Epilogue

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Kian

Il n'y avait pas un bruit. A l'exception du bip caractéristique d'un électrocardiogramme. A intervalles régulières, le même son se répétait et résonnait dans la pièce.

Je battis des cils avant de refermer les yeux. Il faisait bien trop clair dans la pièce où je me trouvais. Et j'étais si confortablement installée, je n'avais qu'une envie : me rendormir.

- Kian ?

Je sentis une pression sur ma main et rouvris les yeux. La silhouette floue penchée sur moi se métamorphosa progressivement en mon frère. Je gémis, incapable de prononcer des mots censés, la gorge sèche.

- Bon Dieu Kian !

Je pris quelques secondes de plus pour reprendre mes esprits, puis je me risquai à ouvrir les yeux à nouveau. Je me trouvais dans une chambre d'hôpital. Les rayons du soleil éclairaient la pièce d'une lumière chaleureuse. Hack me fixait, les yeux humides, tout en serrant ma main. Il me semblait si inquiet, si triste, que je souris doucement pour le rassurer.

- Mon cœur...

- J'ai eu tellement peur ! Tu n'aurais pas dû partir ! Tu n'aurais pas dû faire ça ! Je te déteste d'avoir fait ça ! Imagine si tu ne t'en étais pas sorti ! Qu'est-ce que j'aurais fait moi ? s'affola-t-il.

Je libérai ma main et la passai le long de son visage en lui répétant de se calmer, mais c'était inutile, il ne faisait que paniquer encore plus.

- Hack ! Hack ! Mon cœur ! Je suis là !

Il se stoppa brusquement et son regard me brisa le cœur. Je pris appui sur mes coudes. Je n'eus pas aussi mal que je m'y attendais, mes muscles étaient simplement engourdis. Une fois complètement assise, je voulus prendre son visage en coupe pour qu'il me regarde, mais dès que ma main effleura le côté gauche de son visage, il émit un mouvement de recul et baissa la tête. Un pansement occupait toute la partie gauche de son cou et remontait jusqu'à sa mâchoire. Je me souvins alors du bombardement alors que l'on sortait de l'armurerie.

- Tu es blessé, murmurai-je en constatant que les bandages disparaissaient sous son t-shirt dans son dos, signe qu'il était sûrement plus blessé que l'on ne le croyait.

Il ferma les yeux et son visage se tordit en une expression que j'eus peur de comprendre.

- Est-ce que Quinn est...

Il ne me laissa pas le temps de finir qu'il explosa en sanglot et se réfugia dans mes bras. Je restai quelques secondes interdite. Quinn n'avait que quinze ans, elle était le premier amour de mon frère et elle était morte...

- Elle voulait qu'on parte au premier bombardement comme tu nous l'avais demandé, pleura-t-il en enfouissant sa tête dans mon cou. Elle voulait même partir avec les autres enfants pour Woodlawn. Mais moi je voulais rester et elle ne voulait pas me laisser seul. C'est moi qui l'ai empêchée de partir.

Je refermai mes bras autour de lui et le serrai fort contre moi, même si ça me faisait mal. Il me fallut de longues minutes pour le calmer, lui répétant que ce n'était pas sa faute. Puis enfin, il cessa de pleurer et recula.

- Ne refais jamais ça, je ne te le pardonnerai pas.

- Je ne le referai plus, assurai-je.

- Promets-le-moi.

- Je te le promets.

Il hocha alors la tête et essuya ses larmes d'un revers de manche. Il me semblait bien plus sérieux et même mature qu'avant, comme si la part d'enfant en lui l'avait définitivement quitté. Cette idée me serra le cœur.

Le 3eme PrénomWhere stories live. Discover now