25 : Convalescence

123 28 13
                                    

« Mais enfin, qu'est-ce qui t'est passé par la tête ? »

Paulin rouvrit ses yeux, mais la trop intense lumière du matin le força à les refermer aussitôt.
Il attendit d'y être pleinement habitué avant de retenter l'expérience. Il se découvrit allongé dans un lit modeste, dans une chambre aux murs et au sol de pierres grises sombres que deux fenêtres en arches noyaient de rayons de soleil.

En dehors de cela, la salle s'avérait on ne pouvait plus sobre : en plus du lit enfoncé dans une alcôve, Paulin compta un bureau, un miroir accroché au mur, quelques bougies à moitié fondues, et une chaise chevauchée par Aliénor qui le scrutait.
Et qui répéta sa question.

« Que t'est-il passé par la tête, Paulin ? Pourquoi n'as-tu pas simplement abandonné ?

— Bonjour, commença-t-il en se redressant, encore douloureux.
Il s'assit sur le lit et examina ses blessures. Rien de grave, à priori. Rien de plus que quelques hématomes. Une telle guérison miraculeuse ne pouvait provenir que des talents de la druidesse et de ses connaissances des plantes.

— Vas-tu répondre, oui ? s'impatienta Aliénor.

— Nous n'avions pas le temps, s'expliqua enfin le héros. La Lune Écarlate aura lieu dans deux semaines à peine, et Varlok allait bientôt repartir pour Ovilath...

— Nous aurions juste pu attendre qu'il revienne ! Quelques mois d'attente avant qu'il ne retourne dans un fort n'allaient pas nous tuer, alors que ce duel aurait très bien pu le faire !

— Ce n'est pas sûr. Pour le premier point, je veux dire. La Quatrième a envoyé ses troupes au temple, peut-être qu'elle sait quelque chose à propos de l'épée, ou des Dragons Anciens...
Ovilath en parlera à coup sûr lors du conciliabule de la prochaine Lune de Sang, et alors peut-être que Varlok ne reviendra plus jamais dans le poste de l'un de ses généraux, ou que la prudence le poussera à décliner les duels... Je ne sais pas, mais... l'occasion était juste inespérée, et c'était peut-être la dernière fois...

— C'est vrai, admit Aliénor. C'est presque trop beau. Mais pour le duel contre Varlok ? Crois-tu avoir une chance, dans ton état ?

— Deux coups, répondit Paulin, plus pour lui-même que pour sa compagne.
Il ne suffit que de le toucher deux fois, et le Second s'éteindra.

— Ou trois, si on en croit le prestre. Mais même : c'est un Dragon ! Il combat des wyvernes en guise d'échauffement !

— Un Dragon avec un sens de l'honneur. Et puis, il me semble que le Dragon de l'Espoir avait dit que mon épée me protégerait de ses flammes...

— « Je bénis cette épée dans mes flammes, afin qu'elle vous protège de toute autre. » répéta Aliénor.

— Tu t'en souviens encore ? Mot pour mot ?

— J'ai bonne mémoire, railla la druidesse avec un sourire en demi-teinte.

Quelqu'un toqua à la porte, ce qui rappela à l'un comme à l'autre qu'il et elle étaient dans un château fort régi par Varlok et ses troupes.
— Entrez, fit Paulin.

Précédé par le vieux gobelin qui lui servait de laquais, Témeriel entra dans la salle, dans une somptueuse robe mage d'apparat, de rouge brodée de noir et d'or.
— Avez-vous besoin de quoi que ce soit ? se proposa le Reliquaire.

Paulin regarda un instant Aliénor, qui semblait assez d'accord avec lui.
— Un repas ne serait pas de refus, demanda la druidesse avec un sourire.

Témériel baissa le regard vers son majordome peau-verte, qui comprit immédiatement et s'en fut chercher pitance.
— Quoi que ce soit d'autre ? se proposa le Commandeur.

Ainsi qu'il fut ÉcritWhere stories live. Discover now