Chapitre 62

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Kian

Le lendemain je fus réveillée par le claquement des talons de ma mère. Elle entra dans ma chambre vêtue d'un tailleur d'un blanc immaculé, ses cheveux bruns rassemblés en un chignon serré, maquillée avec accès. Même habillée pour la cérémonie, elle cadrait toujours avec la scientifique stricte et sadique qu'elle interprétait au quotidien.

- Debout ! me pressa-t-elle.

Je grognai tout en me retournant dans mon lit. Même si j'étais en cellule, je devais avouer que le matelas était confortable. Dakhota et une femme de chambre retirèrent la couette qui me couvrait sur ordre de Nora. Je dus me retenir de ne pas me rouler en boule pour me rendormir. Aujourd'hui était un jour spécial. Aujourd'hui, nous allions sceller notre destin. Aussi je sortis du lit et me laissai guider jusqu'au cube de bain pour me laver. De retour dans ma chambre, je pus voir qu'ils avaient fixé un rideau sur la vitre séparant la cellule de Murd et la mienne.

- Enfin un peu d'intimité, soupirai-je en me laissant guider.

On referma la porte et on plaça un paravent entre Nora et moi pour mon plus grand bonheur. Je ne supportais plus son visage. Dakhota jouait à l'employée effacée alors qu'elle levait les yeux au ciel dès que Nora ouvrait la bouche.

- J'espère que tu sauras restée calme, le temps d'une journée, pour l'image de...

- Pour l'image de la fondation, blablabla... Sinon quoi ? Qu'est-ce que je risque exactement ? l'interrogeai-je en revêtant en body à manche trois quarts blanc.

- Nous sommes disposés à faire des prisonniers de guerre à New York. Si tu ne veux pas que l'on bombarde au hasard tes précieux amis, tiens-toi bien et joue ton rôle.

Je savais que c'était faux. Elle m'avait avoué quelques jours plus tôt sous le coup de la colère qu'en faisant échapper Hack, je l'avais conduit à sa perte. Novus ne ferait ni prisonnier, ni faveur. Pourtant, je hochai la tête. Elle devait croire avoir toujours de l'emprise sur moi. Ça allait me permettre de la blesser encore plus.

- Qu'est-ce que c'est que ces vêtements ? Je suis sûre que même une célébrité ne porterait pas ça sur le tapis rouge.

- C'est une tenue dessinée par Vincent Shepard, le nouveau styliste en vogue. Il est très admiré ici. Vous, fit-elle à l'intention de Dakhota, allez nous chercher le grand miroir à pied dans l'entrée.

Elle fit mine de se tirer une balle dans la tête puis sortis de derrière le paravent tout sourire.

- Oui madame.

- Docteur, la reprit-elle sèchement.

L'autre femme m'aidait à enfiler une longue jupe d'un blanc aussi immaculé le tailleur de Nora et le reste des vêtements apportés par les employées. Alors que ma mère repartait dans un monologue sur la solidarité d'une nation novussienne, la femme restante m'aida à enfiler de longs bracelets, des manchettes percées de lignes allant de la moitié de mon avant-bras à mes doigts, un pour chaque poignet. Je sentis cependant un métal froid contre l'intérieur de mon bras. Je levai mes paumes vers le ciel et remarquai deux fines et longues lames glissées entre ma peau et le bijou. Je levai les yeux sur mon habilleuse. Elle glissa son doigt sur sa bouche pour m'indiquer de garder le silence. Elle me fournissait des armes, elle faisait partie de la résistance. Puis, comme si de rien n'était, elle se plaça dans mon dos pour accrocher un collier dans le même style que les manchettes. Je la tâtonnai automatiquement à la recherche d'une autre arme, mais il n'y avait rien là. Alors que Dakhota revenait avec un grand miroir, l'habilleuse me passa une ceinture en métal qui me compressa la taille une fois enfilée. La Latina installa la glace devant moi en soupirant et je pus enfin savoir à quoi je ressemblais. Depuis une semaine, mon seul reflet venait de la vitre me séparant de la cellule de Murd.

Le 3eme PrénomWhere stories live. Discover now