Chap. 25

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Colombe marche doucement, à petits pas dans sa chambre, seule, à l'aide d'une canne. Elle tourne en rond, et ne peut s'empêcher de regarder par la fenêtre dans l'espoir de voir venir un cavalier. Celui qui porterait la réponse de sa sœur.

C'est au cours de l'après-midi qu'on frappe à la porte de la chambre.

-Oui?

La porte s'ouvre, le duc entre. Sans un mot, il lui tend un parchemin replié.

-Je ne l'ai pas lu si tu te poses la question.
-Vous n'aviez pas besoin de le préciser, je vous crois.

Les mains presque tremblantes, Colombe déplie le papier et commence à lire.

« Chère sœur,
Je suis soulagée d'apprendre que tu vas bien, et que tu es soignée.
Tu n'as pas à t'en faire pour moi, je vais très bien. Je suis heureuse dans mon mariage. N'essaye pas de gâcher ça je t'en prie. Et ne reviens pas au village. Ta venue ne serait pas bien vue, j'imagine que tu le comprends.
Je te souhaite le bonheur que tu mérites.
Adieu Colombe.

Agnès. »

Les jambes de Colombe ne parviennent plus à la soutenir et elle doit s'assoir sur un tabouret pour ne pas s'effondrer. Elle pose la main sur sa bouche pour s'empêcher de pousser un cri.
Ambroise déchiffre sans mal son émotion.

-Il est arrivé quelque chose?

Ne pouvant parler, Colombe se contente de lui tendre le papier. Il lit.

-Hum... je vois.
-Elle n'a pas pu écrire ça. Ce n'est pas possible.
-Mon messager m'a affirmé qu'elle était seule. Elle n'a ni été influencée ni menacée pour écrire ces mots. Après tout peut être est-ce la vérité, peut-être est-elle heureuse...

La jeune femme se relève brusquement, crachant sa colère sur la seule personne présente dans la pièce.

-Non! C'est faux! Et même si c'était le cas, elle ne me dirait pas adieu! Elle ne me dirait pas adieu comme ça...

L'homme ne sait pas quoi ajouter pour la rassurer ou la consoler. Parfois le silence est préférable. Mais il a encore quelque chose à lui transmettre malheureusement.
Colombe lui avait demandé une autre faveur.

-Tu m'avais demandé de me renseigner sur ce jeune homme...

Colombe se calme un peu et reporte son attention vers lui.
Après tant de jours à souffrir ou dormir, a s'inquiéter pour sa sœur, elle avait finit par repenser à Anastase. Bien-sûr, il a témoigné contre elle. Il a menti, dit des horreurs. Mais elle sait qu'il n'aurait jamais fait ça de son plein de gré. Jamais. Alors même si maintenant, toute relation entre eux était impossible, pas après tout ça, elle voulait savoir comment il allait. Elle voulait être rassurée, le savoir en sûreté, avec sa mère et ses sœurs...

-Je suis désolé pour ton ami Colombe. Mais il est mort.

Sa sœur.
Maintenant lui.
Colombe sent son âme se briser encore un peu plus.
Le visage comme dénué de toute émotion, elle demande d'une voix calme:

-Comment?
-Il a été battu en exemple. Son corps est... exposé à l'entrée de la ville.

Sa canne dans la main, Colombe se tourne et marche lentement jusqu'à la fenêtre. Elle regarde le ciel bleu de l'hiver, et pose sa tête contre le rebord en pierre. Silencieusement, elle laisse les larmes couler sur ses joues, et murmure à l'attention du duc:

-Merci pour tout ce que vous avez fait. J'aimerais être seule s'il vous plaît...

Pourtant, elle n'entend ni les pas s'éloigner ni la porte se refermer. Elle pousse alors un petit rire ironique:

-Je n'ai pas l'intention de sauter par cette fenêtre si c'est votre inquiétude. Je veux juste... être seule. Je vous en prie Monsieur Le Duc...

Après un instant d'hésitation, Ambroise décide d'accéder à sa requête et s'apprête à sortir.
Avant de refermer la porte derrière lui il se tourne une dernière fois vers elle:

-Je suis désolé pour tout ça, Colombe.
-Ne soyez pas désolé, vous n'y êtes pour rien...
-Je suis néanmoins désolé.

Et il part.

ColombeUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum