Chap. 34

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La fausse commune finit d'être recouverte de terre lorsqu'un serviteur aux yeux cernés et aux membres fatigués arrivent en courant vers Colombe et Ambroise.

-Mon Seigneur, Mon Seigneur!
-Que se passe-t'il Gaëtan?
-C'est votre soeur! Oh vite vite, venez!

Colombe et Ambroise échangent un regard effrayé avant de se mettre à courir sans hésiter en direction du château. Ils escaladent les escaliers quatre à quatre et se précipitent dans les corridors étroits jusqu'à la chambre de Théodora. Ils entrent dans cette pièce sombre et sentant la maladie, et découvrent la femme en train de cracher ses poumons en remuant sur le lit imbibé de sueur.
Colombe va jusqu'à elle.

-Théodora, Théodora regarde moi.

Mais la malade est en transe. Elle ne voit plus rien, n'entend plus rien.
Ambroise essaye de la maintenir que le lit avec peine.

-Qu'est ce qu'elle a?! supplie t'il, la voix au bord du désespoir le plus profond.
-C'est la fièvre. On doit absolument la faire baisser. Toi, vas me chercher de l'eau et des linges propres. Ambroise, retire lui sa couverture.  Je vais essayer de lui faire boire une décoction efficace contre la fièvre. Mais je ne sais pas si dans son état elle pourra avaler.
-Je t'en supplie Colombe, sauve ma sœur.

La jeune femme observe les yeux rougis de ce frère cadet emplie de tourments, et elle se revoit elle même avec Agnès, prête à tout pour sa sœur. Elle ne peut pas laisser mourir Théodora, c'est hors de question.

La serviteur revient rapidement avec les linges et l'eau, et Colombe imbibe les tissus de ses plantes avant de les poser sur le front et la poitrine de Théodora qui s'est quelque peu calmer dans son délire. Elle parvient avec un peu de courage à la faire boire et la réhydrater, mais son front est toujours brûlant et sa peau luisante.

-Alors?! Elle va s'en sortir?!
-Je ne sais pas... il est trop tôt pour le dire...
-Quand saurons-nous?!
-Seul le temps pourra nous le dire...
-Oh Mon Dieu.

Ambroise se laisse tomber à genoux à côté du lit, joint ses mains et se met à prier de toutes ses forces. Colombe observe le frère et la sœur, le ventre serré, et murmure doucement:

-Il faut rester avec elle. Je vais voir les autres malades, et je reviendrai. Au moindre problème fais moi appeler...

Ambroise ne répond rien, mais elle sait qu'il l'a entendue. Elle quitte la chambre, le coeur lourd.





Ce n'est que plusieurs longues heures plus tard, alors que Colombe est au chevet d'une vieille femme qui vient de lâcher son dernier souffle, qu'un serviteur entre.

-Dame Colombe.
-Oui?
-Mon Seigneur Le Duc vous fait appeler. C'est sa sœur.

Colombe se lève d'un bond et sans attendre plus d'explications dépasse l'homme et court jusqu'à la chambre de Théodora. Elle entre, le cœur palpitant douloureusement dans sa poitrine, et dans un sursaut elle découvre Théodora, consciente et assise sur son lit. Son regard et celui d'Ambroise se tournent simultanément vers l'intruse qui vient de pénétrer sans frapper.

-Thé...Théodora?!
-Bonsoir Colombe... répond Théodora avec un sourire serein, comme si elle avait toujours su qu'elle ne mourrait pas ainsi.
-Oh Mon Dieu mais c'est... c'est...
-Un miracle oui, finit Ambroise.

La jeune femme avance jusqu'au lit et prend la malade ressuscitée dans ses bras pour la serrer contre elle.

-J'ai eu tellement peur... et te voilà, éveillée, la fièvre tombée.
-Je me sens tres fatiguée.
-Reste allongée. Il va falloir t'hydrater et te nourrir, et que tu ne te fatigues pas. Ton organisme est encore très faible. Je vais te donner des plantes à respirer et boire.
-Ça y est.
-Quoi?
-Tu es une vraie guérisseuse. Il n'y a que nous qui parlons de la sorte.

Colombe éclate de rire, suivie par Ambroise et Théodora.
Elle est si soulagée qu'elle n'arrive pas à y croire. Mais elle doit garder la tête froide pour ses autres patients.

-Je dois retourner au près des autres malades. Mais... Oh Théodora je suis soulagée...

Elle se pressent l'une contre l'autre une fois de plus et après un sourire Colombe quitte la pièce.
Elle faut quelques pas dans le couloir lorsque la voix familière du duc la rattrape:

-Colombe. Attends.
-Oui?

Les deux jeunes gens s'observent en silence, face à face, une tension palpable entre eux, et finalement Ambroise répond:

-Merci de l'avoir sauvée.

Colombe reprend sa respiration, réalisant qu'elle avait arrêté de respirer à cause de quelque chose dans son coeur. Comme une petite pression. Comme si elle pensait qu'il allait l'embrasser.
Elle est un peu déçue, réalise qu'elle aurait bien aimée qu'une chose aussi improbable arrive. Ne laisse rien paraître.

-J'ai pu en sauver si peu... je suis heureuse que ta soeur en face partie, sourit-elle tristement.

Elle s'apprête à repartir, mais cette fois Ambroise l'arrête par le poignet. Elle le regarde, intriguée.

-Que se passe t'il?

Et cette fois, pour seule réponse, il la prend par la taille et viens déposer ses lèvres sur les siennes.

ColombeWhere stories live. Discover now