Assy : les caprices du destin (6)

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Un mois maintenant. Ça faisait un mois qu'elle n'avait plus de ses nouvelles. Assy était chez Rama ce dimanche du mois de Septembre à réviser tranquillement. Les examens de rattrapage étaient pour bientôt et elle passait son temps à servir d'hôtesse au lieu de réviser. Mais dernièrement, elle avait décliné toutes les propositions pour se concentrer à ses études. Elle avait amassé suffisamment de sous pour être tranquille quelques temps. Ce samedi, elle était toute seule et après avoir révisé toute la journée, elle avait allumé la télé pour décompressé un peu. Il commençait à faire tard et elle voulait se coucher quand elle entendit sonner. Elle hésita pensant que c'était peut être une erreur, Rama l'avait prévenue qu'elle allait rentrer tard car elle était invitée chez des amis. Mais la sonnerie insista et elle est allée ouvrir pour de trouver face à Omar. Elle avait oublié comme il était grand et imposant. Il lui fit un grand sourire en s'écriant
- ma zizine à moi...
Il l'a souleva comme une plume et l'entrainant à l'intérieur avant de la déposer sur le canapé. Surprise, elle n'a pas eu le temps de réagir et c'est quand il a posé ses lèvres sur les siennes qu'elle l'a repoussé violemment.
- mais arrête Omar, dit-elle énervée
Il s'écarta en souriant
- je m'attendais à ce que tu m'accueille plus chaleureusement ma chérie.
Elle s'énerva encore plus et leva d'un bond pour lui faire face
- Arrête avec ces histoires Omar. Tu ne t'attendais à rien ici. À rien. Ça fait un mois que tu n'as pas donné de nouvelles et tu débarques et attends à être accueilli en héros ? C'est ca.
Il gardait le silence et la regardait fixement
- tu penses que ça se fait. S'il y a bien une personne qui m'a déçu c'est toi Omar. Je n'aurais jamais imaginé que tu puisses faire ce genre de choses. À moi ? C'est bon, lève toi et vas-t'en.
Elle avait les larmes aux yeux et sa voix tremblait. Si elle continuait, elle savait qu'elle allait pleurer et ne voulait pas le faire devant lui. Mais elle avait encore envie de lui crier sa rage, sa déception.
Il se leva tranquillement et vint se mettre devant elle.
- Assy. Je savais que tu ne comprendrais pas, mais j'avais besoin de temps. J'avais besoin de temps pour mettre de l'ordre dans ma vie. Ce que tu m'as dit la dernière fois était en partie vraie. Je n'avais pas le droit de te dire que je voulais de toi...
Elle l'a interrompu
- il ne s'agit pas de vouloir de moi ou pas. Il s'agit de respect Omar. Tu ne peux pas comme cela du jour au lendemain prendre tes distances et revenir quand bon te semble. Du respect
Il soupira. Il ne l'avait jamais vu aussi énervée.
- Ok Assy. On va se calmer. Je veux que tu m'écoutes. S'il te plait. Ecoute-moi et après tu me chasseras si tu veux.
- je veux ne pas t'écouter Omar, je ne veux pas. Vas-t'en.
Cette fois, elle s'est mise à pleurer. Il s'est approché et l'a quand même pris dans ses bras pour essayer de la calmer.
- je suis désolé. Je ne pensais pas que ça te ferais cela. Mais écoute-moi.
Il l'a entrainé sur le canapé et ils se sont assis. Assy essuyait ses larmes.
- Assy je t'aime. Je m'en suis rendu compte il ya quelques temps. Mais je m'y suis mal pris avec toi. La dernière fois je t'ai fait peur, tu m'as mal compris et tu avais raison. Ma vie était trop compliquée et tu avais toutes les raisons de ne pas croire en moi. C'est pourquoi j'ai voulu prendre du recul. J'ai voulu mettre de l'ordre dans tout cela. Je voulais que quand je reviendrais pour te parler, je puisse te dire tranquillement qu'il n'y a que toi dans ma vie. Et c'est le cas Assy.
Assy le regardait. Elle ne comprenait plus rien. Elle qui s'était faite une raison en se disant que finalement, il n'en voulait qu'à ses fesses et que maintenant qu'il savait qu'il n'aurait rien, il s'était barré. Oui, elle le pensait. Jamais, elle n'aurait imaginé ce qu'il était en train de lui dire.
- Ne penses pas que c'est une décision prise à la va vite ou sur un coup de tête. Avec toi je n'oserais pas. Je te connais trop bien Assy. Je vais te répéter ce que je te disais il y'a un mois. Assy je t'aime et je voudrais être avec toi. Je n'ai personne dans ma vie. Kiné, Louize, Bijou, Fatou...j'ai expliqué à tout ce beau monde que j'avais trouvé celle que je cherchais et que je comptais me caser. Ça n'a pas été facile pour certaines et c'est pourquoi ça m'a pris tant de temps. Mais là je crois que c'est bon. Je suis à toi maintenant.
Elle continuait à le regarder. Perdue, pas encore consciente de tout ce qu'il venait de dire. Plusieurs minutes passèrent ainsi avant qu'elle ne réagisse
- qu'est ce que tu as dit ? dit-elle doucement
Omar la regarda intrigué.
- Non Assy, je t'en prie ne me demande pas de répéter. Ça n'a pas été facile de dire tout cela.
Elle secoua la tête
- je n'ai pas compris tout ce que tu as dit.
Il rigola
- si tu as bien compris. Et je te confirme ; tu as bien entendu ; je te dis que je t'aime et que je veux être avec toi.
Elle oublia la dispute, le mois sans nouvelle et perdit la parole
- Omar, heuu...je ne sais pas quoi dire. Je...
- dis-moi juste que c'est OK Assy.
- mais...on est amis. Tu es mon cousin et...c'est...je ne sais pas. Pourquoi ??
- arrête de réfléchir Assy. C'est vrai je suis ton cousin, mais ça n'empêche rien et tu le sais. Etre amis et être amoureux c'est encore mieux.
Assy ne trouvait plus quoi dire.
- pourquoi on ne reste pas juste ami et cousin. C'est tellement plus simple.
Omar secoua la tête
- Non ce n'est plus possible Assy. Je ne peux plus être avec toi comme avant. Je ne peux plus te voir et ne pas t'embrasser, ne pas te prendre dans mes bras. Je ne peux plus. Si tu ne veux pas je comprendrais, mais dans ce cas, on ne se verra plus Assy. Je ne pourrais pas gérer cela.
Assy le regarda. Il semblait sincère. Elle le savait sincère. Mais avait peur de tout cela. Elle ne voulait pas s'engager. Pas avec son cousin qui savait tout d'elle. Pour quelle finalité ?
- Assy, répond moi dit-il en l'attirant vers elle. Pourquoi ce n'est jamais simple avec toi ; baisse tes gardes un peu. Je ne veux pas être avec toi pour m'amuser, je ne veux pas coucher avec toi non plus. Ou alors ça sera après notre mariage. J'ai rencontré...
- quel mariage, s'écria Assy.
Il la regarda comme étonné
- bah, notre mariage. Tu ne penses quand même pas que je vais sortir avec ma cousine et ne pas m'engager.
- arrête Omar, murmura t'elle, voulant se libérer.
Mais il la maintenait et ils se regardèrent. Elle le trouva...différent. Les effets de la déclaration, la surprise...elle ne savait même pas
- Omar, je ne sais pas quoi te dire. Ce matin encore je te détestais. Et maintenant tu viens me dire tout cela. Que veux-tu que je te dise. Quoi ?
- que tu m'excuses pour ce qui s'était passé, que je t'ai terriblement manqué et que tu as une folle envie de m'embrasser. Ça me suffira, dit-il
Elle rigola, se dégrisant un peu.
- oui tu m'as manqué. Je t'en veux d'avoir pu me zapper comme cela aussi facilement
- non ce n'était pas facile ; chaque soir je prenais mon téléphone pour te parler, mais je me disais qu'il fallait que je patiente encore un peu.
Elle hésita un moment
- écoute, je ne peux pas m'engager. Comme disait la chanson, j'ai donné vacance à mon cœur. J'ai peur de tout cela. Peur d'être déçu à nouveau.
- tu as donné vacance à ton cœur, ou tu as donné ton cœur tout court...à un autre? demanda t-il en baissant les yeux.
Il y eut un long silence. Elle le regarda sans rien dire. Il voulait qu'ils soient ensemble. Qu'ils forment un couple. Il disait qu'il l'aimait. Mais elle n'était pas vraiment sure d'avoir les même sentiments que lui. Elle reconnaissait certes qu'elle l'appréciait beaucoup, l'aimait peut être ; mais pas comme il le voulait. Mais elle ne pouvait se résoudre à le perdre. Non, il était trop important pour elle. Pour le moment, il la regardait, semblait pendu à ses lèvres à attendre une réponse.
- Non, mon cœur est en vacance Omar. Tout simplement. Et je ne suis pas sure de...
- donne-moi une chance Assy. Une chance de te faire oublier....si tu veux oublier...
Cette fois c'est elle qui baissa la tête.
- Oui, je veux.
Elle releva la tête en souriant.
- mais je ne sais pas comment faire Omar. Je ne sais pas comment on passe du statut de cousin-cousine à celui de...couple...je ne sais pas, dit-elle en secouant la tête
Il sourit. Un sourire coquin, taquin.
- je t'apprendrais ma chérie...
Il s'approcha doucement et se mit à l'embrasser. Lentement, mêlant leur souffle, leurs langues en une danse sensuelle, exquise. Quand il s'écarta, Assy était tellement troublée qu'elle n'avait pas les idées en place. Il était tellement viril, tellement homme qu'on pouvait difficilement résister et Assy tomba. Elle apprécia le baiser. Elle qui pensait qu'elle ne pourrait jamais avoir ce type de sensation depuis sa rupture avec Ibrahima.
- tu vois ce n'est pas si compliqué que cela.

Elle dormit très peu de la nuit. Il lui fallait réfléchir à sa relation avec Omar. Relation qui venait de changer. Forcement. Il voulait plus. Elle avait envie d'essayer, elle voulait essayer d'oublier Ibrahima et savait qu'Omar y arriverait. Il avait toutes les qualités pour cela. Toute la soirée, ils sont restés à discuter, lui, lui racontant son séjour en France, ses ruptures parfois difficiles avec ses copines. Il lui parla de la gifle de Bijou quand il lui a dit qu'il était avec une autre, faisant éclater Assy de rire.
- et Kiné ? Avait-elle demandé lentement, sachant que c'était le choix de sa mère
- Oh. J'avoue que ca a été compliqué. Elle n'a rien voulu entendre. Mais bon. C'est décidé. C'est toi que j'aime Assy et c'est avec toi que je serais.
Oui, elle savait qu'il l'aimait, surement plus qu'elle. Et donc Oui, elle lui donnerait une chance.

Etre en couple avec Assy était magnifique. Omar se sentait vivre. Il avait connu beaucoup de femmes dans sa vie. Mais avec Assy il avait parfois l'impression d'être un adolescent qui découvrait tout à l'amour. Il se réveillait en pensant à elle, travaillait en pensant à elle, se couchait en pensant à elle. Il avait l'impression de la voir à tous les coins de rue ; dès qu'une jolie femme élancée et claire passait, il ralentissait pensant que c'était Assy. Oui, sa cousine allait le rendre fou. Chaque soir, il fallait qu'il la voie avant de rentrer et trouvait toujours une bonne excuse pour la retrouver et le prendre dans ses bras et l'embrasser. Il en avait besoin. Au début, il la sentait réservée, encore surprise de la tournure des évènements. Mais petit à petit, elle se lâchait avec lui, ne voulant pas qu'il parte quand il venait la voir, semblait se plaire à être dans ses bras, à être embrassé. Il voulait qu'elle sache qu'il ferait tout pour elle et voulait qu'ils se marient. Ils n'étaient ensemble que depuis un mois, mais il voulait plus. il voulait l'avoir tous les matins à ses côtés, partager tout avec elle, faire d'elle la mère de ses enfants. Oui, maintenant il était prêt. Elle était en pleins dans ses examens, mais dès qu'elle a ses résultats, il allait lui parler. Il ne voulait plus attendre. La seule crainte qu'il avait c'était cet homme. Cet homme qu'elle disait aimer démesurément. L'avait-elle oublié ? Depuis qu'ils étaient ensemble, elle n'avait jamais été en mesure de lui dire qu'elle l'aimait. Elle répondait « moi aussi » à ses déclarations, parfois gênée. Il était patient, mais maintenant qu'il voulait plus, il fallait qu'elle lui dise. Qu'il sache si vraiment elle partageait les mêmes sentiments que lui. Il rentrait chez lui et a trouvé son père assis au salon en train de feuilleter ses journaux. Son petit frère était aussi avec lui à regarder la télé.
- pa...comment tu vas ? Et ta journée, demanda t-il gaiement
Il adorait son père. Il avait toujours veillé à leur inculquer une éducation stricte. Son frère Alassane était en classe de première et était un passionné de mécanique.
- Omar, tu me prête ta voiture...demanda t-il sans même le saluer
- ca te tuerait de dire bonjour ?
Ils se disputèrent un peu et comme d'habitude refusa de lui donner les clé. Il n'avait pas de permis. Il s'en alla en boudant, le laissant seul avec son père
- Mon fils, ces temps ci tu rentres de plus en plus tard. C'est le boulot qui te prend autant de temps
Il s'assit en soupirant. Non, en fait c'était Assy qui lui prenait tout ce temps. Il terminait, allait la prendre à la fac et la déposait chez elle. Presque tous les jours à moins qu'il n'ait vraiment beaucoup de travail.
- Oui, mais il y a aussi autre chose Pa.
Son père laissa tomber le journal et regarda son fils qui se gratta la tête, un peu gêné de dire ce genre de choses à son pater
- je suis avec une fille ces temps ci et je crois que cette fois ci c'est vraiment sérieux...
- c'n'est pas Kiné ? demanda t-il
- heuu non, ce n'est pas elle. Je sais que Man veut qu'on se marie, mais bon. Ca n'a pas marché entre nous, je ne vais pas me forcer aussi.
Son père haussa les épaules
- et c'est qui alors celle qui te fait rentrer tard tous les jours
- tu l'a connait en fait. C'est une cousine...heuu
- c'est ta cousine Coumba ? demanda t-il
Coumba. Elle avait commencé un moment à s'intéressé à lui, et trouvait tous les moyens pour venir à la maison, mais non.
- non, pas vraiment. C'est Assy. Assy Kane.
Son père garda le silence un moment.
- Assy. Vous vous êtes donc revus ? Car elle ne vient presque jamais ici.
- oui, on s'est revu et on sort ensemble depuis quelques temps déjà. Et j'ai vraiment d'autres ambitions.
- ah mon fils. Elle doit vraiment être bien, pour que tu songe à t'engager. Tu sais, c'est des parents de ta mère. Son père et ta mère ont la même mère. Ta mère est sa badiène. Donc vous pouvez vous marier. Moi j'ai beaucoup d'estime pour Assy. C'est une fille courageuse. Un jour elle cherchait du travail et est tombé sur moi à la société. Mais elle était encore élève et je ne pouvais rien lui proposer. Quand je lui ai donné de l'argent, elle a refusé. J'ai fini par la convaincre de prendre et elle s'était mise à pleurer. J'ai su qu'elle devait traverser des moments difficiles avec sa mère pour qu'elle cherche du travail à son âge. Depuis, je me faisais l'effort d'aller les voir.
- Oui, elle est comme cela Assy. Très courageuse, très ému par le témoignage que son père venait de faire de ma femme qu'elle aimait
- mais comme tu le sais aussi ta mère n'a aucun rapport avec elle, ni avec sa mère. Moi l'essentiel c'est que tu sois heureux. Mais avec ta mère ça risque d'être compliqué.
Il soupira
- je sais Pa. Mais elle devra s'adapter. Je l'épouserais et je l'amènerais ici. J'ai déjà investi beaucoup d'argent pour construire et ma femme viendra ici.
Dès qu'il a commencé à travailler, il a voulu construire, mais son père avait insisté pour qu'il le fasse dans la maison familiale. Il avait donc élevé un niveau chez lui avec une entrée privé par des escaliers à l'arrière de la maison, faisant de son palier, un appartement complètement isolé du reste de la maison. Il pouvait entrer par la porte principale de la maison, ou alors monter chez lui sans que personne ne le voie.
- c'est bien mon fils. Mais parles-en avec elle tranquillement.
Avant de rejoindre sa chambre, il resta encore à parler à son père jusqu'à ce que ses sœurs Ami et Fatou viennent pour diner...

Assy était avec sa mère. Depuis qu'elle avait réussi les examens, elle s'était réfugiée auprès de sa mère pour se reposer et récupérer. Réussir à ses examens avait été un soulagement sans bornes. Elle était contente et Omar aussi. Omar. Elle apprenait à l'aimer. Oui, elle apprenait. Et elle devait reconnaitre que ce n'était pas si difficile que cela. Omar était tout simplement adorable. Il faisait tomber toutes les appréhensions qu'elle avait, avait su rester le cousin taquin, l'ami proche, le confident attentif et maintenant le petit copain amoureux. Il remplissait à merveille tous ces rôles. Elle se surprenait à sentir battre son cœur quand elle entendait sa voix rauque l'appeler « mon cœur, ma chérie ». Elle apprenait à l'aimer. Tout simplement. Elle ne ressentait pas les mêmes sensations qu'avec Ibrahima. Non, avec Omar elle avait l'impression d'être plus maitre d'elle-même, plus calme. Et elle le regardait l'aider à oublier...le temps aidant aussi.

L'année scolaire avait reprit son cours et sa relation avec Omar était au beau fixe. Comme tous les couples, elle avait des accès de jalousie du essentiellement à Kiné qui effectivement n'avait pas baissé les bras. Mais il la mettait en confiance, lui disant tout à chaque fois que Kiné se manifestait. Au fil du temps, elle se surprenait à se sentir seule quand il venait de la déposer après une belle soirée. Elle s'étonnait d'apprécier autant ses baisers, de réagir à ses caresses, d'autant rire à ses blagues. Tous ses amis savaient qu'ils sortaient ensemble et elle avait droit à des coups de fil de la plupart d'entre eux. Ses amies de promotion aussi connaissaient Omar, reconnaissait sa voiture, l'enviait d'avoir trouvé un homme aussi attentionné, aussi charmant. Enfin bref, une relation normale. Très loin des rencontres secrètes qu'elle vivait avec Ibrahima. En plus de cela, elle devait se rendre à l'évidence. Elle tombait vraiment amoureuse. Même si elle ne le disait pas vraiment.

Un jour, à force de persuasion, il la fit venir chez lui. Ils étaient allés se promener et il lui avait dit qu'ils pouvaient entrer sans être vu. Elle avait refusé, mais sans l'écouter, il s'était dirigé vers chez lui, passant sans le savoir près de l'appartement d'Elhadj. Elle eut des frissons en y repensant. Il s'est garé de l'autre côté, opposé à la porte d'entrée de leur maison
- descend bébé. Tu vois la petite porte. On entre, on monte les escaliers et on arrive chez moi. Personne ne te voit.
Elle finit par descendre et effectivement, ils arrivèrent directement dans son appartement, au dessus de chez ses parents. C'était grand, très grand, très bien décoré et joli. Il y avait tout : la cuisine qui apparemment n'était jamais utilisé, deux chambres, dont une qui devait être la sienne. Elle est allée s'installer au salon, mais il la tiré pour l'obliger à venir s'allonger dans sa chambre, argumentant que la télé s'y trouvait. Elle s'assit sur le bord du lit d'abord, très mal à l'aise, mais il se mit à la chatouiller, et en rigolant, fini par s'allonger. Il alla lui chercher des canettes et lui servit
- c'est très joli chez toi Omar.
- tu peux dire chez nous. Dit-il en rigolant.
Elle ne dit rien et alluma la télé.
Sans trop se soucier d'elle, il se déshabilla pour aller prendre une douche. Elle n'avait pas pu s'empêcher de le regarder, d'admirer son grand et beau corps musclé, ses cuisses puissantes et...elle détourna les yeux, les joues en flamme. Il était en caleçon très serré qui laissait deviner...tout.
- tu reluques ? dit-il en rigolant, car il savait qu'elle regardait
- tu n'as pas honte de te déshabiller comme cela devant moi. da nga gnake diome torrope...tcchhiippp
- avoue que tu as aimé ce que tu as vu, dit-il en rigolant
Sans attendre l'autre tchip qui allait suivre, il alla prendre rapidement une douche et revint avec un débardeur et un short en s'installant près d'elle sur le lit.
- humm tu sens bon, dit-elle en fourrant son visage dans son cou.
Elle aimait ses moments. Il se mit à l'embrasser tendrement, lui prenant la canette qu'elle avait pour le poser sur la table de chevet. Il embrassait bien et savait réveiller en elle des sensations délicieuses. Elle gémit et se recula.
- pousse-toi, tu es lourd Omar. Dit-elle en essayant de se dégager
Il ne l'écouta même pas et continua à l'embrasser, glissant ses mains sous son débardeur. C'était la première fois qu'il le faisait car avant il se limitait juste à des baisers. Cette fois c'est lui qui gémit après avoir touché, pétri, caressé ses beaux seins fermes. Il souleva prestement le débardeur et saisit dans sa bouche un téton dressé, provoquant un cri de surprise d'Assy.
- arrête Omar dit-elle en essayant de repousser sa tête.
- Assy, j'ai tellement envie de toi, dit-il les yeux voilés par le désir. S'il te plait...
Il a alors laissé glissé sa mains sur la jambe d'Assy, lentement, remontant le long de sa cuisse jusqu'à...
- Arrête Omar.
- s'il te plait...
- s'il te plait quoi. Qu'est ce que tu veux ? dit-elle en lui arrachant la main sous sa jupe.
- écoute, je t'ai dit que j'allais t'épouser. Je le ferais. Mais comme pour le moment, on doit attendre que tu finisses l'année scolaire...on peut le faire...s'il te plait. Une fois...
Ses yeux se remplirent de larmes. Sans un mot, elle se releva, enleva son débardeur dévoilant sa poitrine, sa jupe et se recoucha.
- vas-y...vas-y, Omar...puisque la voie est libre. Je l'ai déjà fait, on peut le refaire c'est ca que tu te dit non? dit-elle les larmes aux yeux.
Il secoua la tête avant de se relever et la couvrit du drap et remarqua qu'elle essuyait les larmes qui coulaient sur le visage.
- je suis désolée Assy. Je ne voulais pas...te vexer. Excuse-moi.
Elle ne répondit rien et se rhabilla lentement. Omar
- j'y vais.
Il l'attrapa par le bras.
- Assy, s'il te plait. Je...
- c'n'est pas grave. Tout ça c'est de ma faute. Je mérite tout cela. C'est de ma faute...
Elle se sentait fautive. Si elle s'était préservé, Omar n'aurait jamais osé lui demandé cela.
- Non, c'est moi Assy...
- Omar s'il te plait raccompagne-moi.

Il regrettait. Il avait l'impression d'aller de bourde en bourde avec Assy. Elle garda le silence durant tout le trajet et il avait tellement honte de lui qu'il ne savait par ou commencer. Comment avait-il pu penser qu'elle allait se laisser faire. Comme les autres. Assy n'était pas comme les autres. Arrivé devant l'appartement de Rama, elle se retourna pour le remercier
- merci Omar. Je dois me coucher. J'ai...
Elle baissa la tête. Qu'est ce qu'il était con
- Assy, je suis désolé. Je n'aurais jamais du te demander cela. Tu me connais parfois je réfléchis avec l'autre cervelle.
Elle sourit. Sans grande conviction. Elle allait entrer, mais il la maintint et déposa lentement ses lèvres sur les siennes avant de la laisser. Honteux. Il n'avait jamais été confronté à ce genre de situation avec une fille. Jamais.
- je t'aime Assy...
- moi aussi, dit-elle tristement.
Toute la nuit, il songea à son attitude. Il lui avait demandé car il pensait vraiment que puisqu'elle l'avait déjà fait, ça ne poserait pas de problèmes. Et puis voir son magnifique corps gémir dans ses bras, l'avait troublé. Il se demandait quel homme avait bien pu la convaincre de faire l'amour avec elle. Elle devait être vraiment amoureuse pour accepter.

Les semaines à venir, il fit tout pour se faire pardonner. Tout. Assy finalement ne comprenait pas son comportement trop...coupable. Il lui fit plein de cadeaux, lui offrit une belle bague en or, un magnifique sac de marque, un nouveau portable. Finalement, elle l'arrêta
- Omar je t'en supplie mais arrête de me faire des cadeaux.
- je m'en veux tellement Assy si tu savais.
- je sais. Je te pardonne. Je te comprends aussi.
- non tu ne dois pas me comprendre. Tu dois m'en vouloir. J'ai été très...
Elle sourit et l'enlaça tendrement.
- c'est bon Omar. Au moins tu comprends maintenant qu'on ne fera rien. Je ne suis pas comme cela Omar. Je ne...fais pas ça.
- Je sais. Ecoute, je veux qu'on se marie rapidement. Pas parce que je te désire plus que tout, Non, parce que je suis sur que tu es la femme de ma vie et que je ne trouverais jamais une comme toi. Je t'aime mon cœur.
Elle eut les larmes aux yeux.
- moi aussi je t'aime Omar. Plus que tu ne le crois. Mais donne-moi juste le temps de terminer cette année.
Ça lui semblait trop loin. Il essaya d'argumenter pour le faire durant les fêtes de fin d'année, mais Assy était ferme. Elle voulait attendre.

Quelques semaines plus tard, les fêtes de fin d'années arrivèrent et Omar l'invita à un magnifique diner organisé par leur banque. Il lui trouva une superbe robe et allèrent faire leur course en ville pour acheter le reste. Le soir du 31 Décembre, tout le monde lui fit des compliments sur sa jolie compagne et elle fit la connaissance de la plupart de ses collègues. Quelques jours plus tard, il avait insisté pour qu'elle vienne chez eux pour dire bonjour à ses parents. Pas comme sa copine officielle, mais juste comme une parente qui vient à la maison. Il voulait qu'elle essaye de se familiariser avec ses sœurs ou sa mère. Elle ne voulait pas, mais il avait tellement insisté qu'elle finit par abdiquer. Quand elle avait prévenu sa mère, cette dernière était étonnée. Elle ne lui avait pas encore dit qu'elle sortait avec son cousin. De toute façon, elle devait bien se douter de quelque chose. Omar venait tellement souvent quand elle était là bas.
Elle fut bien accueillie par tonton Amadou qui comme d'habitude se montra très sympathique avec elle. Ses cousines Amy et Fatou étaient aussi venue pour lui dire bonjour, mais sans grand enthousiasme, repartant aussitôt. Omar était à ses côtés et semblait très content qu'elle ait accepté de venir. Quand sa tante est descendue, la température est retombée d'un coup. Les dernières fois qu'elle venait, elle faisait l'effort d'être gentille, ne serait-ce qu'au début. Mais là, elle l'ignora pratiquement et après l'avoir salué rapidement, retourna dans sa chambre prétextant des maux de tête. Assy était gênée et sentait aussi celle d'Omar. Elle resta encore un peu avant qu'Omar ne la raccompagne dans sa voiture. En cours de route, ils discutèrent de l'attitude de sa mère et Assy lui fit part de ses appréhensions.
- ta mère ne m'aime pas beaucoup Omar.
Il garda le silence un moment
- tu te marieras avec moi. Pas avec elle. Dit-il fermement
Elle ne voulut pas insister à ce moment. Ce n'était peut être pas encore le moment.

A son retour, sa mère l'attendait de pied ferme.
- Omar, que faisait Assy ici ? dit-elle le visage fermé
- elle était venue te rendre visite. C'est ta nièce non ? dit-il simplement
- et pourquoi tu l'as reconduit avec ta voiture ?
- maman c'est quoi le problème ?
- ton père m'a parlé de ta relation avec elle. Mais Omar ce n'est même pas la peine d'aller plus loin avec elle. Je n'accepterais jamais que tu l'épouses.
Il soupira et se mit bien en face d'elle
- maman, je ne t'en avais pas parlé parce que je savais que tu réagirais comme cela.
- Oui. Cette fille ne veut qu'une meilleure situation.
- dans ce cas elle est bien tombée. Je serais là pour elle. Qu'elle me dépouille. Ecoute maman, tu as intérêt à accepter cette situation. J'aime Assy et je compte bien l'épouser. Que tu me veuilles ou pas. Tu es ma mère, je t'aime et te respecte beaucoup, mais cette prérogative m'appartient. Et je ne laisserais personne intervenir sur cela.
- Omar, parles moi sur un autre ton. Je t'ai présenté Kiné. Sa mère est une amie et j'ai confiance en elle. C'est une fille bien posée, bien éduquée.
- maman, j'ai parlé avec Kiné. Elle sait...
- Si tu l'épouses, elle ne mettra pas les pieds ici.
- ici c'est aussi chez moi.
Sa mère prit ses affaires frénétiquement et s'en alla, en rouspétant, ne voulant plus l'écouter, laissant Omar perdu, mais bien décidé à lui tenir tête.

Les semaines passaient, les mois aussi, le couple Assy-Omar était de plus en plus soudé. Il parlait souvent de leur mariage, de leur vie future, faisait des projets énormes. Assy était plus épanouies, plus tranquille. Elle se disait qu'elle avait eu de la chance de rencontrer Omar qui était son rayon de soleil. Elle envisageait le mariage avec lui sans trop de difficulté. Ça ne l'empêchait pas de penser à Ibrahima, mais de façon moins désespéré. Plus sereine. Omar n'avait plus rien tenté avec elle. Il se contentait de l'embrasser, de la caresser, mais sans rien de plus. Elle le sentait se retenir et plus le temps passait, plus elle voyait que c'était très compliqué pour lui. Même quand il venait la voir chez Rama, il préférait parfois rester à l'écart et ils discutaient jusqu'à des heures tardives.

L'année scolaire tirait à sa fin et il ne restait à Assy que quelques jours pour passer ses examens. Elle était à fond dans ses cours et ce samedi elle avait décidé de rester chez Rama pour mieux réviser au lieu d'aller voir sa mère. Elle irait le lendemain. Vers minuit, elle reçut un coup de fil d'Omar. Depuis quelques semaines, elle le zappait et lui disait toujours qu'elle ne pouvait pas sortir car elle devait réviser. Il comprenait, mais elle sentait qu'il était un peu frustré
- Mon cœur, tu es encore dans tes cours ? dit-il
- oui et toi ? Tu ne dors toujours pas ?
- Non, je suis seul, je pense à toi, tu me manques.
-toi aussi tu me manque mon chéri. Mais comprend-moi, je dois réviser
- je comprends.
Depuis le temps elle aussi s'était vraiment habituée à lui. La grande complicité qu'il y avait entre eux s'est encore plus renforcé, et ils formaient un couple très particulier. Les chamailleries n'avaient pas non plus cessé, mais il s'en suivait toujours des moments très câlins ou Omar voulait la contraindre à retirer ce qu'elle venait de dire...en l'embrassant. Oui, elle s'était attachée à Omar et l'aimait. Ibrahima était pour elle de l'histoire ancienne. Elle en était convaincue. Depuis leur rencontre dans ce restaurant, elle n'avait plus eu de ses nouvelles. Sauf par Nafi qu'elle appelait de temps en temps et qui lui disait qu'il avait soit voyagé, ou était occupé.
- tu veux que je passe rapidement. Je veux juste t'embrasser. Dit-il suppliant
-Omar...
- Rama n'est pas là ce weekend, tu es seule, je ne vais pas rester longtemps.
Elle hésita.
- ok mais ramène moi de la glace.
Il arriva quelques minutes plus tard avec la barquette de glace et il s'amusa à lui donner à manger à l'aide d'une cuillère tandis qu'elle restituait ses cours à haute voix. Un moment, elle bugga et il ferma le cahier pour lui demander de se reposer. A peine avait-elle posé la tête sur ses genoux qu'elle s'est endormi. A son réveil, il faisait jour et Omar dormait, toujours assis, soutenant la tête d'Assy. Elle le réveilla doucement
- chéri, tu t'es endormi. Tu as passé la nuit ici.
Il s'étira.
- je sais, je ne voulais pas te réveiller. Tu dormais tellement paisiblement.
Il voulut l'embrasser, mais elle se recula.
- Non, c'est dégeulasse. Va te brosser les dents.
Il se mit à rigoler.
Quand on sera marié, je ferais plus que cela le matin. Sans me laver.
Ses allusions lui firent un peu peur, mais elle se contenta de rigoler aussi. Il alla quand même se débarbouiller le visage et Assy en fit pareil avant de s'habiller et de prendre leur petit déjeuner. Câlinement.
- Assy, tu finis tes examens dans une dizaine de jours. Juste après je voudrais vraiment qu'on se marie. Je n'en peux plus d'attendre.
Elle le regarda.
- Omar, je veux t'épouser. Mais tu sais que je ne suis plus vierge. Es tu sur que tu pourras supporter cela. Es tu sur qu'un jour tu ne me le jetteras pas en pleine figure.
- Non Assy. Si j'étais sur de ne pas supporter, jamais je ne te demanderais cela. Je ne t'aime pas pour cela. Mais pour toi, ta personne.
- et si un jour tu me le reproches ?
- je ne ferais jamais cela. Mais et toi ? Tu ne veux pas me parler de cet homme ? dit-il en baissant la tête.
Ibrahima. Parler d'Ibrahima à son futur mari. Non ce n'était pas vraiment une bonne idée
- Non ce n'est pas la peine Omar.
- mais tu peux me jurer que tu ne ressens rien pour lui ? N'est ce pas ?
Elle secoua la tête...sans grande certitude.
- c'est toi que j'aime Omar. C'est toi que je vois depuis des mois. C'est à toi que je penses quand je me réveille. C'est toi que je vois avant de dormir. C'est vrai que tu es très collant aussi...
Il éclata de rire
-...mais ça ne me déplait pas. Je me suis habitué à toi, à te voir. Quand tu n'es pas là, je suis seule, perdue. Donc non Omar, je ne ressens plus rien pour personne à part toi...
Il sourit
- tu ne le fais pas exprès mon cœur. C'est moi qui suis comme cela
Elle lui envoya le torchon qu'elle avait en pleine figure et ils se mirent à se battre tendrement
- Dépêche-toi, je te dépose chez ta mère. Je voudrais d'ailleurs lui parler.
Il lui expliqua qu'il tenait à lui dire qu'il avait de bonnes intentions et que dès après ses examens, il enverrait son père. Il avait déjà parlé à son père et sa mère était toujours opposée. Mais cela, il se garda de le lui dire.

Malheureusement, ils ne trouvèrent pas Mère Saly et quand elle l'appela elle lui dit qu'elle était chez son amie Souka, la mère de Nafi. Comme Omar n'avait pas dormi chez lui, il préféra rentrer, promettant de revenir le soir. Mère Saly revint cers midi l'air fatigué
- Maman, avec tes arthroses, tu circule sous ce chaud soleil. Ce n'est pas raisonnable.
- tu as raison. Mais Souka à des problèmes. Nafi a quitté le domicile conjugal. Elle s'est disputée avec Ibrahima et c'est sérieux.
Assy laissa tomber le verre qu'elle avait.
- pourquoi ils se sont disputés ?
- des broutilles. C'est pourquoi j'y suis allé avec serigne Traoré. Il a utilisé ses cauris et nous à dit que c'était une femme qui était à l'origine de tout cela.
- une femme ? demanda t-elle anxieuse tout d'un coup.
Ibrahima était donc libre maintenant. Elle se ressaisit aussitôt. Comment pouvait-elle penser à cela alors que le matin même, elle parlait mariage avec Omar.
- en tout cas c'est sérieux cette fois et Nafi dit qu'Ibrahima lui a parlé de divorce et de tribunal. Tu te rends comptes.
- c'était quand ?
- ça fait plus d'une semaine maintenant que Nafi est chez sa mère.
Elle ne fit pas plus de commentaires que cela et a préféré se taire le cœur battant. Son téléphone sonna à ce moment. Un numéro qu'elle ne connaissait pas.
- allo, Assy ?
Elle reconnaitrait cette voix entre mille. Même si cela faisait très longtemps qu'elle ne l'avait pas vu, ni entendu. Ibrahima
- oui, c'est moi...dit-elle le cœur battant.
Non, elle n'était pas guérie. Sinon comment expliquer les battements désordonnés de son cœur, son trouble à la voix de cet homme.
- excuse moi j'espère que je ne te dérange pas ?
- Non...
- c'est dimanche, je me disais que tu avais un peu de temps. Je voudrais te parler. Si c'est possible.
-....

Diouldé : itinéraire d'une vieWhere stories live. Discover now