Part 13

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Il s’était levé et était parti du côté de la chambre, laissant le portable sur le canapé. Je le pris les mains tremblantes et commençait à lire. Il y avait une dizaine de messages, des messages de félicitations de mes amis et aussi ceux de Demba. Il disait qu’il a essayé de m’appeler en vain, que je lui manquais vraiment et qu’il voudrait qu’on discute. Mon Dieu, j’étais en panique totale. Le dernier message disait que je devais le rappeler dès que j’aurais le message et qu’il m’aimait. Mais qu’est ce qui a bien pu lui prendre de m’envoyer tant de message et aussi après tant de temps sans nouvelle pourquoi attendre cette semaine pour faire tout ca. Je me levais difficilement et hésitais à rejoindre la chambre. J’aurais du lui en parler. Maintenant c’était vraiment chaud pour moi et je ne savais même pas quoi dire. Mon cœur battait fort et je le trouvais assis sur le lit en train de regarder la télévision. Je m’assis à coté de lui et il s’écarta un peu, mais je restais quand même
- Rassoul, laisse-moi-t’expliquer. Avec lui il n’y a plus rien depuis bien longtemps. Je ne comprends pas pourquoi il m’a envoyé tous ces texto. On est sorti ensemble un temps juste après mon bac mais ca n’as pas duré et puis il a une famille donc j’ai arrêté depuis. Je t’en supplie parle moi.
Je continuais, mais il ne disait rien, la mine complètement fermée et grinçant bruyamment les dents. Je ne bougeais pas et lui ne parlais pas et on est resté comme ca ce qui m’a paru être une éternité. Je regardais les images à la télé mais je ne voyais rien. ca ne pouvais qu’arriver à moi. Même pas un mois de mariage et déjà des problèmes. Finalement, je me levais et allait dans la cuisine le laissant ruminer sa juste colère. Je me mis à préparer le petit déjeuner et je suis sorti acheter du pain. J’ai croisé Sokhna et par politesse, je l’ai invité à venir prendre le petit déjeuner à la maison. Je rentrais en pensant qu’elle ne viendrait pas mais au bout de cinq minutes, elle a sonné et j’avoue que j’étais surprise de la voir. Elle demanda d’après Rassoul et alla le chercher dans la chambre. Je me mis à préparer des œufs, à chauffer de l’eau et j’ai mis la table. Heureusement qu’il y avait Sokhna. Elle était tellement joviale et bavarde qu’elle a réussi à faire sortir Rassoul et on s’est installé pour manger. Devant Sokhna, il a fait comme si de rien n’était et discutais normalement. Après avoir bien mangé elle a pris congé et je ne voulais même pas qu’elle parte. Je l’ai donc raccompagné et à mon retour, Rassoul débarrassait la table et je voyais qu’il avait encore fermé le visage et faisait des va et viens entre le salon et la cuisine sans m’accorder la moindre importance. Un moment, je me mis devant la porte de la cuisine pour qu’il s’arrête et me regarde.
- laisse-moi passer Diouldé.
- non, je ne bouge pas d’ici. Parle-moi.
- de quoi ? de quoi veux tu que te parles ? Tu m’as menti sur une partie de ta vie que veux-tu que j’en pense ?
- je ne t’ai pas menti. Je jugeais cela sans importance Rassoul. M’as-tu toi une seule fois parlé de tes anciennes petites amies ?
Il se tut un moment et me regarda
- moi quand j’étais avec toi, il n’y avait personne et il n’y a aucune équivoque avec mes anciennes relations
- moi aussi je n’étais avec personne. Quand on était ensemble, je ne sortais pas avec lui.
Il reprit le téléphone et me le brandit en criant
- mais ce téléphone, c’est moi qui te l’ai offert, ce numéro, c’est moi qui te l’ai donné. Comment as t-il pu l’avoir pour te contacter.
- il a appelé Fatou. C’est elle qui a mon ancien numéro, répondis-je lentement. Mais c’est de l’histoire ancienne.
- pourquoi tu ne m’en as pas parlé. Je t’ai posé des questions, tu m’as de Malik mais pas de ce Demba. J’en ai marre Diouldé, je ne veux plus de ca.
D’un coup, il avait projeté le téléphone contre le mur avec force et il s’est complètement cassé. J’ai eu peur un moment, tellement il était en colère. Mais il s’est tourné et est allé dans la chambre.
J’ai ramassé les débris que j’ai jeté à la poubelle avec la ferme résolution de ne plus chercher de téléphone, ensuite, j’ai terminé de débarrasser avant de faire la vaisselle. J’ai pris mon temps pour nettoyer la maison le salon, la cuisine, l’autre toilette extérieur. Je travaillais frénétiquement en songeant à tout ce qui venait de se passer. Je n’avais vraiment pas envie que cette histoire sème la zizanie dans mon couple et je réfléchissais à quoi dire pour désamorcer la bombe. Il était toujours dans la chambre et vers midi, il est sorti de la chambre et a pris ses clés avant de me lancer laconiquement qu’il sortait. Avant que je ne puisse lui demander ou il allait, il était déjà dehors.
Toute désemparé, j’ai continué mon ménage, comme mes habits étaient encore dans les valises, j’ai tout déballé et rangé. J’ai réarrangé les draps, les serviettes, enfin bref, j’ai pris possession de la maison. J’avais des idées pour changer le décor et tout ceci m’aida à me changer les idées. Ensuite j’ai préparé un repas et n’ayant plus rien à faire et Rassoul ne venant toujours pas, je suis allé chez Maman Oussey espérant le trouver. Mais il n’y était pas et il y avait son père qui comme d’habitude, s’est lancé dans un débat sur la politique interminable. J’adorais discuté avec lui car il était super intelligent et aussi parce que j’avais remarqué que les filles le négligeait un peu. Quand il appelait, elles tardaient à répondre ou parfois ne répondaient pas du tout et comme il ne voyait pas, il restait presque toujours seul à écouter la radio. Le plus drôle, chaque matin, il achetait des journaux et attendait qu’une bonne âme passe pour le lui lire. Donc dès qu’il m’a entendu saluer, il m’a appelé et m’a confié qu’aujourd’hui personne n’a pensé à lui lire ses journaux et je me mis donc à le faire. Maman Oussey et les filles étaient sorties pour aller à un baptême et comme il commençait à faire tard, je l’ai aidé à manger et je m’apprêtais à rentrer quand Rassoul est venu. Il m’a jeté un coup d’œil interrogateur, avant de saluer son père et de me tendre la main. On est resté encore un moment, puis on est finalement partis. Le trajet s’est fait en silence et je ne savais même pas par ou commencer. A la maison, je lui ai demandé s’il voulait diner et il me dit qu’il avait déjà mangé. Ou ? Chez un ami… je n’insistais pas et comme il était encore grincheux, j’ai préféré aller me coucher.
J’avais quand même le cœur lourd et j’ai pris une bonne douche et de me coucher. Pour la première fois depuis qu’on était marié, chacun s’est couché de son coté. Ca me faisait mal et je n’ai pas dormi de la nuit. Il devait reprendre son travail le lendemain et quand il se leva pour sa prière, il revint pour juste s’habiller. J’étais aussi debout et je me dépêchais de lui préparer le petit déjeuner. L’ambiance était morbide et je le regardais mais lui ne m’accordait aucun regard. J’avais toujours dans mon subconscient la scène avec maman Fanta ou elle me demandait de partir. Donc à chaque fois qu’il entrait dans la pièce ou j’étais, je sursautais en pensant qu’il allait me demander de prendre mes bagages et de partir. Il refusait de me parler et j’étais perdu. Avant de partir, il a juste bu un café, et après un bref au revoir, il est parti. Je me sentais d’un coup très seule et je restais enfermée. Sokhna est venue un moment me demander de venir à la maison, et je lui ai promis que je venais dans quelques minutes et le soir elle est encore revenue, mais je lui ai dit que je devais préparer à diner. Le soir, Rassoul est rentré vers 22h et comme je n’avais pas de téléphone pour voir ou il était, je suis restée seule dans l’appartement à tourner en rond. Quand il est enfin rentré, j’étais tellement contente que j’avais oublié notre conflit. Son salut froid me fit revenir à la réalité. Il a refusé de diner disant qu’il avait mangé à l’hôpital. J’eus vraiment mal et je le trouvais dans la chambre
- Rassoul parle moi. Tu ne compte pas te fâcher avec moi toute ta vie. Je t’ai expliqué. Il n’y a pas plus. C’est toi que j’ai choisi. C’est toi que j’aime, c’est toi que j’ai épousé. Ne me fais pas ca.
Je parlais lentement et attendais une réaction mais rien. il m’a juste écouté
- je ne suis pas fâché. Je suis juste fatigué par ma journée de travail. C’est tout.
Il a revêtu un pyjama et cette fois est allé s’affaler sur le canapé du salon. Jusqu’au moment de dormir, il n’était pas venu. Je suis allé voir ce qu’il faisait et je l’ai trouvé endormi devant un film. Je l’ai donc reveillé doucement pour lui demander de venir dormir et il m’a dit qu’il regardait le film. Je n’ai pas insisté et je l’ai laissé dormir là bas. Le lendemain c’était le même scénario. Sauf que je suis allé passer la journée chez maman Oussey et tenir compagnie à pa Ablaye. Le soir je rentrais et accompagné de sokhna qui me proposait de me tenir compagnie jusqu'à l’arrivée de Rassoul. Comme la veille, il a refusé de manger et s’est installé au salon.
J’en avais marre de cette situation. J’ai donc pris une bonne douche et au lieu de revêtir un pygama normal, je sortis un de ses bouts de tissu qu’on m’avait offert et après avoir mis du temps à comprendre comment l’enfiler, je me suis regardé dans la glace et même moi j’ai eu peur tellement c’était transparent et sexy. Je poussais le bouchon en enfilant des perles autour de la taille. Je m’installais tranquillement sur le lit et allumais la télé. J’ai attendu un bon moment en regardant la télé et comme il ne se décidait pas à venir, je suis sortie et me suis dirigé tranquillement dans la cuisine. Et comme il fallait passer devant le salon ou il était confortablement couché sur le canapé, j’étais sure de mon coup. Je marchais en bougeant mon corps pour être sur que les perles feraient du bruit comme je n’avais pas trop de fesses pour faire remuer normalement. An allant, je le vis lever la tête pour voir et je le sentis me suivre du regard. Quand je repassais devant le salon avec mon verre d’eau pour regagner la chambre, il était assis sur le canapé à me regarder.
Je me recouchais sur le lit et attendit. Il ne se passa pas cinq minutes, j’entendais ouvrir lentement la porte, puis après m’avoir jeté un rapide coup d’œil, il est entré dans les toilettes pour ressortir avec juste le pantalon de son pygama et se coucher à son tour. Il ne disait toujours rien et fixait la télévision. Finalement, je me redressais et me mis à califourchon sur lui. On se regarda un moment
- tu es toujours fâché contre moi
Il me regarda fixement un moment puis soupira
- je suis même très fâché contre toi. Je déteste par dessus tout les cachotteries. Aujourd’hui je suis surtout déçu par tout ca, dit-il doucement
- tu t’imagine ce que j’ai pu ressentir quand j’ai lu ces messages ? essaie juste de te mettre un peu à ma place.
J’eus un petit pincement au cœur en l’entendant dire cela et il avait raison. Si j’avais trouvé ce genre de message sur son portable, je ne l’aurais pas bien pris du tout.
- je t’ai expliqué et tu as raison de dire que tu es déçu. Je devais t’en parler, mais c’est tellement délicat de parler de ca à l’homme qu’on vient d’épouser. Et je te jure qu’il n’y a rien eu entre nous.
Je lui fournis pleins d’arguments et la discussion a encore tiré en longueur. Mais au moins, on communiquait et il disait ce qu’il avait sur le cœur et ceci contribuait à décanter la situation. Finalement, un moment il fit mine de réfléchir un moment puis mit ses mains sur ma taille et m’attira à lui
- de toute façon retiens que je n’aime pas ca. Je ne veux plus que tu ais des contacts avec cet homme ni avec aucun autre d’ailleurs. Et si jamais ca se reproduit, il faut m’en parler et je réglerais le problème. Compris ?
J’acquiesçais et me sentit vraiment soulagée.
- et puis à partir de maintenant, on ne se cache plus rien c’est clair ?
Oh oui c’était clair. Je me penchais pour l’embrasser et il me serra encore plus fort.
- j’adore ce que tu as mis, me souffla t’il à l’oreille en laissant ses mains trainer partout sur mon corps.
Je sentais à cet instant que ca allait me couter cher. Et je n’avais pas tord. La nuit fut torride et il rattrapait les deux nuits de bouderie. Le lendemain j’avais les fesses en feu. (Quand je dis fesse ce n’est pas vraiment le popotin, c’est l’autre partie là). J’avais pris la douchette et laisser couler de l’eau longuement sur cette partie pour me soulager un peu.
Ce matin, il restait un peu pour prendre son petit déjeuner et avant de partir, m’embrassait tendrement.
Comme je n’avais plus ce problème sur la conscience, ce matin, je me décidais à aller voir maman Fanta dans sa boutique. Vers 10h après avoir nettoyé la maison, je pris un taxi pour me rendre là bas. Je savais que Sokhna viendrait me chercher, mais je me faufilais et évitais de passer devant la maison. Je descendis à quelques mètres de la boutique et restais un moment à réfléchir. Au bout de quelques minutes je me décidais enfin à entrer. J’avais le cœur battant, je me tripotais les doigts et le visage en feu. A l’entrée de la boutique, je reconnus cette silhouette familière qui se retournait à mon appel…

Diouldé : itinéraire d'une vieWhere stories live. Discover now