Chapitre 8

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Je pouvais entendre la voiture faire demi tour au loin. Les feux du bus brillent au loin et je sais qu’il ne va pas tarder. Je me tourne pour regarder si Harry me suit toujours et je vois sa voiture se diriger vers moi. Je ne parviens pas à voir le visage d’Harry à travers les vitres tintées, j’imagine que c’est pour le mieux. Le bus s’arrête juste devant moi et je monte précipitamment quand je vois que la voiture d’Harry s’approche de moi rapidement.  

« Dépêchez vous ! »

Il n’y a personne dans le bus à part moi et le chauffeur. Je suis essoufflé lorsque que je m’assois sur l’un des sièges. A peine assis, j’entends des coups sur la porte du bus. C’est Harry.

« Non, s’il-vous-plait. » Dis-je calmement au conducteur alors qu’il était sur le point de poser sa main sur le levier. Il se tourne et me regarde.

« Et pourquoi ça, gamin ? »

« Parce qu’il- » Qu’est ce que je suis censé dire ? Non, ne le laissez pas monter parce qu’il vient de m’embrasser puis m’a appelé par un autre prénom et il s’est mis sur moi et oh, je suis gay.

« Est-ce qu’il essaie de te tabasser ? »

Je peux comprendre que les gens pensent ce genre de chose en regardant Harry. J’hoche donc la tête.

« Oui. »

Je mens, je n’ai pas le choix. Je ne veux pas donner à Harry une occasion de me sortir une excuse bidon sur pourquoi il a fait tout ça.

Le chauffeur démarre et le bus et s’éloigne d’Harry. J’ai peine le temps de l’apercevoir, debout et essoufflé, qui pleure. C’était clairement des larmes, la lumière venant de l’arrêt de bus avait parfaitement illuminée son visage. Il est resté debout au milieu de la route sans bouger, jusqu’à ce qu’on soit trop loin pour le voir. Je commence à me sentir mal pour lui. Peut-être qu’il a une bonne excuse après tout. Je pose ma tête contre la vitre et repense à tout ce qui vient de se passer. Le baiser, mon premier baiser. J’ai déjà du mal à croire qu’il se soit souvenu d’un détail pareil, je ne pensais même pas qu’il m’avait écouté vendredi au café. D’autres détails me reviennent en mémoire, sa main contre ma peau, sous mon t-shirt, la manière dont il a humidifié ses lèvres avant de les plaquer contre les miennes.

« C’est toujours mieux que d’avoir une réputation de pd. »

Ses mots repassent dans ma tête, encore et encore.

J’essaie de penser à autre chose, à ses lèvres, à quel point elle était douce, son souffle contre ma peau quand il m’a parlé, ses hanches contre les miennes. Je ne peux pas oublier tout ça, il me faut des explications. Il faut qu’il m’explique pourquoi il a fait tout ça. Je commence à regretter ma décision de fuir. Mes pensées sont interrompues par la voix du chauffeur.

« Gamin, ça fait deux minutes que je te demande où tu veux aller ? »

J’avais été trop pris dans mes pensées pour l’entendre.

« Cheschire, 1789 Leighton st. »

« Pourquoi t’es si loin de chez toi ? »

« Loin comment ? »

« Presque deux heures, gamin. »

Deux heures ? A aller nous n’avions mis qu’une heure. Mais Harry avait conduit bien au dessus de la limite de vitesse autorisée.

Je m’endors dans le bus après quelques minutes et je ne peux m’empêcher de rêver d’Harry.

Locker 17 French VersionWhere stories live. Discover now