Chap. 47

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-Tu es tellement meilleur que ton frère, ta queue est tellement incroyable, j'aime tellement ce que tu me fais...

Cela fait cinq jours, que chaque nuit maintenant, Colombe ensorcelle le benjamin de flatteries et caresses lorsqu'il vient à elle après qu'Urbain l'ait violée.
Il ne dit presque rien, mais semble de plus en plus prendre goût à ces attentions.
A chaque fois, la jeune femme lui demande de dormir avec elle, qu'elle veut continuer de le sentir près d'elle, qu'elle se sent en sécurité avec lui, qu'il est le meilleur chasseur qu'elle n'ait jamais vu...
Toujours il refuse. Mais cette nuit, pour la première fois, il accepte. Alors Colombe se blottit tout contre lui, bien au chaud entre ses bras. Elle lui caresse le visage, les mains, les cheveux. Et puis, à un moment, elle murmure dans le creux de son oreille:

-Dans une autre vis, j'aurais aimé n'être qu'à toi, être ta femme. Que nous puissions le faire à notre guise toute la journée, et que je fasse tout ce que tu veux. Je ne pensais pas qu'une telle chose arriverait... et... j'ai peur de te le dire, mais je suis tombée amoureuse de toi. Je t'aime.

Elle sent la respiration du jeune homme se couper, mais aucune réponse. Elle sourit, de redresse sur son coude et vient déposer un délicat baiser au coin des lèvres de Jean.

-Bonne nuit... mon amour...

Et sur ces mots elle repose sa tête sur le torse de son amant et s'endort, bercée par l'espoir que sa manipulation sans scrupule finisse par aboutir.



-Tu fais quoi avec mon frère sale sorcière?

Colombe est extirpée de son sommeil par une force qui lui tire les cheveux en arrière. Elle ouvre les yeux, déboussolée. Il fait jour. Jean semble aussi perdu qu'elle. Il se relève d'un bon et se met devant elle avant qu'Urbain ne la frappe.

-C'est bon laisse la.
-Tu te fous de moi? Elle était couchée sur toi, c'est quoi votre délire? Vous dormez comme des tourtereaux maintenant?
-Ferme la.
-Elle est en train de te retourner le cerveau espèce de...

Tristan s'interpose à son tour, entre ses deux frères cette fois.

-Calmez-vous. On doit repartir. Allez!

Et comme la tension ne s'apaise pas il pousse Urbain vers les sacs.

-J'ai dit qu'on devait partir. Maintenant!

Son ton ne laisse aucune possibilité de négociation. L'affrontement entre Urbain et Jean s'arrête ici.
Jean s'approche alors de Colombe, voulant l'aider à se relever, mais Tristan l'arrête:

-Toi aussi vas prendre tes affaires, je m'occupe d'elle. Rends toi utile et trouve le petit déjeuner.

Jean lance un petit regard en direction de Colombe mais obeit et s'éloigne, laissant l'aîné et la jeune femme seuls ensemble tandis que les deux autres frères disparaissent dans la forêt. Tristan lui tend sa main, mais Colombe ne la prend pas et se relève seule. Elle prend son sac, et se met à marcher, mais Tristan l'arrête en l'attrapant par le bras.

-Qu'est-ce que tu fais?
-Je marche.
-Non. Qu'est ce que tu fais avec Jean?
-Je ne comprends pas ta question. Lâche moi.

Elle essaye de dégager son bras mais il la tient toujours.

-Pourquoi vous dormiez ensemble?
-On dormait. Point. Hier il m'a violée, et il n'a visiblement pas eu le courage de se relever pour partir. Pourquoi toujours me suspecter des pires choses alors que je suis à la merci de vos volontés à tous les trois. J'essaye juste de survivre, pas de préparer un coup d'état.

Colombe ne cache pas son épuisement de la situation. Elle semble à bout. Tristan s'adoucît un peu:

-Je ne t'accuse de rien. Je veux juste comprendre.
-Comprendre quoi?
-Tu aimes coucher avec lui?
-Non! s'énerve-t-elle, pressée d'en finir avec cette conversation.
-Pourtant je t'ai entendu le lui dire. Il y a deux soirs. Je me suis levé pour aller pisser, et je t'ai entendu lui dire à quel point tu aimais ça.

Les battements du cœur de Colombe commencent à s'accélérer. Elle doit improviser au plus vite:

-Il m'y oblige. Sinon il me frappe. J'en ai assez d'être frappée en permanence, alors oui c'est vrai: je lui dis ce qu'il veut entendre. Juge moi si tu veux, trouve moi faible et pathétique, je m'en moque.

Il la lâche et Colombe se remet en marche mais cette fois c'est par sa voix qu'il l'arrête:

-Jean est un gosse, et Urbain une brute. Moi je ne suis ni l'un ni l'autre.

ColombeWhere stories live. Discover now