Partie 21

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J'étais encore dans le doute absolu concernant la demande de Rassoul d'aller vivre chez ses parents le temps de son voyage. J'en ai parlé à Adja qui a sauté au plafond en me disant que c'était hors de question et que j'avais intérêt à être ferme sur cela. Le soir, j'en ai encore parlé à Rassoul qui m'a encore sorti pleins d'arguments

- Diouldé, je ne t'ai jamais demandé quelque chose qui me tenait autant à cœur. Je te le demande à genoux. 6 mois ce n'est rien. Je serais plus tranquille en te sachant là bas que toute seule dans cet appartement. Tu ne veux pas m'accorder cela ?

- si je veux bien, mais tu sais qu'avec ta mère et ta sœur ce n'est pas l'amour fou. Ta mère va se mettre à me chercher des problèmes et me mettre mal avec toi, et...

- ne dis pas ça...ma mère ne fera jamais cela.

- si, je te jure qu'elle fera tout pour nous séparer.

- tu as une mauvaise opinion d'elle, mais elle n'est pas méchante

Je ne trouvais plus rien à dire. De toute façon ça ne servirait à rien. Je lui promis donc, à contre cœur d'y aller. J'avais une boule à la gorge et le cœur meurtri. J'étais sur et certaine qu'il y aurait des problèmes. Le weekend d'avant son départ, on s'est rendu à toubab dialaw pour respirer un peu et être ensemble. Il avait déjà son congé et on pouvait profiter de la solitude pour mieux être en phase. Encore une fois il m'a demandé d'être compréhensive avec sa mère et surtout de garder en tête qu'il m'aimait. On est rentré le mardi et il avait pleins de courses à faire. Je suis donc allé voir maman Fanta pour lui expliquer la situation. Elle aussi était ébahi que Rassoul puisse me demander une telle chose. Mais quand je lui ai expliqué les arguments de ce dernier, elle s'est rangée

- il a raison Diouldé. Ce n'est pas prudent de vivre seul dans un appartement. Moi ça ne me poserais aucun problème de t'accueillir chez moi, mais ça ne ferait qu'envenimer les choses. Fais ce que ton mari te demande. Je ne suis pas d'accord, mais je ne peux pas te demander de lui tenir tête.

J'étais complètement dépitée et je commençais à me faire à l'idée que j'allais effectivement devoir aller vivre avec ma vipère de belle mère. Je promis donc à maman Fanta d'y aller

- de toute façon tu as ton stage, tu va quitter tôt et rentrer tard. Les weekends, prend tes bagages et viens ici. Négocie cela au moins. Moins tu les verras, mieux tu te porteras.

Ça c'était une bonne idée. Je voulais vraiment passer le moins de temps là bas.

Les jours filèrent vite et j'étais vraiment triste à l'idée de me séparer de Rassoul. J'étais un peu perdu et la situation me semblait insurmontable. En plus de cela, l'idée de devoir rester avec mère Oussey me déprimait un peu. Ma seule compensation c'était de penser que je trouverais là bas Sokhna et pa Ablaye. Ca me remontait un peu le moral. Tout le monde disait que six mois, ça passait vite, mais pour moi, ça me semblait une éternité. Lui aussi semblait vraiment triste de devoir partir. Il était toujours collé à moi, déposant des tonnes de bisous sur mon cou, me murmurant des mots d'amour. On restait presque tout le temps à la maison enfermé dans la chambre et ceci a contribué à rendre la séparation plus difficile. Il devait partir un vendredi et j'avais pris une petite valise pour ranger quelques affaires. Quand il m'a demandé, je lui ai dit que je comptais passer de temps en temps pour récupérer d'autres affaires en cas de besoins. La bonne devait continuer à venir nettoyer tous les deux jours et Rassoul avait promis d'envoyer chaque moi sa paie, de même que le loyer.

On est donc allé ensemble chez maman Oussey et elle était triste de voir partir son fils. Pa Ablaye lui ne cessait de lui donner des conseils et était très content que je vienne vivre avec eux. Il disait qu'il serait mon mari et qu'il s'occuperait mieux de moi que son fils. J'en était convaincu. Sokhna aussi n'arretait pa de sautiller disant qu'elle était vraiment contente que je vienne. Finalement, je me dis que ça n'allait pas être si terrible que ça. Mère Oussey était prete et disait qu'elle comptais accompagner Rassoul à l'aéroport. Moi aussi j'avais décidé d'y aller, mais finalement j'ai souflé à Rassoul que j'avais des maux de tête et que je n'aimais pas les séparations. Finalement comme il partait un peu tard, je suis allé me coucher en attendant. Ils avaient préparé une chambre pour moi et c'était l'ancienne chambre de Rassoul, là même ou je suis descendu le jour de mon mariage. Il y avait des toilettes attenantes et ça m'arrangeait car je n'étais pas obligé de traversé tout le couloir. Un moment, il est entré dans la chambre pour me dire que son ami qui devait le conduire était arrivé et m'a enlacé pour m'embrasser. un baiser long et interminable et il a fallu que mère Oussey frappe à la porte pour le presser. Une fois qu'il est parti, pour ne pas me laisser seul Sokhna est venue me tenir compagnie, mais je tombais de sommeil et je n'avais pas trop le cœur à parler. Le lendemain, à l'aube, mère Oussey est venue frapper à la porte pour me réveiller pour la prière.

Diouldé : itinéraire d'une vieWhere stories live. Discover now