Chap. 51

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Colombe est emmenée dans le bureau de l'homme. On lui détache de nouveau les poignets et on l'y laisse seule, jusqu'à ce que quelques minutes plus tard Eudes entre accompagné d'une nonne très âgée, toute vêtue de noire et blanc. Ils referment la porte derrière eux.

-Ma soeur, voilà la jeune femme. Examinez-la je vous prie, que nous puissions constater si ses dires sont vrais.

La nonne s'approche de Colombe, mais avant de la déshabiller elle se tourne vers Eudes.

-Peut-être devriez-vous sortir Mon Sieur. Je vous assure que si elle est une menteuse, le malin n'aura pas raison de moi, je saurai déceler la vérité.

L'homme hésite un instant, mais finit par acquiescer:

-Bien je vous laisse.

La vieille nonne, dénude alors la jeune femme qui l'aide à retirer les vêtements. Elle constate sans mal les nombreux ecchymoses, puis lui demande de s'assoir sur la seule chaise présente et d'écarter les cuisses. Elle pose avec difficulté un genou à terre et observe l'intimité de Colombe avant de se relever.

-Tu peux te rhabiller.

Et sur ces mots elle sort.
Un instant plus tard, alors que Colombe n'a pas encore fini de lasser sa robe, et donc que ses seins sont nus, Eudes entre. Elle a un sursaut et se dépêche de finir de se rhabiller.

-Elle nous a dit que tu avais bien été maltraitée. Tu m'en vois tout à fait désolé.

Une immense soulagement se propage dans le corps de Colombe, mais alors, l'homme poursuit:

-Néanmoins, il va nous falloir un peu de temps pour analyser tous ces éléments et pouvoir te libérer. Après ce qui est arrivé à notre village à cause de ces trois monstres, nous ne pouvons pas laisser faire une telle chose.

Colombe hoche lentement la tête:

-Je... comprends... mais je suis innocente.
-Je n'en doute pas un instant crois-moi. Mais nous allons devoir te garder encore en cellule, le temps de délibérer. Cela ne sera pas long j'en suis certain.
-Mais...

On ne lui laisse pas le temps de finir, et deux gardes entrent pour la reconduire dans sa prison souterraine. Colombe essaye d'argumenter, de convaincre les gardes ou n'importe qui, mais peine perdue. Affamée, assoiffée et épuisée, la jeune femme se laisse de nouveau tomber sur le sol de sa cellule pour se recroqueviller et attendre que ce cauchemar se finisse enfin.

C'est en plein milieu de la nuit qu'elle est réveillée en sursaut par un bruit de pas. Elle bondit sur ses deux pieds, distinguant mal dans l'obscurité le visage de la personne debout devant la grille de sa cellule.

-Laisse-moi mon mari.

Une voix de femme. Colombe plisse les yeux et approche d'un pas. Elle distingue alors sous une capuche, les traits de l'épouse dont elle ignore même le prénom.

-Va-t'on bientôt... me libérer?
-Quoi qu'il advienne, je t'interdis de le séduire.
-...Quoi?
-Il est à moi. Et trop de filles dans ton genre ce sont déjà mises entre lui et moi. Cela ne se reproduira pas. Je peux être clémente avec toi mais ne fais pas de moi ton ennemi car tu risquerais de le regretter amèrement.
-...Je ne comprends pas...
-Je dois partir, ils vont arriver. N'oublie pas ce que je t'ai dit!

Et avant que Colombe ne puisse poser le moindre question, la femme quitte le sous-sol dans un mouvement de cape.
La jeune femme tient les barreaux entre ses mains, le front collé contre le métal. Que vient-il de se passer? Était-ce une menace? Quand va t'on enfin la faire sortir d'ici? Elle n'a ni bu ni mangé depuis trop longtemps, elle se sent affaiblie.

Soudain, deux hommes descendent les marches. Colombe s'écarte de la grille par réflexe et celle ci est ouverte.

-Toi. Suis-nous.
-Je suis libre?
-Tais-toi et viens.

Comme elle ne bouge pas, l'un d'eux lui attrape le bras pour la faire avancer.
Ils suivent le même chemin que ce matin, lorsqu'on l'avait menée à la salle d'audience, mais cette fois ils continuent dans le couloir.
On la fait entrer dans une pièce et les deux hommes restent à l'extérieur en refermant la porte. Colombe se retrouve alors dans une petite pièce joliment décorée et chaleureuse, où trône une grande bassine remplie d'eau fumante et une assiette remplie de nourriture à l'odeur délicieuse sur une table. Deux servantes sont là.

-Mon Sieur Eudes vous invite à vous baigner et à manger. Une nouvelle robe est à votre disposition, et nous sommes à votre service.

Colombe reste muette, et les deux femmes s'approchent alors d'elle pour commencer à défaire sa robe. Une fois nue, elle accepte d'aller dans l'eau chaude, un peu perdue par la situation. Une fois lavée et relaxée, on l'habille et elle peut manger. Seulement après tout ceci elle demande enfin:

-Je suis libre? Quand est-ce je pourrai partir?

Une voix masculine dans son dos le fait alors sursauter:

-Tu n'es plus prisonnière, tu es une invitée.

ColombeWhere stories live. Discover now