calme de la nuit. Les ronronnements de la circulation semblent loin. Nos respirations sont confondues.

Des silhouettes formées d'étincelles nous regardent depuis le firmament. Les constellations se perdent derrière les nuages. Un cache-cache silencieux.

Juste une nuit paisible. Juste une nuit ordinaire.

Juste une des nuits les plus fantastiques de ma vie.

Nuages et étincellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant