Assy : les caprices du destin (5)

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En sortant de chez Elhadj, elle décida finalement d'aller voir sa tante. Sa mère ne cessait d'insister et comme elle l'avait promis à son oncle, elle se dirigea vers la maison qui n'était pas trop loin de l'appartement d'Elhadj. C'était la première chose qu'elle avait remarqué quand elle était venue pour la dernière fois chez Elhadj. Il y avait juste une rue qui séparait la maison de sa tante et celle d'Elhadj.

Elle n'aimait pas se rendre là-bas. A part le mari de sa tante, personne ne l'appréciait vraiment. Ses cousines Ami et Ndeye Fatou la saluait à peine et ne s'engageait jamais à discuter avec elle. Sa tante aussi ne cessait de lui faire des remarques qu'elle jugeait désobligeantes sur leur vie. Arrivée devant la maison, c'est sa cousine Ami lui ouvrit la porte et fit semblant un moment d'oublier son prénom, mais au moment de l'annoncer, elle cria à sa mère
- maman, c'est Assy Kane qui te demande
- quel Assy ? demanda sa mère en descendant les escaliers.
Elle la reconnut et lui offrit un large sourire en l'enlaçant pour la féliciter pour son bac et à prier pour elle. Hypocrite, pensa Assy. Elle se mit aussi à s'excuser de ne pas l'avoir appelé
- ce n'est pas grave Badiène Oumy. Personne n'a le temps maintenant.
- c'est vrai. Mais toi tu es ma fille. Je n'ai pas le temps, en plus vous habitez trop loin...Pikine mome...
Elle se contenta d'acquitter et l'écouta râler encore...tonton Amadou descendit à ce moment et il était tout content de la voir. Comme d'habitude. Ils discutèrent sur ses perspectives d'avenir.
- maman, je sors...
Assy se figea.
- Omar viens dire bonjour à ta cousine Assy, dit tonton Amadou. Tu te souviens d'elle ? C'est la fille de ton oncle Ahmed Kane, le frère de ta mère.

Omar regardait Assy comme s'il avait vu un fantôme. Le lendemain de leur petit incident, il comptait s'excuser, mais il a été surpris de voir une autre fille. Quand il a demandé au gardien, ce dernier lui avait dit qu'Assy avait laissé tomber le travail. Sans explication. Il s'en était voulut et durant ces quatre derniers jours, il se demandait comme la retrouver. Sa cousine Assy. Il ne connaissait même pas son nom.
- Assy...dit-il doucement,
C'était bien elle. Elle était encore plus jolie. Elle était habillée d'une jolie robe droite en wax toute simple qui arrivait aux genoux, mais assise, elle remontait légèrement, dévoilant de belles jambes claires. Et ce beau visage légèrement maquillé...il se ressaisit et s'approcha d'elle. Elle se leva et allait lui tendre la main quand il s'approcha pour lui faire deux bises.
- Omar, souffla t-elle
Ils se regardèrent un moment, avant qu'Assy ne détourne les yeux. Tonton Amadou semblait ne pas avoir remarqué la gêne entre les deux cousins
- Omar toi tu dois t'en souvenir. Quand vous étiez plus jeunes, Assy venait souvent avec son père les dimanches et vous vous amusiez. Tu étais plus grand, mais vous vous entendiez bien..
Il expliqua rapidement qu'Omar était revenu du canada il y a quelques mois et avait trouvé du travail. Elle se contenta d'acquiescer sans dire qu'ils se connaissaient déjà. Lui aussi ne dit rien, se contentant de la regarder.

Assy aussi était étonné qu'elle ait des liens de parenté avec Omar. C'était bizarre...il était resté quelques minutes à discuter et lui demander des nouvelles de sa mère. Elle répondit sans grand entrain et après quelques minutes, demanda à partir. Il commençait à faire tard. Tonton Amadou essaya de la retenir, mais elle déclina gentiment disant qu'elle habitait loin et devait vraiment partir. Sa tante ne se donna même pas la peine de la retenir au contraire et au moment de partir, se contenta de lui donner cinq cent francs pour son transport. Elle refusa de prendre disant qu'elle avait de l'argent sur elle
- té nga dieul...vous en avez besoin dit-elle, contrariant Assy
- Oumy...dit sévèrement tonton Amadou
- Non on n'a pas besoin de ça, répondit Assy en la regardant droit dans les yeux, contrariée
Avant que sa tante ne réagisse, elle avait tourné le dos après avoir pris congé de son oncle et de son cousin. C'était toujours la même chose. Il fallait toujours qu'elle la rabaisse. Cinq cent franc...pfff
Elle marchait vers l'arrêt quand elle entendit qu'on l'appelait
- Assy attend...
Elle se retourna et vit Omar courir vers elle
- Viens je te dépose, proposa Omar
Elle n'avait d'ailleurs pas trop envie de partir avec son cousin.
- Non merci.
- Assy...l'appela t-il à nouveau
Il se passa la main sur les cheveux. Il était décontracté aujourd'hui. Un jean, un teeshirt, même son visage semblait plus détendu
- écoute, je suis vraiment désolé pour la dernière fois. Je suis impardonnable et je t'ai cherché le lendemain pour m'excuser. Je n'ai pas été très...
- ce n'est rien, dit-elle. Ce n'est pas grave.
Ils se regardèrent un moment.
- le monde est vraiment petit. On se voit depuis des semaines et je ne savais pas que tu étais ma cousine. C'est bizarre.
Il voulait détendre les choses, mais Assy n'était pas très réceptive. Elle lui en voulait toujours. Et ne s'en cachait même pas.
- Oui...dit –elle simplement.
- tu m'en veux c'est ça ?
Elle ne dit rien, le visage toujours fermé
- tu sais entre cousin cousine, on peut de faire des vannes.
Elle baissa la tête.
- Oui. Mais je suis pressée aujourd'hui. Une autre fois. Ciao
Elle allait partir quand il la retint à nouveau
- je peux avoir ton numéro Assy.
Elle hésita un moment avant de lui donner à contre cœur. Il voulait s'excuser encore, sa cousine semblait avoir tellement de problèmes et apparemment sa mère était au courant et ne faisait rien.

Le lendemain, elle revenait du travail quand elle vit des hommes avec sa mère dans la chambre. Elle reconnut l'oncle d'Elhadj et son cœur manqua un battement
- Assy, viens. C'est l'oncle d'Elhadj et l'autre c'est son ami.
Assy les salua respectueusement, le cœur battant
- ils sont venus sur la demande d'Elhadj. Je leur ai dit que c'est une surprise car je ne m'attendais pas à cette visite. Mais lui-même m'a dit que c'est Elhadj qui lui en a parlé hier et il lui a dit qu'il était hors de question de faire trainer les choses.
Son oncle reprit la parole.
- je n'étais pas au courant de cette relation. sinon, j'allais officialiser les choses depuis longtemps. Des jeunes qui sont ensemble depuis plus de 4 ans, on ne les laisse pas comme cela. Je ne veux pas de protocoles. Fixer nous rapidement un jour pour le mariage et on viendra
Mère Saly regardait Assy.
- ils ont amené sept cent milles et de la cola. Si j'avais été prévenu ils n'allaient pas partir sans qu'on ne leur accorde ta main. Mais je leur ai dit que tu ne m'appartiens pas. Je leur ai demandé de me donner du temps que je prévienne la famille et on leur fixera un jour.
Assy était tellement perdue qu'elle ne savait pas quoi faire.
Ils partirent après quelques minutes de discussion ou chacun faisait des témoignages sur leurs familles respectives.
- Assy pourquoi tu ne m'a rien dit.
- je ne savais pas maman...dit-elle encore en reprenant son sac et en sortant rapidement.
Elle appela Elhadj qui décrocha à la première sonnerie
- Mme Sall...dit-il tout heureux
- Elhadj, qu'est ce que ca veut dire ? Pourquoi tu ne m'a rien dit
Il soupira ;
- écoute, mon oncle t'a vu à la maison hier et m'a posé des questions. J'ai répondu qu'on était ensemble depuis longtemps et que j'avais l'intention de t'épouser. Il m'a sermonné en me demandant de lui indiquer la maison et de lui donner ce que j'avais pu rassembler. Je voulais te prévenir mais bon...
- tu es ou ? Il fait vraiment qu'on parle.
- Je suis encore au bureau. Mais on peut se retrouver à la maison tout à l'heure. Tout le monde est parti à thiès pour une cérémonie. On pourra discuter tranquillement, dit-il en souriant, persuadé qu'elle commençait à stresser pour le mariage et voulait lui demander encore de l'argent
Elle raccrocha et éclata en sanglot. Là, en pleine rue. Avec cette impression d'avoir bousillé à jamais sa vie. Une dame lui demanda d'entrer chez elle et lui donna de l'eau pour qu'elle se calme et lui demanda si elle avait des problèmes. Elle se contenta de la remercier et de se le ver pour partir. Elhadj ne lui pardonnerais jamais si le soir des noces il découvrait qu'elle n'était pas vierge. Il était trop jaloux, trop possessif pour accepter cela. Et Assy aussi ne le supporterait pas. Elle l'avait trompé, menti. Tout ça pour un amour qui sans espoir, tout ça pour Ibrahima. Elle devait lui dire la vérité. Avant qu'il ne soit trop tard.

Arrivée chez lui, il lui ouvrit et était encore en costume.
- entre je viens juste d'arriver, dit-il en s'effaçant
Il l'enlaçant tendrement et déposa un petit baiser sur ses lèvres
- ma chérie tu es stressé. Je te comprends, tu es surprise par la rapidité des choses. Mais rassure-toi. Tout ira bien. Ma mère vient dans 3 jours, le temps de prévenir la famille. Ensuite, je vais te rajouter de l'argent pour que tu te prépares. Je veux que tu organises une fête grandiose pour que ta famille sache que ton mari t'aime...
- Elhadj, l'interrompit-elle. Il faut que je te parle.
A ce moment, il remarqua ses yeux rougis, sa mine triste et son air...paniquée. Il était sur à présent que c'était plus sérieux qu'il ne le pensait
- Assy que se passe t-il ? Dis-moi...
Elle essuya les larmes qui coulaient sur son visage et le regarda
- je sais que tu risque de m'en vouloir, que tu risque de ne pas pourvoir me pardonner, de me détester même. Mais il faut que je t'en parle.
- Assy là, tu me fais peur.
Son esprit pensait à toute sorte de chose. Elle était peut être gravement malade et le lui cachait. Ou ne pouvait-elle pas avoir d'enfants. Il psychotait...surtout qu'ils restèrent un long moment silencieux, Assy semblant chercher ses mots, essuyant ses larmes, triturant ses doigts nerveusement, regardant ailleurs. Puis se lança.
- je suis vraiment désolé Elhadj, mais je dois te dire que je ne suis peut être pas la personne que tu penses épouser. Tout le monde commet des erreurs dans la vie et moi j'en ai commis une...
- une erreur ? Quelle erreur ?
Il était perdu, complètement perdu. Ne sachant que pensez. Assy ? Une erreur ?
- j'ai rencontré un autre homme, et...heuu...on était ensemble et heu on a...Je ne suis plus...je ne suis plus...
Elhadj se redressa. Semblant comprendre, mais secoua la tête. Non ce n'était pas ce qu'il pensait. Ça ne pouvait pas être cela
- tu es sorti avec quelqu'un d'autre ? C'est ca ?
Elle hocha la tête.
- et tu n'es plus quoi ?
Elle ne put rien dire.
- REPOND MOI ASSY.
Il y eut un silence, ou elle regrettait finalement de lui avoir tout dit.
- Vous avez fait quoi ? dit-il plus calmement, mais en se maitrisant.
Non, ça ne peut pas être cela. Non Assy ne pouvait pas lui faire cela.
- je suis désolé Elhadj.
Il eut malheureusement la confirmation
- Tu as couchée avec un autre homme ? C'est ca ?
Elle secoua la tête, l'air perdue
- Non, pas vraiment, c'était...une erreur
Il éclata de rire
- UNE ERREUR, aboya t-il. Tu te fous de moi ou quoi ? Il t'a violé ?
- Non, dit-elle dans un souffle.
Elhadj garda le silence un moment. Un long moment. Pour se calmer. Pour maitriser la situation. Pour essayer de comprendre. Et pourtant il aurait du s'en douter. Il aurait du y songer. Depuis qu'elle avait commencé ce travail de serveuse, il la sentait s'éloigner. Elle a du rencontrer un autre. Oui. Il n'y avait pas songé. Il n'avait jamais pensé qu'Assy puisse faire cela. Pas à lui. Il n'avait jamais songé à sortir avec une autre. Toute sa vie se résumait à Assy. Il en avait connu d'autres avant elle. Mais depuis qu'ils étaient ensemble, il se disait qu'il avait trouvé sa perle. Et l'avait façonné comme il l'aimait. Et c'est cette personne, sa Assy qui venait aujourd'hui lui dire qu'elle avait couché avec un autre homme. Avait embrassé un autre que lui, l'avait touché.
- pardonne-moi Elhadj. Je regrette sincèrement. J'espère que tu pourras me pardonner et qu'on pourra vivre normalement. Je ne suis pas mauvaise Elhadj et je jure que serais une bonne épouse
Il ne se contrôlait plus. Il se jeta sur elle et lui enserra la cou.
- tu n'es qu'un sale pute...comment as-tu pu aller t'offrir comme cela à une autre homme. Tu es une pute...
Assy avait du mal à respirer et souffla difficilement
- Arrête Elhadj, tu me fais mal
Mais il n'entendait rien, continuant à serrer. Puis il la lâcha subitement et introduit ses mains sous son top, avant de le déchirer, faisait voler tous les boutons. Et la laissant en soutif.
Encore sous le choc et essayant de respirer péniblement, elle resta un moment sans réaction. Mais Elhadj était comme fou, aveuglé par la rage.
- tu donnais à tout le monde sauf à moi, c'est ça ? C'était moi le pauvre con qu'on soutirait de l'argent et qui n'avait même pas un baiser...
- Non Elhadj, arrête s'il te plait
Il l'avait basculé sur le sol et maintenait fermement ses mains, tandis qu'il lui embrassait les seins, et descendait la fermeture éclair du pantalon qu'il tira. Mais Assy se débattait et il commença à la frapper rageusement. Elle se protégeait le visage, pour éviter qu'on ne la blesse. Mais Elhadj ne voyait rien. Elle se mit alors à crier, mais rien. Il se leva et commença à se déshabiller
- je vais faire comme les autres Assy. Prendre ma part. Pour le mariage, tu peux oublier. Chez nous, on n'épouse pas les catins.
Quand il fut tout nu, il la souleva et l'entraina de force dans la chambre, en la frappant durement à coup de pied et la jeta sur le lit. Elle voulut se lever, mais il était trop fort et la maintint fermement
Elle le suppliait de la laisser, pleurait, mais il n'écoutait pas.
Elle était maintenant en slip et comme elle résistait quand elle voulut le tirer, il la gifla encore, et encore. Quand elle essayait de résister, c'était encore des coups. Mais dans un dernier sursaut, Assy lui donna un coup de genoux entre les jambes, le faisant plier. Elle se leva rapidement et sortit de la chambre en courant. Ses cris avaient alerté et elle entendit frapper à la porte. Elle ramassa ses habits, son sac et toujours en slip se dirigea vers la porte qu'elle ouvrit toute tremblante tandis qu'Elhadj sortait de la chambre. Il avait revêtu son caleçon et c'était un voisin qui demandait à Assy ce qui se passait. Sans répondre, elle passa devant lui et courut dehors. Il faisait sombre et en bas, elle se cacha dans un coin et revêtit en tremblant son pantalon et le reste de son top, qu'elle ne pouvait plus refermer car tous les boutons étaient tombés. Ensuite, incapable de faire un pas, le corps complètement endolori, elle se recroquevilla dans un coin.
Une demi heure, une heure, deux heures, elle ne savait même pas combien de temps. Son téléphone qui sonnait dans son sac, encore la ramena à la réalité. C'était sa mère.
- Assy je m'inquiète tu es ou ?
- je suis chez Rama maman. Je vais y passer la nuit. je reviens demain.
- tu va bien Assy ?
- Oui maman.
Elle raccrocha et se leva pour se diriger à l'arrêt de plus proche, titubant, l'esprit complètement partie. Elle appela Rama, mais elle ne prenait pas. elle s'assit à l'arrêt, ne sachant plus quoi faire...

Diouldé : itinéraire d'une vieWhere stories live. Discover now