17 : Veille du voyage

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En attendant un retour du peuple rat, qui viendrait selon Meturis en quelques heures seulement, Paulin et Aliénor étaient retournés vers le Messire, et avaient accepté - avec plus ou moins de soupçons - rester à La Bourgade pour la nuit qui tombait déjà.

L'étrange hôte avait également insisté pour qu'il et elle fassent chacun un brin de toilette avant de souper dans la salle commune, et qu'elle et il changent leurs tenues « déchirées tels des déchets chéris par les friches », selon ses propres dires.
Deux chambres séparées bien que côte à côte avaient été réservées dans l'hôtel de ville, qui apparemment servait aussi d'hôtel tout court.

Paulin se laissa choir sur son lit après avoir très longuement hésité sur la tenue à mettre. Il avait finalement opté pour un uniforme à pourpoint classique. Les deux dernières journées avaient été longues, et le lendemain s'annonçait tout aussi mouvementé. Parmi toutes les questions qu'il avait mis de côté pour un moment calme tel que celui-ci, l'une revenait particulièrement souvent le hanter : pourquoi lui ?

Parmi les milliers d'âmes emprisonnées entre l'Ysgrith et les élémentaux, pourquoi était-ce lui que la divinité de la Pureté avait choisi ? Alors même qu'Aliénor se trouvait au même endroit, et avait bien plus que toutes les qualités requises pour être ce genre de héros ?
Lui ne savait rien, comme il le remarquait à chacune des questions qu'il posait pour combler son ignorance. Il pouvait à peine se battre, comme en témoignait son bandage. Mais surtout, il n'avait aucune idée de ce qu'il devait accomplir. Jusqu'ici, il suivait bêtement les instructions du Dragon oublié de la Pureté. Mais après ? Une fois l'épée trouvée, si elle existait réellement ?
Allait-il affronter en face à face les Dragons eux-mêmes ? Était-ce seulement possible ?

Il posa son regard sur l'épée de feu son père. Il n'avait aucun souvenir de lui de son vivant, seulement les récits que sa mère lui en faisait. Elle racontait qu'il était un héros, un soldat qui avait combattu des monstres pour rendre le monde meilleur.
Déjà à l'époque, Paulin voyait en sa mère une héroïne bien plus grande. Elle n'avait pas abandonné sa famille, avait élevé seule ses deux enfants, travaillant d'arrache-pied pour leur offrir les meilleures chances...
Jusqu'à cette nuit-là...

S'il devait vraiment tuer les Dragons, alors Paulin commencerait par le Second. Celui qui lui avait tout pris. Celui qui avait promis qu'ils se reverraient.
Oh oui, il allait le revoir. Et il sera même la dernière chose que le Dragon verrait, jura Paulin pour lui-même.

Aliénor, quant à elle, fouillait les dizaines de tenues laissées dans la garde-robe par le Messire. Ce dernier leur avait bien dit d'agir comme chez eux ; et ses vieux vêtements partaient effectivement en loques.
Toujours aussi méfiante envers l'excentrique créature à six bras, elle examina les vêtements qui lui convenaient le mieux sous toutes les coutures avant d'en choisir une.
La robe lui allait parfaitement. Ce qui, plutôt que de lui plaire, la rendit plus soucieuse encore. Ces habits avaient-ils été cousus exprès pour elle ? Ou bien s'étaient-ils magiquement adaptés à ses mesures ?

Elle sursauta presque quand des coups furent donnés à sa porte.
« Entrez ! » lâcha-t-elle en se dressant au centre de la chambre, prête à faire face.

C'était Méturis, le prestre du village. Lui également s'était changé, mais seule la couleur de son manteau et de son absurde couvre-chef avait changé de couleur, passant du noir sobre au rouge bordeaux.
« Me permettez-vous de vous parler en privé ? demanda le médecin, sans franchir la limite de la porte.

— Oui, invita-t-elle froidement.

Il entra, et prit grande attention à refermer la porte.
— Merci beaucoup, dame Aliénor. J'ai une question pour vous.

Ainsi qu'il fut ÉcritWhere stories live. Discover now