Le 3eme Prénom

Chapitre 50

Charly

- Waren ! Waren ! Réveille-toi mon garçon !

Je gémis tout en fronçant les sourcils. Je n'avais pas dormi aussi bien depuis un sacré bout de temps !

- Tu aurais dû dormir la nuit dernière plutôt que de jouer aux jeux vidéo.

- Papa, encore deux minutes...

- Deux minutes ? rit mon père. Tu dois descendre de la voiture Waren !

Je sursautai brusquement et regardai autour de moi. Je me trouvais dans la voiture de mon père et ce dernier se trouvait juste à côté de moi, derrière le volant. Il me fixait tout sourire, avec une fierté que je lui avais rarement vue.

- Papa ?

- Qu'est-ce qu'il y a Waren ? Il est temps d'y aller mon grand !

Je le fixai de longues secondes puis clignai des yeux.

- Est-ce que je suis en train de mourir ? Est-ce que c'est une métaphore ou je ne sais quoi comme dans les films ? Je suis mourant, c'est ça ?

Mon père hocha négativement la tête tout en se garant sur le bas-côté de la route.

- Il faut vraiment que tu ailles Waren maintenant !

Je me cramponnai à la poignée de la portière.

- Si descendre veut dire aller dans l'au-delà, je préfère rester ici !

- Mais qu'est-ce que tu me fais Waren ? Tu dois aller à l'université maintenant ! Je sais que tu aurais préféré aller deux milles kilomètres plus au Nord, je suis vraiment désolée que tu n'aies pas été accepté au MIT, je sais à quel point tu en rêvais, mais je suis sûr que tu te plairas très bien en Floride. Tu n'es qu'à une heure de la maison, ta mère sera contente de te voir plus souvent.

- J'ai été accepté au MIT, murmurai-je plus pour moi-même que pour lui en fronçant les sourcils.

- Aller prend tes affaires. Je vais sortir ta valise du coffre.

Alors que j'étais complètement dépassé par les évènements, il sortit du véhicule. Je portais alors plus grande attention à mon environnement. Je tenais un gros carton abîmé couvert de duktape sur mes genoux. A l'extérieur du véhicule, des dizaines de personnes passaient, la plupart chargées de carton, de valises et de sac. Je détachai ma ceinture et sortis du véhicule en plissant les yeux. Le soleil brillait au-dessus des palmiers bordant les pelouses. Je fronçai les sourcils en apercevant un panneau indiquant « University of Florida ».

- Non, non, non, répétai-je complètement désorienté. J'ai été accepté au MIT, l'université de Floride à Gainesville était mon second choix.

- Waren ! Tu viens prendre ta valise et ton sac ?

Je me retournai. Mon père sortait mes affaires du coffre, tout sourire. Il portait l'une de ses chemises à fleurs que je critiquais toujours. Mais lorsque je l'avais perdu, après Novus, j'avais réalisé que ces horribles chemisettes à manches courtes faisaient partie de son personnage, et de ce que j'aimais chez mon père.

- Novus, me rappelai-je brusquement. Je ne devrai même pas être ici.

- Qu'est-ce que tu racontes, Waren ? Tu es malade ?

Il posa son immense main sur mon front. Je me laissai faire, complètement perdu. Qu'est-ce que je faisais en Floride, avec mon père, pour ma rentrée universitaire ? Alors que je supposais qu'il s'agissait d'hallucinations ou d'un rêve tordu, je me souvins de Nora Jemlins et des expériences de Novus, du projet mélas lúkos. Ce n'était pas un mauvais rêve, j'étais dans une réalité artificielle. Mes bras n'étaient plus couverts de cicatrices, pourtant je n'étais pas dans le corps de Waren, l'adolescent introverti. J'étais Charly, celui que Kian et Hack avaient rencontré. Je retirai la main de mon « père » de mon front.