Destiny

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 Nul mot ne fut prononcé, l'atmosphère dans la salle s'était alourdie. Tous semblèrent surpris de la violence qui régnait dans cet étrange univers qu'était Destiny, tous sauf Laurens. Ce dernier, plongé dans un silence profond, se contentait de regarder les joueurs s'entretuer sans omettre le moindre commentaire. À quoi cela aurait servi d'ailleurs ? Non loin de là, la secrétaire d'état accepta le portable qui lui tendait l'un de ses gardes du corps, son visage ayant pris un air alarmant.

Intrigué, Mr. March quitta quelques instants l'écran géant des yeux, observant la réaction de Amy Morrison dont le visage se décomposa, ses yeux brillants soudainement tandis que tremblant de tous ses membres, elle posa sa main sur sa bouche afin de masquer ses sanglots. N'étant pas sans coeur, contrairement à ce que les autres se plaisaient à croire, Laurens se posta à ses côtés.

— Une mauvaise nouvelle ?

Le concepteur dut attendre que la femme parvienne à se calmer avant d'obtenir une réponse.

— Mon fils est... mort, lui répondit-elle la voix brisée.

— J'en suis désolée Amy.

Et Mr. March était sincère en lui disant cela. La perte d'un enfant était quelque chose de douloureux, un fardeau impossible a oublié. La main de Laurens se posa sur l'avant-bras de la politicienne tandis que Marta s'approchait de lui, une tablette tactile entre les mains que son supérieur accepta sans broncher, ses prunelles glaciales parcourant avec intention le message. Au bout d'une minute de silence, le concepteur releva la tête vers sa secrétaire, la mine contrariée.

— Que font-ils ici ?

Marta se pencha vers lui afin de pouvoir aller à voix basse tandis que les techniciens autour d'eux se remettaient à parler.

— Mme. Morrison voulait interroger les parents dont les enfants se trouvent dans les dix premiers du classement.

— Je pense que l'on devra remettre cela à plus tard, Amy est sous le choc.

Des murmures de stupéfactions s'élevant parmi les employés tira Laurens de sa discussion. Amy qui s'était mise à l'écart se rapprocha alors, une lueur d'espoir dans le regard. Un groupe de trois adolescents et une enfant étaient apparus sur l'écran. La gamine ne devait pas avoir plus de sept ans, détail qui agaça profondément Mr. March qui avait pourtant fixé une réglementation au niveau de l'âge des joueurs.

— Rose, murmura la secrétaire d'état.

Laurens s'approcha d'elle, se doutant de la réponse avant même de poser la question.

— C'est votre fille ?

— Oui, lâcha la mère n'osant y croire.

— Marta, qui sont les joueurs ?

Si Destiny leur montrait ce plan, ce n'était pas sans raison. Laurens ne pouvait y penser, pas après ce que l'intelligence artificielle avait tenté de leur démontrer. La secrétaire tendit une nouvelle fois la tablette tactile à son supérieur, différentes fiches de joueurs y apparaissant. L'une d'elle capta immédiatement l'attention de l'homme qui cliqua sur la fiche.

— Wayne....

— Les parents Wayne sont ici à la demande de Mme. Morrison, ajouta Marta.

Son supérieur leva vers elle un regard dénué de tout sentiments.

— Les deux ?

— Il me semble que seulement sa mère ait pu se libérer.

— Amy, venez avec moi.

La secrétaire d'état lui lança un regard implorant, son attention attirée par l'écran où était représentée sa fille.

— Laissez donc vos gardes du corps observer la situa...

— Mr. March, regardez !

Nul besoin que l'on le prévienne, Laurens avait déjà les yeux rivés sur l'écran. Notamment sur celle qui se faisait prénommé CurseKyn, qui venait de déchirer une carte. Le concepteur retint son souffle tandis qu'une brume verte s'était élevée autour de la petite bande.

— Qu'est-ce que c'est que ça, s'étonna Amy.

— C'est une carte que les joueurs gagnent en éliminant un boss...

— Elle va tous les tuer !

En effet, la carte semblait avoir des effets dévastateurs, décimant la plupart des opposants tandis que le quatuor prenait la fuite. Entre-temps, le courant se rétablit dans la salle, les ordinateurs des techniciens redémarrant subitement. Désirant mener à bien son idée, Laurens entraîna de force Amy à l'extérieur de la pièce qui ne mit pas longtemps avant de protester.

— Mais qu'est-ce que vous faites ?!

— Ne vous laissez pas perturbée par la vision de votre fille.

— Mon fils vient de mou...

— Je le sais très bien, mais n'oubliez pas votre mission ici, la coupa-t-il.

— Il faut que je me rende à son chevet, répliqua sèchement Morrison.

— Personne ne doit approcher les corps de ces joueurs.

— C'EST MON FILS.

La secrétaire se dégagea violemment, incapable de retenir sa peine elle éclata en sanglot. Même si Laurens éprouvait beaucoup de difficultés à coopérer avec Amy, cette dernière était humaine. Lui-même jadis s'était violemment battu pour voir le corps de son fils. Sentant de douloureux souvenirs remonter à la surface, Mr. March décida de reprendre la situation en main.

— Et je comprends votre chagrin, mais pensez aux conséquences que votre égoïsme pourrait avoir.

La représentante du gouvernement bouillait intérieurement.

— Ne reproduisons pas les mêmes erreurs, ajouta-t-il.

— Vous avez déclenché tout ceci Laurens, vous avez intérêt à nous en sortir !

— C'est bien mon intention, mais pour le moment, il n'y a rien que nous ne puissions faire à moins de comprendre.

— Il est trop tard pour cela...

— Peut-être pas, vous avez fait venir les parents de certains joueurs, tentant de comprendre comment étaient leurs enfants afin de déterminer ce qui motive Destiny.

— Soit, mais il faut que je vois mon fils.

— Soyez raisonnable Amy, pensez à votre fille encore dans ce jeu.

Un silence pesant régna durant quelques minutes, Amy Morrison faisant un combat intérieur pour mettre son chagrin de coté. Finalement, la vie de sa cadette sembla devenir sa priorité.

— Par qui voulez-vous commencer ?

— La mère de la joueuse occupant la première place du classement est ici, elle était avec votre fille à l'écran.

— Celle qui a déchiré la carte ?

— Oui.

— Alors qu'est-ce qu'on attend.

Ce chapitre possède plusieurs révélations assez importantes, mais je pense que le prochain chapitre vous surprendra tout autant !

Bonne soirée à tous !