Part 9

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Le jour de mon départ, je me réveillais le cœur gros. Ma mère aussi était très triste mais elle me souriait à chaque fois que nos regards se croisaient. J’appréhendais ce que j’allais trouver là bas même si j’y avais grandi. J’avais cette impression de reprendre ma vie à zéro et cet inconnu me faisait vraiment peur. Ma peur me donna pleins de conseils et je me mis à pleurer de chaudes larmes. J’étais la depuis presque un an et je n’ai jamais été aussi heureuse. Mais bon, il le fallait et je me promettais d’étudier rapidement et de revenir dès que j’aurais des vacances. Toute la maison m’accompagnait et cela me fit pleurer encore plus. Je m’accrochais à ma mère et le taxi brousse dut me menacer de me laisser sur place pour que j’accepte de me détacher. Je me cachais le visage pour ne plus la voir et ainsi avoir la force de partir. Le voyage comme à l’aller fut long et éprouvant.
Ibrahima vint me chercher au garage. Il avait pris un appartement dans un quartier très populeux. Il y avait 2 chambres et un salon. Il m’avait réservé une chambre et avait pris une autre avec un de ses amis qui tenait aussi une boutique dans les environs. Le salon aussi était transformé en chambre et il l’avait sous loué à d’autres compatriotes guinéens.
Les premiers jours j’étais un peu perdu et je restais à la maison. Ibrahima partait tôt le matin et ne s’occupait pas trop de moi. Il m’avait remis de l’argent et me demandais d’aller m’inscrire. Un matin j’appelais sur le numéro de mon portable et je tombais sur Fatou. Elle se mit à crier quand elle me reconnut et me posait pleins de questions. Finalement je lui promis de passer à la cité Claudel pour la voir. Elle avait des examens à reprendre et c’est pourquoi elle est revenu très tôt de ses vacances et révisait dans la chambre. Khady et Maty aussi était la bas et dès qu’elles me virent, elles m’enlacèrent toutes en criant et en sautant. Elles me faisaient rire et ne me laissèrent pas en placer une avec toutes leurs questions.
Elles disaient que j’avais un peu grossi, que j’étais devenu plus claire et que je ressemblais à une maure. Khady disait que je me mettais du « Dakh » sur le corps et c’est pourquoi j’avais ce teint. Je me contentais de rire et finalement je leur dis qu’elles m’avaient toutes manqué. Fatou me dit que Demba avait appelé tous les jours pendant des semaines et était même passé pour s’assurer que je n’étais effectivement pas la. Elle me dit qu’elle avait même pitié de lui, mais qu’avec le temps, il appelait juste pour demander si j’avais appelé pour donner des nouvelles. Comme je n’ai appelé qu’une fois Fatou, elle n’avait jamais d’information à lui donner, et finalement il a laissé tomber. Cette information me fit un pincement au cœur et je m’en voulus un peu.
Elles me disaient que les cours étaient vraiment difficiles et qu’elles devaient toutes reprendre des matières en octobre. Je leur expliquai que je voulais reprendre mes études mais que j’hésitais à faire la pharmacie car c’était long et que je voulais rapidement finir et rentrer chez moi. Elles me conseillèrent de m’inscrire dans une école privée, mais qu’il fallait que je paye.
Fatou voulut me rendre le portable, mais je refusais de prendre en lui disant que de toute façon je ne connaissais plus personne ici à part elle et que c’était plus facile qu’elle le garde.
Le soir je parlais à Ibrahima des cours dans une école privée et il me demandait d’aller me renseigner et que si c’est raisonnable, les affaires de mon père pouvaient les payer. Avant d’aller me renseigner, j’allais voir mon cousin Ibrahima et je trouvais l’homonyme de mon père tout beau. Je lui demandais le numéro de Rassoul et au lieu d’appeler, j’allais directement à l’hôpital. On me dit qu’il était en consultation et j’allais m’installer devant sa salle. Dès qu’il me vit, il écarquilla les yeux et me demandait de venir.
- Diouldé, c’est bien toi ?tu es la depuis quand ? dit-il en m’enlaçant
- je suis arrivée depuis une semaine. J’ai suivi tes conseils et je suis revenu pour reprendre mes études.
Je lui demandais pourquoi il n’avait plus appelé et il m’expliquait qu’il était rentré la semaine passée de son périple et était vraiment pris, mais comptait m’appeler. Il était vraiment content que je sois venue et me demandais ou je comptais m’inscrire. Je lui dis que je n’en avais aucune idée et il me conseilla des écoles en villes qui étaient très bien. Je promis d’aller me renseigner et il me demandait ou je logeais. Je lui expliquais notre maison et prit congé rapidement en lui disant que je ne voulais pas le retarder. Il me demandait si j’avais un portable ou il pourrait me joindre et je lui dis que non, mais lui donnait le numéro de mon frère. J’allais ensuite demander des renseignements dans quelques instituts mais ils étaient vraiment chers et finalement je rentrais complètement découragée.
Le soir même, alors que je m’apprêtais à me coucher, Rassoul arrivait avec mon frère. Il avait appelé ce dernier et était allé l'attendre dans sa boutique pour qu’il l’accompagne jusqu’à la maison. Il me remit un téléphone et je refusais de le prendre. Mais il insistait et avant de partir le laissa sur la table. Il a appelé une fois chez lui et je lui expliquais que je ne voulais pas de cadeaux. Il me dit de considérer cela comme un prêt, et que c’était juste pour que je sois joignable et que dès que j’en trouverai un, je pouvais le lui rendre. On discutait un moment et il me souhaita la bonne nuit.
J’étais encore perdue et ne savais pas trop quoi faire. Tout ce que j’avais envie de faire, c’était reprendre mes bagages et rentrer chez moi, auprès de ma mère.

Diouldé : itinéraire d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant