Colombe

Chap. 15

Anastase regarde la neige tombée dans la nuit par la petite lucarne sans vitre de la maison de sa famille. Il n'a pas dit à sa famille et Agnès que Colombe était passée. Il n'a pas dîner, n'est pas allé comme elles l'ont toutes fait.
Non, il reste assis à côté du feu, là où elle lui a annoncé qu'elle allait retirer cet enfant de son ventre, qu'elle lui a dit qu'elle était prête à mourir plutôt que subir ça. Le jeune homme n'y connaît pas grand chose, si ce n'est ce que elle-même lui a appris. Mais il sait à quel point essayer de faire ça est risqué. C'est son choix, mais il ne veut pas qu'elle meurt. Il ne peut pas en supporter l'idée.

Il se lève, ne prend même pas sa cape, sort à la volée.
Il court, court sous la neige, sous la lune. Pourquoi a t'il attendu? Pourquoi a t'il mis tant de temps à se décider? Elle le voudrait pas qu'il fasse ça, qu'il l'empêché de faire ce qu'elle a décidé, mais Anastase ne peut pas. Il ne peut pas se décider à la laisser mourir. Peu importe. Peu importe si elle ne lui pardonne jamais si elle reste en vie!
Il court à perdre haleine dans tout le village endormi. Il glisse, se relève, court encore.
Il arrive aux portes du château complètement épuisé. Mais il ne se repose pas un instant et se met à frapper de toutes ses forces contre les portes.
Un garde ouvre.

-Que veux tu?
-Je dois voir la comtesse!

Le garde éclate d'un rire franc.

-Bien-sûr. Et moi je veux voir la reine. Retourne chez toi gamin avant d'avoir des ennuis.
-Non! Je dois la voir!

Cette fois l'homme ne rigole plus. Devant l'agitation d'Anastase il perd patience et le pousse.

-Allez, dégage maintenant.
-Je ne partirai pas!
-Alors tu crèveras de froid ici.

Le garde s'apprête à refermer la porte mais le jeune homme la retient.

-Vous ne comprenez pas! Je suis son ami. C'est moi qui l'ait mené jusqu'à l'autel à son mariage, vous m'avez forcément vu!
-T'es dingue toi, dit-il en le poussant cette fois di fort que le jeune homme tombe dans la neige.

Toujours au sol, juste avant que la porte ne se referme, il crie:

-Elle va mourir! Très bien ne me laissez pas rentrer. Mais vous devez prévenir le comte, ou n'importe qui! Elle va mourir je vous dis!

Cette fois le garde grince les sourcils, partagé. Anastase se relève et poursuit:

-Si je mens ou si je suis fou vous pourrez toujours me tabasser pour vous avoir fait perdre votre temps. Mais si la comtesse meurt eh sur le comte apprend que vous étiez au courant et que vous n'avez rien fait pour l'en empêcher, se faire tabasser serait un châtiment bien doux en comparaison de ce que vous subirez...

Cette fois, l'homme est vraiment interloqué. Il hésite un instant, et finit par maugréer:

-Bon attends là. Je vais voir. Mais si tu me baratines je te retrouverai et crois-moi tu vas regretter.

Il claque la porte et quitte son poste pour monter dans le château. Il va jusqu'à la chambre, et hésite à entrer. Il frappe à la porte, mais aucune réponse. Il entre. Le feu de la cheminée brûle chaleureusement et éclaire le lit où le comte ronfle, seul.
Il s'approche.

-Seigneur.

Aucune réponse. Il s'approche encore.

-Seigneur.

Toujours rien. Cette fois il va jusqu'à lui et parle d'une voix ferme et forte:

-Monsieur Le Comte!

Walderic se réveille en sursaut. Met une seconde à comprendre qu'un garde est entré dans sa chambre.

-Qu'est ce qui se passe bordel?!
-... La Comtesse...
-Quoi La Comtesse?
-Je suis vraiment désolé mais...
-Parle allez!
-Un gamin est venu à la porte du château et a dit qu'elle allait mourir.
-Hein? Mais la comtesse dort avec moi espece de gros cré...

Il se stoppe dans sa phrase en s'apercevant que son épouse n'est plus à ses côtés, alors qu'il s'était endormi à côté d'elle après l'avoir montée comme il se doit.
Walderic se lève d'un bon, enfile un pantalon et prend son épée.

-Où est-elle?!
-Je... je ne sais pas Seigneur, balbutie le garde.
-J'aurais dû poster un garde devant notre porte de chambre. Cette petite salope s'est barrée.
-Oh non Seigneur c'est impossible, je n'ai pas quitté mon poste avant de venir vous voir!
-Alors elle est dans le chateau. Préviens tout le monde, qu'on la retrouve!