#25 ~ Un Plan Parfait

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Personne n'osait mettre en danger Kristen, et les super-lucides obéirent donc à Granite ou plutôt, comme il disait s'appeler, Orion. Une fois au niveau des bâtiments de la base d'Andromède, quelques personnes sortirent les rejoindre, armes à la main. Parmi eux, l'adolescent aux yeux rouges des Champs-de-Mars. Les prisonniers furent conduits dans des cellules individuelles, au second étage ; en vérité, c'était simplement des appartements d'hôtel aux fenêtres verrouillées et aux portes renforcées. Saphir, une fois qu'Orion l'eut déposé dans sa cellule, ne comprenait pas vraiment la situation actuelle. À vrai dire elle était sous le choc, dans un état de demi-conscience. Elle eut à peine le temps d'apercevoir deux silhouettes s'approcher d'elle avant qu'elle ne ressente une douleur dans le bras. Puis le noir.

De longues heures avaient passées depuis la trahison de Granite. Grenat commençait à ressentir la faim, mais il restait concentré sur ses réflexions. On leur avait retiré leurs pierres précieuses, forcément, ce qui les empêchaient de passer dans un rêve super-lucide, et il réfléchissait donc. Il avait reconnu, dans le camp ennemi, l'homme aux yeux verts d'une quarantaine d'années qui avait participé à l'attaque du président ; et Grenat avait également compris pourquoi Granite avait tant attendu pour se révéler : pour extorquer des informations et, peut-être, ce qu'il craignait, transmettre une fausse alerte à Morpheyes. L'attaque du Louvre n'a certainement pas eu lieu, c'était sûrement un stratagème pour détourner l'attention des super-lucides.

Soudain, la porte s'ouvrit. Un adolescent d'un ou deux ans de plus que Thomas entra, un plateau-repas à la main. Il avait des cheveux blonds métalliques ; c'était probablement le garçon dont Kristen lui avait fait la description, celui qu'elle avait combattu sur les Champs-de-Mars. Grenat jeta un coup d'œil en direction du nouveau venu, puis il se replongea dans ses pensées, et même s'il était déconcentré, il ne voulait pas le faire paraître. L'autre s'assit simplement, posa le plateau sur une chaise à côté de lui. Et il attendit.

Au bout d'une dizaine de minutes de silence, l'Alsacien craqua et demanda, brisant le calme :

« Bon, que veux-tu ? »

L'inconnu ne répondit d'abord pas, mais déclara :

« Je m'appelle Artemus. Je suis venu t'apporter à manger mais tu dois, en contrepartie, répondre à quelques questions concernant Morpheyes.

- Prévisible, commenta Thomas.

- Même si je doute que tu y répondes, continua Artemus.

- Et qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- Ton attitude. Tu es prisonnier d'une organisation terroriste à la suite d'une trahison, et pourtant, tu restes parfaitement calme. Et même lorsqu'un supposé ennemi entre dans la pièce, tu ne te déconcentres que quelques secondes avant de céder, de longues minutes plus tard, à la tentation d'engager la conversation, pour, peut-être, manger. Le temps qui s'écoule entre l'entrée d'un gardien et la réaction du prisonnier est représentatif de la résistance mentale de l'individu ; chez toi, elle semble élevée. Ce n'est pas étonnant, d'ailleurs : nous savons que, dans votre enfance, vous avez subi une sorte de formation mentale très poussée.

- Et donc, si, à ton avis, je ne répondrais pas aux questions que tu me poserais, pourquoi restes-tu ici à perdre ton temps ?

- Parce que mes supérieurs m'en ont donné l'ordre... et même si c'est une perte de temps de vous interroger un à un, je préfère en perdre plus avec quelqu'un d'intelligent ! »

Grenat s'étonna de cette réponse. C'est peu courant qu'un ennemi vous qualifie ouvertement d'intelligent !

« Hum... et qu'est-ce qui te fait croire que je suis intelligent ?

Le Monde des Rêves  (Terminé)(V1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant