Partie 22

225K 10.9K 1K
                                    

J'avais du mal à comprendre, à réaliser. Pour l'instant, j'avais juste envie que cette douleur cesse. J'avais trop mal. Je ne fis pas trop attention à la réaction de mère Oussey qui a écarquillé les yeux et m'a regardé de façon bizarre. Elle est sortie sans rien demander de plus et la sage femme s'est tourné vers moi pour me demander si c'était mon mari qui était l'auteur de la grossesse. Mon air choqué a du la déstabiliser

- excusez-moi, mais c'est la procédure en cas d'avortement. On est obligé de poser des questions

J'avais trop mal. Je voulais juste qu'elle me soulage de cette douleur. Je lui ai répliqué fermement

- Madame mon mari est parti il y a deux mois. Je ne savais même pas que j'étais enceinte. Avoir un enfant est mon plus grand rêve, donc jamais je ne me permettrais d'avorter. Si vous pouvez faire quelque chose pour calmer ma douleur faites le, sinon, laissez moi partir.

Elle hésita un moment avant d'aller chercher une autre infirmière qui me posa une perfusion. Elle me dit juste que ça soulagerait la douleur et que puisque c'est une grossesse jeune, normalement, ça doit s'évacuer seul. Sinon, il fallait faire un curetage. J'avais l'esprit complètement vide. Je ne comprenais pas tout ce qui m'arrivait. Je devais peut être pleuré, mais je ne pouvais pas. Pleurer quoi ? Je ne savais même pas que j'étais enceinte. J'allais pleurer quelle perte ? J'étais surtout trop perdue. Il me fallait réaliser. J'allais le faire et je savais que ça allait être terrible. Mais maintenant, je songeais plutôt à ces maux de ventre terribles. J'avais l'impression qu'on remuait un couteau dans mon ventre. Terrible. J'en criais de douleur

Au bout d'une demi-heure, elles sont revenues pour changer la perfusion, mais les douleurs s'étaient déjà calmées. Cependant le sang commençait à couler et on avait mis une sorte de bassine sous mes fesses. Quand j'ai demandé mère Oussey, on m'a dit qu'elle était partie sans rien demander de plus. Je ne comprenais pas pourquoi elle était partie si rapidement. Je restais donc toute seule pendant presque toute la journée. Je n'avais pas mon téléphone et de temps en temps la douleur était tellement forte que je criais. Mais les infirmières venaient me dire que c'était l'utérus qui se contractait car ils avaient mis un médicament pour cela et c'est pour cette raison que j'avais des douleurs. Elles venaient parfois pour appuyer le ventre et le sang coulait encore plus. Un moment j'ai senti un gros caillot sortir et j'ai appelé. Elles ont regardé le bac et m'ont dit que le plus gros était peut être sorti. Vers 18 heures, comme les douleurs s'étaient calmées, la sage femme m'a demandé de me rhabiller et de rentrer car ce n'était pas la peine qu'ils me gardent toute la nuit, mais que je devais revenir le lendemain. Elle m'a prescrit des médicaments à prendre pour continuer le processus et d'autres pour calmer la douleur. Il n'y avait personne avec moi et elle a eu pitié et m'a proposé de me ramener. Elle s'appelait Tata madeleine et elle est allé me chercher des serviettes hygiéniques et m'a aidé à les mettre. C'est son attention qui m'a fait pleurer.

C'est venu d'un coup. J'ai éclaté en sanglot, des pleurs qui ne pouvaient s'arrêter. Je pleurais ce petit être qui ne voulait pas rester avec moi, cette solitude qui m'entourait. Je n'avais personne pour me ramener chez moi alors que je venais de faire une fausse couche. Tata Madeleine, m'a réconforté comme elle pouvait et on a pris un taxi jusqu'à la maison. Elle allait me remettre de l'argent, mais j'ai refusé. Je suis entrée et j'ai trouvé Pa Ablaye à l'entrée qui faisait les cent pas. Je l'ai salué et il m'a demandé comment j'allais avec empressement

- ma fille depuis ce matin je m'inquiète. Oussey est revenue en racontant du n'importe quoi, et sans me dire où tu étais.

J'étais trop lasse pour m'occuper de ce que mère Oussey avait dit.

- qu'est ce que tu as ma fille ?

- Oh pa Ablaye j'ai fais une fausse couche.

J'ai éclaté en pleur et il a essayé tant bien que mal de me réconforter. Finalement, je suis allée dans ma chambre. Quand je me suis calmée, j'ai appelé la bonne pour qu'elle m'achète mes médicaments et une carte de crédit. A son retour, j'étais encore pliée de douleur et j'ai vite pris mes médicaments pour calmer tout ça et j'ai appelé Rassoul

Diouldé : itinéraire d'une vieWhere stories live. Discover now