Assy : les caprices du destin (10)

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Assy avait le cœur gros. Cette histoire allait décidemment la poursuivre toute sa vie. Après tout ce temps, il osait encore lui parler de cela. Elle pensait qu'elle n'entendrait plus ce genre de reproche, surtout de la bouche d'Omar. Après tout ce qu'ils avaient traversé. Elle était en train de s'habiller lentement quand Omar sortit à son tour pour s'approcher d'elle.
- excuse-moi Assy. Je suis désolé. J'ai eu une journée...terrible et...
Elle gardait le silence et finissait de mettre un débardeur.
- je n'aurais pas du réagir comme cela. Pardon...
Elle évita de le regarder et se dirigeait vers la porte pour sortir. Mais il lui saisit le poignet et le retourna, voulant qu'elle le regarde. Mais, elle détourna la tête, ne voulant pas le regarder.
- laisse-moi Omar. Je dois aller terminer le diner, murmura t-elle au bord des larmes.
- s'il te plait ma chérie, regarde-moi, pardonne-moi...disait-il en essayant de l'embrasser.
Mais Assy évitait ses lèvres.
- MAIS LACHES-MOI...cria t-elle en se libérant furieusement. ARRETE.
Ils se faisaient face et Assy était tellement fâché qu'elle avait du mal à respirer.
- tu me prends toujours pour de la merde.
- Assy, j'ai eu une journée difficile et...
- tu penses que ta journée a été plus difficile que la mienne. Tu penses que c'est facile pour moi de me lever le matin avec des nausées, des vomissements, un mal-être que je n'ose dire à personne de peur d'être prise pour une folle. Et malgré tout ca je travaille, je passe ma journée à travailler. Quand je n'en peux plus je me couche par terre pour récupérer et parfois, j'ai l'impression que je vais mourir. Mais je tiens. Parce que le soir, j'ai hâte de te retrouver. Quand je suis venue dans la chambre tout à l'heure c'était pour me coucher un peu, mais quand j'ai senti que ça n'allait pas, je tenais à te faire plaisir, à te faire oublier tes soucis. Et toi tu me sors ce genre de chose ???
Omar baissa la tête vraiment désolé et surtout honteux.
- si tu arrives à avoir ce genre de comportement après tout ce qu'on a traversé c'est que tu n'as aucune idée de tout ce que j'ai du....surmonter, ravaler pour pouvoir rester avec toi. Non, tu n'as aucune idée alors de ce que je ressens pour toi et des sacrifices que je peux consentir. Et on n'est pas alors sur la même longueur d'onde...
- Assy...ne t'énerve pas comme cela. Ce n'est pas bien pour le bébé
Elle ne supporta de l'entendre parler comme cela.
- Je m'en fous du bébé. yaw mane mala gueune Omar. Tu penses vraiment que tu es le seul à éprouver de la jalousie ? Ce que tu essaie de me rappeler c'était il y a des années alors que ton histoire avec Filly ne date même pas de 3 mois. Alors dans cette histoire, je suis meilleure que toi car je ne te jette pas tes erreurs à la figure à chaque fois que j'en ai l'occasion. Ou tu penses vraiment que je peux tout te pardonner. Tu te trompe Omar. Je suis faite de chair et de sang. J'ai des limites....
- Assy...pardon...mais...ma vie est tellement compliquée ces temps ci...murmura t-il tandis qu'elle voyait des larmes pointer dans ses yeux. Assied-toi, je dois te parler.
Mais elle était trop énervée pour encore écouter ses excuses et sortit de la chambre.

Omar écoutait la respiration lente d'Assy. Il savait qu'elle ne dormait pas et l'avait entendu pleurer dans les toilettes. Mais il savait qu'en forçant, ça ne ferait qu'envenimer les choses et il a préféré la laisser tranquille, le temps qu'elle se calme. Elle l'avait vu dresser la table, donner à manger à Seydina, lui chanter une chanson très triste et essuyer de petites larmes quand ce dernier s'était endormi. Il avait voulu lui parler, mais elle s'était levé dès qu'il a ouvert la bouche, le laissant seul au salon avec une Ndeya qui les regardait étonné, plus habitué à des séances de rigolades. Mais il regrettait vraiment. Et le pire c'est qu'il ne pensait même pas ce qu'il avait dit. Il savait qu'Assy n'avait plus aucun lien avec cet homme. Comment avait-il pu être aussi méchant. Et dire que c'était lui qui avait tellement de choses à se reprocher. Il avait décidé de lui parler de Filly, mais après tout ce qui venait de se passer, ce n'était pas le moment.
- Assy...commença t-il doucement
- ...
Il se tourna de son coté, et attendit. Mais elle lui tournait ostensiblement le dos.
- je sais que je ne suis pas parfait. Loin de là. Je sais que je t'ai fais souffrir à plusieurs reprises et tu as toujours su me pardonner.
Assy ne bougeai toujours pas.
- tu es meilleure que moi. Indéniablement. J'en suis convaincu. Je sais à quel point tu m'aimes et je te jure que je t'aime encore plus. Je suis impardonnable et je ne sais pas ce qui m'a pris. Pardonne-moi...
Silence. Il savait qu'elle ne dormait pas. Mais ne disait rien. Il approcha sa main et la toucha, mais elle ne bougeait toujours pas. Il s'approcha alors et l'enlaça lentement.
- ne me touches pas...se contenta t-elle de dire.
Il ne l'écouta pas et ils restèrent comme cela une bonne partie de la nuit, éveillés, mais silencieux.
Le lendemain, Assy se leva la première et prépara Seydina en silence. Elle accepta le petit bisou que lui fit Omar en guise de bonjour, sans vraiment réagir, évitant de le regarder. Toute la journée, elle prenait les innombrables appels d'Omar, mais ne disait rien, répondant par monosyllabes à ses questions. Il vint alors la prendre à la descente et l'amena dans un excellent restaurant ou ils discutèrent encore un long moment. Assy se montra plus réceptive et déballa encore une fois les griefs qu'elle avait contre son mari. Il se dédouanait mais reconnut sa jalousie qu'il classa comme un trop plein d'amour qu'il ressentait pour elle. En rentrant, c'était toujours un peu froid entre eux et ils passèrent la soirée à discuter légèrement, dans les bras l'un de l'autre, sans plus car Assy avait juste besoin de parler. Rien de plus et comme il avait envie de se faire pardonner, Omar ne fit rien pour insister.
Mais un soir, après une semaine de diète, Omar lui fit comprendre par des petits baisers et autres accolades trop...suggestifs qu'il voulait plus. La nuit, ls se retirèrent dans leur chambre et Assy mit un sage pyjama en coton en mode vieille maman et s'apprêtait à se coucher.
- tu me fais toujours la tête, demanda t-il en la regardant se peigner à travers le miroir de la coiffeuse
- Non, pourquoi tu demande cela ?
- ce pyjama...un vrai tue-l'amour. Tu fais tout pour me décourager. Mais aujourd'hui ma chérie, tu ne m'échapperas pas.
Avant qu'elle ne proteste, il la souleva et la déposa sur le lit avant de commencer à l'embrasser passionnément et essaya de rattraper sa semaine de diète forcé.
Les jours suivants, Omar se montra attentionné et Assy oublia petit à petit cet incident. Mais elle n'était pas vraiment rassurée car surprenant souvent l'air soucieux d'Omar et ses absences lors de leur conversation. Elle en parla à sa mère qui la rassura en lui disant qu'elle devait tout faire pour lui faire oublier ses soucis et ne pas lui en rajouter. Et elle s'y attela du mieux qu'elle pouvait.

Diouldé : itinéraire d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant