Chap. 17

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Colombe ouvre les yeux, faiblement. Elle sent que son corps est lourd, douloureux. Au dessus d'elle un plafond de foin qu'elle ne connaît pas. Combien de temps a-t'elle dormi? Elle ne croit pas en la vie après la mort, alors elle le sait: elle est toujours bien vivante. Est-ce une bonne chose?
Elle veut se redresser, mais n'y arrive pas. Elle tourne la tête vers sa main droite: elle est attachée au lit. Main gauche: idem.
Un souffle de panique la saisit. Elle lève la tête pour regarder ses jambes. Elle est vêtue d'une robe blanche simple légère et sans artifice. Ses chevilles nues sont également tenues ferment par un tissu blanc qui enserre sa peau aux pieds du lit. Elle tire dessus, mais elle est trop faible, et les noeuds sont trop solides. Mais elle continue de s'agiter tandis que l'angoisse continue de monter. Que se passe-t'il?!

Attiré par le bruit dans la chambre qui était si calme, un prêtre entre.

-Que... que se passe-t'il?! Qui êtes vous?!
-Un humble serviteur de Dieu. Tu es enfin réveillée. Le Diable met du temps à se reposer.

Colombe ne comprend rien, et sent son coeur battre de plus en plus vite.

-Détachez-moi!

Il ne répond pas. S'apprête à ressortir.

-Je suis la comtesse!

Cette fois il se retourne:

-Oh non plus maintenant. Notre brave Comte a bien entendu obtenu l'annulation immédiate du mariage, et t'a confié à notre soin, sachant que nous ferions ce qu'il y a de mieux pour protéger tous les innocents de ta sorcellerie.
-...De ma sorcellerie? Qu'est ce que vous allez faire? Pourquoi? Non! Je veux voir le Comte!
-Tu le verras ne t'en fais pas. Demain, au procès. '

Et sur ces mots, le prêtre quitte la pièce en refermant soigneusement la porte à clef.

Colombe se met à crier. Hurler qu'on la libère. Elle se débat de toutes ses forces. Hurle et hurle encore. Mais plus personne ne revient la voir. Pas avant le lendemain.

Le jour est levé. Elle a cessé de crier depuis longtemps, la voix trop brisée et la fatigue trop intense.
La porte s'ouvre violemment, la faisant sursauter, et deux hommes d'armes entrent pour la détacher sous les yeux du prêtre qui leur a ouvert.

-Lâchez-moi!

Ils la tiennent chacun fermement par un bras et la lève avant de se mettre à la traîner, toujours dans sa robe blanche de condamnée et les pieds nus.

-Qu'est-ce que vous faites? Où va-t'on?

On ne lui répond pas, et on continue de la faire avancer.
Finalement, ils sortent du long couloir du monastère où était retenue la jeune femme, et ouvrent les portes pour arriver sur la place du village. Là où les jugements sont rendus et les condamnés exécutés.

Une foule monstrueuse est déjà là. Et lorsque Colombe apparaît, ainsi traînée, les gens s'écartent pour la laisser passer, mais avec eux des insultes, des crachats. Le village sait. Tout le monde sait. Ils la haïssent. Elle. Celle qui a guéri leurs plaies et la fièvre de leurs enfants.

On la force à monter sur l'estrade et c'est seulement là qu'elle voit plus loin, sur une autre estrade, Walderic, ainsi que plusieurs de ses proches et des membres hauts placés de l'Eglise.
Colombe est attachée à une poutre de bois, bras derrière le dos.
Le vent d'hiver et la neige giflent ses joues et ses pieds. Ses cheveux et le trop léger tissu de sa robe bougent au gré du souffle violent. Colombe se sent nue. Complètement perdue, choquée.

Soudain, alors que son regard balaye la foule, il s'arrête sur un visage en particulier, celui d'Agnès. Noyée de larmes, sa cadette la regarde avec désespoir. Le coeur de Colombe se serré encore un peu plus dans sa poitrine.

Une voix retentissante brise leur lien visuel.
C'est le prêtre, celui qui veillait comme un geôlier. Il est monté avec elle sur l'estrade. Il lève les mains au dessus de lui pour faire taire la foule.

-Silence brave gens! Silence! Le procès va commencer!

ColombeWhere stories live. Discover now