Partie 16

195K 10.4K 695
                                    

Le lendemain, j'allais très tôt à l'hôpital pour voir mon bébé et je le trouvais encore dans le même état. Le pédiatre me dit qu'il avait passé une mauvaise nuit, car il avait eu de la fièvre. Ils pensaient à une petite infection, mais il me rassurait en disant qu'il était sous traitement et que dans quelques jours ca irait mieux pour lui. Rassoul semblait aussi inquiet que moi, mais ne fit aucune remarque, mais je le vis retourner dans la crèche quelques minutes après que je sois sorti pour aller chercher je ne sais quoi. A son retour, je n'osais rien lui demander de peur d'entendre quelque chose qui ne me plairait pas. J'avais l'impression de vivre sous pression. Une fois à la maison, heureusement, les délires de Coumba et Adja m'aidèrent à oublier un peu. Elles devaient aller continuer les courses et me demandaient d'être un peu plus joyeuse car on avait l'impression que je portais le poids du monde sur les épaules. J'avais envie de leur crier que je ne partageais pas leur joie, que leur insouciante m'énervait, mais je me retenais comme d'habitude. Je n'ai jamais su communiquer. J'ai toujours tout gardé pour moi et c'est dans ces moments de peine que cette manie me pèse encore plus.

Ma mère et tata Fatou arrivèrent bien plus tard et comme toujours jamais d'accord sur le sujet. Je compris que tata Fatou voulait qu'on donne des térangas à maman Oussey tandis que ma mère disait niet.

- tant que mon petit fils ne sortira pas, je ne donnerais rien du tout.

J'étais du même avis qu'elle. Je ne voyais même pas le sens d'organiser la cérémonie de demain. Finalement, tata Fatou se rangea derrière l'avis de ma mère, mais lui dit de se préparer car c'est sur qu'on recevra des piques demain. Je m'en foutais royalement. En début d'après midi, maman Fanta arriva trainant une énorme valise. Je ne pouvais l'aider car j'avais des douleurs au bas ventre, mais tata Fatou accourut et ce n'était pas fini. Un garçon tenait également 2 autres valises et il déposa le tout au salon et elles s'installèrent sous le regard médusé de ma mère. Maman Fanta était venue avec une des ses amies tata Marie qui était sa meilleure amie. Tata Fatou lui demanda ce que contenait ses valises et elle répondit que j'étais sa fille et que tout ce qu'il y avait à faire c'était à elle de le faire. J'avais juste envie de lui dire qu'il n'y avait rien à faire, mais heureusement que ma mère le lui dit dans des termes assez clairs.

-Fanta, mon petit fils est à l'hôpital. Je ne pense pas que je vais faire quoi que se soit demain.

- Aissatou, si tu ne fais rien moi je vais faire. Rassoul m'a dit que sa famille dit beaucoup de mal de Diouldé à cause de moi et je voudrais rattraper cela. C'est la raison pour laquelle, il ne voulait pas que je m'approche de sa femme. Maintenant je veux que ca soit de l'histoire ancienne.

Donc elle savait pour toutes les mauvaises choses qu'on disait sur moi. Et c'était de sa faute non ? Ma mère ne la laissa pas finir

- je sais toutes les bonnes intentions que tu as pour elle Fanta, mais comprends moi.

- je te comprends, mais cet enfant est né et tout ce qui doit se faire se fera. Dieu protège tout le monde et il le protégera. Je suis sur qu'il ira bien. Je te dis que sa belle mère a l'intention de faire une cérémonie demain. Il ne faut plus leur donner l'occasion de lui dire quoi que ca soit. On est au Sénégal Aissatou et ca se passe comme ca. Il faut leur fermer la bouche une bonne fois pour toute.

Chhii, c'était maman Fanta toute crachée. D'un côté j'avais quand même envie qu'elle y aille pour effectivement m'aider à éclaircir tout le problème de mon passé, mais en même temps, je n'avais pas envie de choses grandioses dans ce contexte. Je n'avais pas le cœur.

Finalement c'est tata Marie qui trancha

- ce qu'on va faire c'est y aller tout de suite et leur dire que demain, puisque l'enfant est malade, on viendra avec nos térangas le matin sans faire de bruit et le faire rapidement.

Diouldé : itinéraire d'une vieحيث تعيش القصص. اكتشف الآن