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 L'assistante manqua de s'emmêler les pieds. Elle se mordit la lèvre inférieur tout en essayant de garder son calme. Une chose qui s'avérait visiblement très difficile compte tenu de la situation. Une porte s'ouvrit à la volée et un des informaticiens mit une nouvelle feuille sur la pile déjà haute que transportait la jeune femme. Cette dernière lança un regard méprisant à l'employé bien que ce n'était nullement sa faute. Ce fut à son tour de pousser une porte pour se rendre auprès de son supérieur, plongé dans l'obscurité.

Ce dernier était comme à son habitude assit dans son siège en train de regarder un large écran placé un peu plus loin devant lui. Il ne dédia même pas un regard à son assistante mais prit néanmoins le premier la parole.

— Marta, juste ciel que sont toutes ces feuilles ?! demanda-t-il en levant les yeux au ciel.

Il entendait leurs bruissements incessant.

— Pardonnez-moi Monsieur, un de vos secrétaires vient de me transmettre une note. Vous allez être en lien avec la Secrétaire de la Défense dans quelques secondes, répliqua la jeune femme quelque peu confuse.

Laurens March se tourna un bref instant vers son assistante.

— Ils n'ont pas perdu de temps à ce que je vois...

— Vous serez en ligne dans 3.2.1.

Aussitôt, une femme apparut à l'écran. Le visage sérieux, des yeux sombres, une bouche pincée maquillée, des cheveux châtains coupés courts. Aucun doute, Laurens avait face à lui Amy Morrison. Derrière elle, deux gardes du corps à l'apparence de gorille regardaient droit devant eux, tels des statues.

— Madame Morrison, c'est un plaisir de vous voir.

— J'aimerais pouvoir en dire autant Mr. March... Malheureusement, vos bavures ont engendré une catastrophe, répondit la femme d'une voix glaciale.

Les doigts de l'intéressé tapotaient sa cuisse.

— Je n'appellerais pas cela ainsi, plus un contre-temps...

— UN CONTRE-TEMPS ?! Vous rendez vous compte qu'à l'heure actuelle, plus d'un millier de jeunes sont plongés dans un coma à cause de votre... jeu ?

La Secrétaire de la Défense était hors d'elle et si Laurens ne tournait pas les choses en sa faveur, la situation risquait de s'avérer compliquer. Il se retint d'ajouter que les joueurs s'étaient inscrits de leur propre grès.

— Il faut que vous cessiez tout ceci, exigea Amy Morrison.

— C'est beaucoup, beaucoup plus compliqué que cela Madame. Le jeu n'est plus celui que nous avons créé. Il a... évolué.

— Vous voulez dire qu'il a développé une pensée ?

Les mots semblèrent sonner faux dans sa bouche. Laurens n'était pas vraiment étonné, ce n'était pas très courant ce genre de choses...

— Une intelligence artificielle pour être plus exact. Actuellement, l'esprit de tous ces jeunes qui sont dans le comas se trouvent dans une arène de Destiny, expliqua-t-il avec calme.

— Comment cela est-il possible ?

— Une prouesse de la technologie, dit-il avec ironie.

Les joues de la secrétaires s'empourprèrent, tandis qu'un coin de sa bouche frémissait sous l'effet d'une colère qu'elle tentait d'étouffer.

— Vous osez appeler cela une prouesse ? Faites revenir les joueurs immédiatement !

— Impossible.

— Imp... impossible ? Répéta Amy d'une voix quelque perplexe.

Laurens se saisit d'un stylo qui traînait dans sa poche, ses longs doigts le tournant. Un vieux tic dont-il n'avait jamais réellement réussi à se débarrasser.

— Le jeu a établi des règles et si jamais nous tentons de pirater son système, nous pouvons nous préparer au pire concernant ces jeunes...

Mr. March marqua une pause avant de reprendre.

— Vous avez lu le principe de Destiny, je suppose. Le jeu est simple, faire des duels pour gagner. Lors de la création de ce jeu nous voulions qu'il permette avant tout aux joueurs d'êtres en communauté. Ce qui veut dire que non seulement les joueurs doivent combattre les boss, mais ils doivent également se battre entre eux pour remporter le jeu.

— Vous...vous êtes en train de... commença la Secrétaire.

— De dire que les joueurs doivent s'entre-tuer ? Tout à fait. Cependant, ce n'est pas le pire, nous supposons que s'ils meurent là-bas, ils mourront ici également. C'est en tout cas ce qui est en train d'arriver à de nombreux joueurs.

La femme frappa du poing sur son bureau faisant sursauter l'un de ses gardes du corps juste derrière elle.

— Vous n'êtes qu'un grand malade ! J'aurais dû vous faire enfermer lorsque j'en avais la possibilité !

Agacé, l'homme claqua sa langue au palais. L'évocation de ce souvenir lui déplaisait particulièrement.

— En effet, vous auriez dû, mais maintenant vous avez besoin de moi pour éliminer ce jeu et faire en sorte qu'il y ait bien cinq personne qui y survivent.

— CINQ SUR TOUS LES JOUEURS ?! Hurla la représente du gouvernement.

— L'équivalent d'une équipe.

Les yeux de la Secrétaire semblaient quelque peu humide. Une pensée soudaine traversa l'esprit de Laurens.

— Vos enfants y sont inscrits ?

Surprise, elle l'observa, méfiante.

— Oui... - Amy Morrison semblait soudainement dépassée, passant une main fébrile sur son front. - Bon dieu, que vais-je dire aux familles...

— La vérité, soit qu'ils n'ont probablement aucune chance de revoir leur enfant vivant.

Mr.March affichait une expression très sérieuse qui, déconcertait particulièrement son adversaire.

— Sauf si vous trouvez une idée pour régler notre problème, supposa la politicienne.

— C'est fort possible...

— Vous en avez une ?!

— Oh j'ai même mieux que ça Madame Morrison, j'ai un plan.      

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