Partie 15

195K 10.4K 459
                                    

Toutes les femmes enceintes rêvent de tenir leur enfant au bout de 9 mois de grossesse et je ne dérobais pas à la règle. Comme toutes les futures mamans, je m'imaginais quelle tête il aura, à qui il va ressembler. Comme c'était un garçon j'espérais qu'il ressemble à son père. Qu'il prenne ses beaux yeux, ses fossettes, cette bouche. Mais lui voulait qu'il prenne tout de moi. On en faisait des débats. Et je rêvais de ce jour ou je pourrais enfin le tenir.

C'est pourquoi quand le matin de ma chute, je me levais avec des nausées et des vomissements, je ne me doutais de rien et pensait que c'était peut être dans l'ordre normal des choses. Rassoul m'a trouvé en train de vomir et m'a dit qu'il s'inquiétait pour moi. Je lui en voulais toujours, mais lui dit que j'allais bien. Alors que non. J'avais des douleurs au ventre que je voulais ignorer. Je finissais juste mon 7ème mois. Ce n'était pas encore le moment. Il devait aller travailler et insistait pour que je l'accompagne et que le médecin me fasse juste une petite consultation pour vérifier que tout était ok. Je ne pouvais pas aussi ignorer ces douleurs qui malgré le bain chaud et le thé ne partaient pas. Je le suivis donc en silence et malgré qu'il essaye de détendre l'atmosphère, je ne disais rien. Une fois à l'hôpital, Mme Gaye n'était pas encore sur place. Donc je patientais tranquillement tandis que Rassoul faisait les cents pas dans le couloir. Je ne me sentais pas bien du tout et j'avais des vertiges. Dès la venue de la gynéco, il est entré avec elle dans le bureau et m'a demandé de venir après quelques minutes.

- alors Diouldé, tu as fais une mauvaise chute ? Et tu as mal ou exactement me demanda-t-elle en enfilant sa blouse.

- j'ai un point de côté et aussi des vertiges sinon ca va

- et tu sens le bébé bouger normalement ?

J'écarquillais les yeux sans trop savoir quoi répondre. La veille juste après la chute, il bougeait frénétiquement mais depuis ce matin, je me suis dit qu'il était en train de dormir.

- pas depuis ce matin. Mais il est encore tôt.

Je commençais à paniquer un peu et elle me rassurait du mieux qu'elle pouvait. Elle me demandait de monter sur la table qu'elle vérifie.

Elle a d'abord posé le machin la pour écouter les rythmes cardiaques. Ce furent des minutes interminables. Et elle prenait un petit air soucieux en fronçant les sourcils ce qui me fit avoir encore plus peur. Mon cœur battait très fort et je cherchais Rassoul du regard. Il était juste à coté à se ronger les ongles comme un gamin. Elle ne dit toujours rien et me demande de la laisser me consulter. Encore le même scénario. Elle appuyait sur mon ventre pour mieux sentir avec les doigts et toujours cet air. Toujours ce silence. Interminable, lourd. J'osais à peine respirer. Et comble de tout elle me demandait encore de lever ma tunique pour faire une échographie

- Mme y'a un problème demandais -je finalement complètement en panique et cherchant secours.

Elle me sourit difficilement

- c'est ce qu'on va voir. Calme-toi. ca va aller.

Non je savais que ca n'allais pas. Ce silence. Toutes ces vérifications. Non ca n'allait pas.

Elle mit en marche l'appareil et je me mis à guetter le bruit des battements du cœur du bébé. Je ne respirais plus et avait l'impression que j'allais m'évanouir. Au bout de quelques secondes, j'entendis les bruits réconfortants du cœur et je regardais l'écran pour voir. Il était en position fœtale sans mouvement et je souris un peu rassurée et quand je regardais à nouveau Mme Gaye, je sus que je ne devais pas me réjouir trop vite. Rassoul observait aussi l'écran et lui aussi avait un air soucieux surtout quand la Gynéco lui montra un point sur l'écran qu'ils étaient les seuls à voir.

Diouldé : itinéraire d'une vieWhere stories live. Discover now