Le Monde des Rêves (Terminé)(V1)

#17 ~ Convocation

20 mois s'étaient écoulés depuis la fameuse semaine passée, en Octobre, au QG de Morpheyes à Paris Raspail.

Cela voulait dire 20 mois pendant lesquels Kristen avait pu utiliser ses différents pouvoirs de superlucides qu'elle contrôlait à présent parfaitement.

Mais aussi, cela voulait dire 20 mois qu'elle avait rencontré d'autres adolescents comme elle : Ambre, Onyx, et Grenat, Thomas de son vrai nom, qui était devenu son petit ami.

Le groupe était revenu au QG de Raspail un an plus tard, et ils avaient pu assister à la montée en puissance de leurs différentes capacités.

Aujourd'hui, nous étions le 9 Juillet. Kristen avait 16 ans depuis trois mois, et Thomas fêtait son anniversaire dans quelques jours à peine. Les deux amants étaient en train de fêter l'arrivée des vacances, qui leur permettraient de se voir plus souvent, le couple étant malheureusement séparé par la distance la plupart du temps. Ils étaient assis depuis 20 minutes sur un banc, à regarder passer l'Ill, le fleuve Strasbourgeois. Ne s'étant pas vu depuis de longues semaines, l'adolescente savourait l'instant, la tête sur l'épaule de son copain.

Soudain, leurs deux téléphones se mirent à sonner, presque au même instant. Intrigués, ils regardèrent leurs écrans ; ils recevaient tous les deux un appel de Morpheyes. Supposant qu'ils étaient appelés pour la même raison, Grenat décrocha pour eux deux. Il reconnut immédiatement la voix de Rubis, sa mentor.

« Allô, Grenat ?

- Voui ?

- Bon, on a pas beaucoup de temps, donc ne pose pas trop de questions et écoute bien. Tout d'abord... où es-tu ?

- À Strasbourg.

- À Strasbourg ? s'étonna Rubis.

- Ben oui, avec Saphir ; j'ai le droit, non ?!

- Ah, oui. Bon, ça va même faciliter les choses ; vous êtes proches de la gare ?

- Euh... une vingtaine de minutes ?

- Parfait ; bon, la situation est grave. Je ne peux pas t'en parler au téléphone, trop long, trop compliqué, et nous sommes peut-être sur écoute. Mais vous devez tous venir à Morpheyes le plus vite possible. Un train part dans un peu plus d'une heure, à direction de Paris Est : prenez-le. Ambre vous rejoindra d'ici trois quarts d'heure.

- Euh... d'accord... Mais pour nos parents, nos affaires ?

- Vous avez vos téléphones, c'est l'essentiel ; Morpheyes vous fournira des habits. Et pour vos parents, plus le choix : vous leur dites tout, du début à la fin ; écrivez-leur un SMS. Nos agents les protégeront et les aideront à comprendre. Je ne sais pas combien de temps vous devrez rester à Paris, mais c'est nécessaire, pour votre sécurité comme pour notre efficacité.

- Compris ; autre chose ?

- Dans le train, soyez discrets. Sinon, une fois Gare de l'Est, vous vous rappelez de la station de métro où aller, et de l'emplacement du bâtiment ? Ne prononce surtout pas leurs noms.

- Oui ; et le digicode... c'est bon aussi.

- Bon, le train est à 14h32. Il est 13h20, vous avez du temps mais ne traînez pas. À tout à l'heure »

Sur ce, Rubis raccrocha.

Dans le tramway vers la gare de Strasbourg, Thomas expliqua plus en détails la situation à sa copine qui n'avait pas pu tout entendre.

« Et donc, Ambre nous rejoint ?

- Oui, sûrement à la gare. Tu as son numéro ? »

Kristen envoya un SMS à son amie, et la réponse ne se fit pas attendre. Elle expliqua qu'elle serait là pour 14h, mais une fois arrivés, le couple n'eut pas à attendre très longtemps le bus d'Ambre qui arriva plus vite que prévu. Ils prirent leurs billets puis s'assirent sur un banc ; il restait 20 minutes avant d'embarquer, et les trois amis purent discuter pour la première fois depuis longtemps. Le temps passa tellement vite qu'on se serait cru dans un rêve super-lucide ; ils réussirent cependant à ne pas oublier le train, et les voilà dans un aller simple pour la capitale.

Sans aucune certitude de retour et, même si retour il y avait, ils ne savaient pas quand il aurait lieu. Et dans quelles conditions.

Dans le train, les 3 adolescents passèrent un bon bout de temps à rédiger un message à l'intention de leurs parents, comme leur avaient conseillé leurs mentors. Kristen expliqua tout ; elle fit un résumé des rêves de son enfance, et passa un peu plus de temps sur les séjours à Morpheyes, sur ses pouvoirs réels, tout en essayant de rassurer ses parents sur la situation actuelle ; il fallait leur faire croire que tout était sous contrôle, qu'elle ne pouvait pas leur en dire trop parce que c'était classé secret défense. Mais en réalité, c'était le grand plongeon dans l'inconnu.

À Paris, ce ne fut pas très compliqué de de s'orienter dans le métro et, une quinzaine de minutes plus tard, ils arrivaient à Raspail, devant le QG de Morpheyes. Grenat composa le digicode, à première vue introuvable, mais en vérité très simple à retenir : c'était tous les nombres premiers jusqu'à 19, suivis de leurs carrés. Pour des matheux comme eux, c'était une simple formalité.

En arrivant dans la cour intérieure, de vieilles connaissances comme Roche, Jade, Améthyste, Diamant, Opale, Topaze, et bien d'autres les accueillirent joyeusement.

« Onyx arrivera dans une petite demi-heure, signala l'un d'entre eux. Son train vient tout juste d'arriver en gare. »

Les trois adolescents passèrent ce court laps de temps avec Rubis, Jade et leur enfant, Julie. Les deux super-lucides étaient ensemble depuis des années, mais les responsabilités quant à l'entraînement des jeunes Alsaciens les empêchaient d'élever correctement un enfant. Ils attendirent donc, et le bébé naquit quelques mois après la première réunion de Morpheyes. Coïncidence amusante, Rubis avait entraîné Grenat, et Jade s'était occupé de Saphir. Aujourd'hui, alors que la mentor aux yeux rouges se mariait avec celui aux yeux verts, Thomas et Kristen s'étaient mis en couple. Un couple de professeurs ayants formés involontairement un couple d'apprentis.

Lorsque Onyx arriva, tout le monde fut très content, mais Kristen nota l'enthousiasme suspect d'Ambre. Cette-dernière semblait très heureuse de revoir le jeune blond, trop pour que ce ne soit que de l'amitié. Le duo enchaîna une série de checks, farfelus et impossibles à retenir sauf pour eux, et maintint une complicité étonnante jusqu'à la convocation de tous les effectifs de Morpheyes vers 17h30.

C'est un nombre assez impressionnant d'individus qui se regroupèrent donc dans la salle de réunion, un nombre qui devait approcher la centaine ; une quinzaine de super-lucides, dont Saphir et ses amis, mais aussi pas mal d'agents de renseignement, de sécurité, ou de logistique.

« Mesdames, Messieurs, commença Opale, ce que nous redoutions et ce à quoi nous nous préparions depuis des années est arrivé. Une autre organisation que Morpheyes utilisant les pouvoirs super-lucides, cette fois visiblement avec de mauvaises intentions, s'est réveillée. Nos présumés ennemis se font appeler Andromède. »