Assy : les caprices du destin (4)

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Le mois de Novembre approchait, l'année scolaire avait débuté et Assy se demandait toujours comment s'organiser pour reprendre ses cours et continuer à travailler. Un dilemme cornélien. Surtout qu'un de ses professeurs, Mr Mbow voulait qu'elle s'inscrive en cours régulier au lieu de choisir les cours du soir. Il était persuadé que si elle s'y mettait vraiment à fond en laissant tomber le travail et en se consacrant uniquement à ses études, elle y arriverait. Mais, Mr Mbow ne savait pas qu'Assy avait besoin de ce salaire. Elle ne pouvait pas l'abandonner. Et sa mère lui mettait une telle pression pour qu'elle étudie aussi, disant qu'elle pourrait se débrouiller pour assurer les dépenses de la petite famille et oubliant que ses arthroses la faisait souffrir chaque jour un peu plus.

Mais elle était prête à soutenir sa fille. Ces temps ci elle n'était que l'ombre d'elle-même. Elle ne l'avait jamais vu dans cet état. Au début, mère Samy avait pensé qu'elle avait peut être des problèmes avec Elhadj, mais elle l'avait vu venir à la maison et apparemment ça allait entre eux. Quand elle lui demandait, elle mettait tout sur le compte de son travail un peu trop chargé. Non, mère Saly ne comprenait pas. Malgré toutes leurs difficultés, Assy avait toujours tenue, gardant sa bonne humeur, son grand optimisme en bandoulière. Mais ces dernières semaines, elle l'entendait parfois pleurer la nuit, même si elle pensait qu'elle dormait. Et le pire elle ne voulait rien lui dire. En désespoir de cause, elle a cru que sa fille était enceinte bien que persuadée qu'elle n'était pas le genre. Quand elle lui a demandé, Assy est partie d'un éclat de rire qu'elle a eut du mal à maitriser, rassurant sa mère.

- Assy, je suis désespérée ces temps ci de te voir comme cela. Je ne comprends pas. Tu es ma fille et je te connais. Je sais que tu as un problème.

Elle secoua la tête.

- maman, je te jure que je vais bien. J'avoue que je suis un peu fatiguée au travail et puis les filles là-bas sont parfois méchantes. Mais sinon ça va. S'il y avait quelque chose de grave, je t'en parlerais, ma maman chérie.

Elle s'accrocha à cette réponse, tout en sachant qu'il y avait peut être plus sérieux.

Après avoir discuté avec sa mère, ce samedi soir, Assy décida d'aller se promener un peu. Pour décompresser. Pour encore une fois essayer d'oublier. Ca faisait un peu plus d'un mois. Depuis plus d'un mois, et elle n'y arrivait pas vraiment. Et Iba ne l'aidait pas vraiment à tenir à ses engagements. Il venait presque tout le temps au restaurant pour essayer de lui parler. Mais Assy se débrouillait pour ne pas le servir ou alors ne pas lui parler. Il n'insistait pas. Il se contentait de la suivre du regard et de partir après avoir pris le soin de lui écrire un petit mot qu'il chargeait la plupart du temps Rama de lui donner. Cette dernière lui demandait de lui parler au moins car même si elle ne connaissait pas leurs problèmes, elle lui disait qu'elle rêverait d'avoir un homme qui ferait ça pour elle. Assy ne disait rien, se contentant de sourire et fourrait le mot dans son sac. Sans le lire. Jusqu'à la veille. 18 petits mots. 18 fois il était venu au restaurant sans vraiment lui parler, mais toujours en écrivant des mots d'amour. « je t'aime », « mbifé », « I love you », « pardon », « tu es belle » entre autres. Elle a éclaté en sanglot en les lisant. Encore une fois. Il lui manquait terriblement, mais elle ne pouvait se résoudre à lui pardonner. Il l'avait trop blessée, elle s'était sentie tellement ridicule dans toute cette histoire. Comme jamais. Mais à chaque fois qu'elle le voyait, elle ne pouvait s'empêcher de l'admirer, d'apprécier sa façon de s'habiller, sa prestance, sa façon de bouger. De loin, elle ne pouvait s'empêcher de le regarder, de l'aimer, de se souvenir des bons moments qu'ils avaient passé ensemble. Mais elle tenait bon. Elle ne devait plus replonger. Elle s'était rendue à l'évidence. Il ne pouvait rien y avoir entre eux. Il avait sa femme et elle avait décidé de rester avec Elhadj. Elle s'était assise dans un coin isolé, et regardait les gens aller et venir quand son téléphone a sonné. Un numéro privé. C'était lui. Cette fois, elle décrocha. Il lui manquait trop. Juste cette fois se promit-elle. Juste entendre sa voix...

Diouldé : itinéraire d'une vieWhere stories live. Discover now