50 : Peur, peste et choléra

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Ils et elles ne se réveillèrent qu'aux alentours de midi, pleinement reposés de leur exténuant voyage. Leurs derniers pains servirent de déjeuner, avant que leur dette ne leur revienne.
La recherche du Reliquaire commença dès lors, Aliénor questionnant le tenancier au moment de rendre les clefs. L'homme ne savait rien d'un potentiel Commandeur du Second en ville, et n'en avait pas spécialement grand chose à faire.

En sortant de l'auberge, et après quelques essais tout aussi infructueux auprès des rares passants, le groupe décida de se scinder en deux pour accélérer les recherches. Aliénor et Sélénie partirent donc au nord d'Arsenal, tandis que Méturis et Paulin s'occupèrent du sud de la cité. Tous étaient tenus de se retrouver à ce qui devait être la place centrale, d'où ils et elles commencèrent les recherches.

Sélénie, lasse d'habiter la sacoche de la druidesse, avait négocié une place sur son épaule. Elle s'extasiait de chaque bâtiment à l'architecture anguleuse et opressante, de chaque enseigne baignée dans les rayons du début d'après-midi. Les citadins à qui Aliénor demandait le chemin vers le Reliquaire étaient d'ailleurs étonnés de voir une fée si loin des forêts - mais aucun ne put les diriger convenablement.
Après près de deux heures d'errance et de recherches vaines, elles s'accordèrent une pause, et Aliénor s'adossa contre un mur de pierre, une semelle contre la façade.
Elle but une gorgée d'eau depuis sa gourde, et arrosa Sélénie d'une rasade fraîche. La douche valut à Aliénor d'être à la fois récompensée d'un rire cristallin et châtiée d'un tirage de mèche vengeur.

Quand le rire de la fée s'éteignit, ce fut avec un soupir inquiet.
« Dis, apostropha la fée, une fois la clameur retombée. Tu... tu crois qu'on va s'en sortir ?

La question prit Aliénor de court.
— Qu'on va trouver le Reliquaire, tu veux dire ?

— Nan. Après. On s'infiltre à Ovilath, Paulin entre là où y'a la réunion des Cinq, trucide les Dragons... et après ? On repart comme si de rien n'était ? Personne ne sera à notre recherche ?

— Il faudra accompagner Paulin, rectifia Aliénor. Si les Dragons le neutralisent, il faudra bien poursuivre le combat en reprenant l'épée.

— Mais la prophétie du Dragon Ancien, elle dit pas que c'est Paulin qui doit les tuer ?

— J'ai réussi à porter un coup au Dernier, et il a pourtant été détruit.

Sélénie s'assit sur l'épaule, joignant ses mains entre ses genoux.
— Je veux pas mourir, dit-elle. Je veux pas que vous mouriez, en fait.

La druidesse ne sut que répondre. Elle ne pouvait prétendre que personne ne risquait quoi que ce soit, pas plus qu'elle ne pouvait abandonner la quête.

— À partir de quand notre vie vaut moins que notre mission ? demanda Sélénie, au bord des larmes. Comment on sait quand le sacrifice en vaut la peine ?

Aliénor leva sa main vers son épaule, et caressa la fée du bout de ses doigts.
— Tu n'as pas à mourir, tu sais ? Tu peux encore décider de rester, ou de repartir à Opale. Aucun d'entre nous ne t'en voudra.

— Oui mais... et vous ? Je sais que je ne sers à rien ; je ne pourrais pas prendre l'épée ni me battre avec, et je risque de vous mettre en danger si vous essayez de me protéger... Tout ce que je peux faire, c'est voir dans le noir et taillader des trucs de ma taille avec mon mini-couteau...
Mais j'ai pas envie de vous laisser... Pourquoi c'est à nous de nous sacrifier ? Pourquoi on peut pas vivre peinards dans notre coin ? Pourquoi tout le monde ne peut pas vivre de son côté ?

La fée éclata en sanglots discrets, massant ses paumes avec ses pouces.
Aliénor la souleva délicatement de son épaule et la pressa contre elle avec douceur.
— C'est à nous de nous sacrifier pour que d'autres puissent vivre en paix, justement. Mais tu n'es pas obligée, d'accord ? Tu as le droit de vivre, tu as le droit de partir sans avoir honte, d'accord ?

Ainsi qu'il fut ÉcritNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ