24 : Reliquaire en duel

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Le gobelin qui les avait invité à l'intérieur du Castel revint, un rictus étrange tordant son visage et dévoilant quelques unes des canines luisantes de sa mâchoire cauchemardesque.
« Sa seigneurie Témeriel, R'liquaire d'Rocacier, s'prépare au duel. Si v' v'lez bien m'suivre... »

Paulin et Aliénor suivirent le peau-verte dans la cour du château fort. Méturis avait dit refuser de se rendre à Rocacier à cause de la mauvaise aura de Varlok, et Sélénie avait trop peur qu'un gobelin ne la mange. Les deux humains ne pouvaient donc compter que l'un sur l'autre, bien que Paulin fut celui qui dut participer aux deux duels.
Toujours suivant leur guide, il et elle firent semblant de ne pas avoir remarqué les myriades d'yeux perçants de la piétaille gobeline qui épiait chacun de leurs mouvements. Certains d'entre eux se mettaient même à suivre ces intrus, à distance raisonnable, tordant leurs cous comme d'étranges oiseaux curieux.

Le vieux gobelin les mena ainsi, ameutant de plus en plus de ses semblables dans le sillage des deux intrus, jusqu'à une sorte d'arène miniature à même le sol de la cour. Un large cercle de briques enfoncées, d'une trentaine de mètres de diamètre, servirait de zone de combat. Les gobelins, extatiques, s'empressèrent de se disputer les meilleures places, à savoir à l'avant, afin de profiter au mieux du spectacle.
Des coups furent portés, du sang et quelques dents fusèrent, mais le vieux gobelin leur intima de s'en limiter à cela.

Paulin descendit la seule marche de l'arène, puis se tourna vers Aliénor.
« Si je devais échouer, je...

— Tu n'échoueras pas, Paulin, lui assura la druidesse, confiante.
Le guerrier admira un moment son sourire et ses boucles vermeilles, pareilles à une canopée automnale.
Il fouilla sa poche, et en sortit une fine chaînette de fer sur laquelle une dent de wyverne était montée en pendentif. Il la tendit à Aliénor, qui la prit délicatement en ne sachant que répondre.
Les cris des gobelins montèrent, forçant Paulin à se retourner vers le centre du cercle.
Témeriel était entré dans l'arène.

Habillé d'une côte de maille sous une robe pourpre sombre renforcée par des pièces de métal, le Reliquaire fixait son adversaire d'un regard déterminé.
Aucun casque ne masquait sa stricte coupe au carré brune ni sa frange droite, mais des gantelets d'acier couvraient ses mains jusqu'aux coudes, et de splendides bottes habillaient ses jambes jusqu'aux genoux.

D'une voix forte, il se présenta tout en saluant son adversaire sans plus de cérémonie.
« Témeriel Lysandre De Brumeguivre IV, dit De Rocacier, défend ce jourd'hui sa seigneurie draconique Varlok, Second des Cinq, ainsi que le code d'Honneur de ce dernier. Quel est votre nom, chevalier en quête de duel ?

— Paulin Destoisons. Choisi par l'Espoir, ajouta-t-il pour combler la lacune flagrante de titres et de noms alternatifs.

Les gobelins s'impatientèrent. Un regard de la part du Reliquaire étrangla la clameur avant même qu'elle ne dépasse le stade de rumeur houleuse.

— Sire Destoisons, jurez-vous sur votre honneur respecter les règles du duel telles qu'édictées par le Second ?

Meturis avait longuement expliqué chacun des points du règlement à Paulin, aussi celui-ci savait parfaitement la gravité de ses mots :
— Je m'engage à les respecter.

— Soit. Sire Destoisons, en garde. »

Paulin ne se fit pas prier. Il dégaina son épée, s'avança de quelques pas, et se tint prêt à parer la lame du Reliquaire qui se tenait entre lui et sa vengeance.
Les règles étaient simple : seuls trois événements pouvaient mettre fin au combat. La fuite de l'un des deux duellistes - qui impliquait le déshonneur -, la mort ou l'abandon.
Perdre son arme, un œil ou même un membre ne mettait pas fin au combat. Toutes les armes étaient autorisées. Pour une question d'honneur cependant, les techniques dites fourbes - comme frapper dans le dos ou user de poison  - menaient la disgrâce de son utilisateur. Mais pas à la fin du combat.

Ainsi qu'il fut ÉcritWhere stories live. Discover now