Chap. 42

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Jean donc, le plus jeune, revenu avec deux lièvres morts sur l'épaule, Urbain, le cadet, et Tristan l'aîné - qui s'est chargé des promptes présentations - observent Colombe en train de s'occuper de son mollet.
D'abord, elle a demandé qu'on retrouve son sac qu'elle avait abandonné quelques mètres plus loin lorsqu'elle avait tenté de leur échapper. Les deux plus jeunes ne voulant pas accéder à la moindre de ses demandes, c'est Tristan qui s'en est chargé.
Elle en a sorti une bande de linge propre, sa gourde d'eau, et un petit sac de baies.
Elle a d'abord rincer ses mains et sa blessure pleine de terre et de sang, puis a pris deux baies dans sa main qu'elle a avalé.

-C'est quoi ça? demande Jean.
-Pour la douleur. Mais si j'en prenais plus ça m'empêcherait de rester correctement conscience.

Colombe explique simplement, calme et déterminée. Elle prend un bout de bois à côté d'elle et le met dans sa bouche pour le mordre. Elle respire profondément puis d'un coup brise la flèche en deux près du point de sortie dans sa jambe (pousse un hurlement étouffé par le bois), et la ressort complètement. La sang s'est remet aussitôt à couler. Sans attendre elle prend la bande de tissu et l'enroule bien serré autour de son mollet sur sa blessure.
Elle prend un ensemble de plantes séchées et émiettées dans un sachet de tissu et en glisse tout le contenu dans sa gourde. Elle secoue pour mélanger et boit le tout.

-Et ça c'était quoi? redemande le benjamin.
-Du thym, de la propolis, de l'astragale et d'autres choses dont tu ne comprendrais même pas l'utilité même si je te les expliquais pendant une heure, répond Colombe en se laissant tomber allongée sur le sol pour reprendre ses esprits.

Tristan a un petit rire, de plus en plus amusé et impressionné par cette presque sorcière. Il ne pensait pas qu'elle aurait le courage de s'arracher la flèche de la jambe comme elle l'a fait. Il est curieux de voir si cela va fonctionner ou si la plaie finira par s'infecter et la tuer.
Au grand jour, il peut observer les blessures sur ses jambes, et cela ne fait que l'intriguer encore davantage. Qui est cette femme seule dans la forêt, prête à tout pour survivre et qui peut approcher les biches?

Urbain lui, est de plus en plus agacé par elle, se rangeant du côté de son petit frère. Sans attendre il proclame:

-On doit bouger. On est déjà ici depuis trop longtemps.
-On va rester ici encore cette nuit?
-Quoi? Nan mais depuis quand on fait ça putain Tristan?
-Elle ne peut pas bouger dans son état. Une nuit de plus ce n'est rien. Personne ne nous trouvera d'ici là.
-On va se faire pendre à cause de cette sorcière. Voilà la seule chose en quoi elle nous aura aidé.

Cette fois Tristan perd son sourire et fusille du regard son frère:

-A dernière nouvelle c'est encore moi qui décide. Alors tu devrais déjà être en train de rassembler du bois pour faire du feu, et chercher un ruisseau pour remplir nos gourdes.

Urbain ne répond rien, vaincu, et se contente de jeter un regard emplie de haine à Colombe avant de disparaître, suivi de près par Jean.

Tristan s'accroupis face à Colombe qui s'est assise et observe son bandage.

-Comment tu t'appelles au fait?
-...Colombe.
-Et tu as quel âge?
-Pourquoi tu me demandes ça?
-Si tu survies tu vas rester avec nous pendant un long moment. Alors autant faire connaissance non?
-...Vingt-trois ans. Et vous trois?
-Jean dix-sept, Urbain vingt-quatre, et moi vingt-neuf.
-Pourquoi vous êtes recherchés?
-Tu es attentive je vois. Braconnage et vol principalement. Quelques autres délits également.
-Viol par exemple? dit ironiquement Colombe, mais sans la moindre émotion perceptible.

Tristan l'observe un instant, puis se relève.

-Tu devrais te reposer. Demain nous marcherons beaucoup.
-Il me faut de la viande.
-Ne sois pas trop exigeante si rapidement. Tu n'as encore rien prouvé de ce que tu t'es vanté.
-J'ai perdu beaucoup de sang et le muscle de mon mollet a été transpercé. Il me faut de la viande pour récupérer des forces. Sinon en effet je ne vous serai jamais utile à rien.

Il la regarde en silence. Semble toujours profondément réflexif lorsqu'il fait ça.
Il finit par répondre:

-Je vais voir ce que je peux faire.

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