Untitled Part 10

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Enfin les examens prirent fin et je pensais que je m’en sortirais. Juste après, le jour la, on avait décidé avec toute la classe d’aller dans un bon restau pour manger et décompresser. C’était un vendredi et avec les fêtes de Noel qui approchaient, tout le monde était euphorique. Il y avait une bonne partie de la classe dans le restau et on avait rassemblé des tables pour former un grand banquet et tout le monde rigolait et s’amusait dans une bonne ambiance. Fred comme d’habitude était à mes cotés et ne cessait de me taquiner en disant que j’étais sa femme et qu’il m’amènerait dans son pays. On discutait quand je vis entrer Tonton Farah dans le restaurant en compagnie d’une jolie demoiselle. Je me figeais et mon cœur manqua de s’arrêter. Fred me demandait si j’allais bien car je venais de faire tomber les couverts que j’avais en main. Depuis mon départ de la maison je ne l’avais plus revu et j’éprouvais malgré moi cette peur associé à une rancœur tenace. Je voulais partir mais j’avais peur qu’il ne me remarque donc je restais bien sage et ne prit plus part à la conversation. C’était sans compter avec un autre étudiant qui assis à l’autre bout de la table voulait que je vienne prendre une photo avec lui. Il criait mon nom et je vis tonton Farah lever la tête et regarder dans notre direction. Nos regards se croisèrent et il eut un air très surpris. Je pris mes bagages et malgré les protestations de Fred, je leur demandais de m’excuser et je suis sortie brusquement. Je vis tonton Farah se lever aussi et j’ai pris mes jambes à mon cou. Je l’ai entendu m’appeler dans la rue mais j’ai couru aussi vite que possible sans m’arrêter, le cœur battant et la peur au ventre. Une fois bien loin, je m’arrêtais et me demandais pourquoi j’ai fui. Que pouvait-il donc me faire là bas. Mais je ne me sentais pas encore prête pour l’affronter. Non ni lui, ni maman. J’avais réussi à survivre à tout ce qu’ils m’avaient fait, j’avais juste souhaité ne plus jamais le revoir de ma vie. Je me promis d’éviter ce restaurant et rentrais directement à la maison. Je ne voulais plus de problème dans ma vie et je ferais tout pour rester dans mon coin.
Le lendemain, j’appelais ma mère et après moult essais et beaucoup de patience je l’eue finalement au bout du fil. Je lui parlais de Rassoul et de sa proposition de mariage. Je lui dis que c’étais celui qui était venu me rendre visite et elle ne cachait pas trop sa déception de ne pas me voir épouser un de mes compatriotes guinéens. Elle me disait qu’elle avait peur que les sénégalais ne m’intègrent pas et que la différence de culture constitue un vrai problème. Je dus lui faire comprendre que j’étais aussi sénégalaise et que le mélange de culture ne devais pas constituer un frein et que l’essentiel était qu’il était un bon musulman ainsi que sa famille. Je lui expliquais que sa famille était à Dakar et qu’il qu’on se marie rapidement. Elle me dit qu’il fallait qu’elle en parle au frère de mon père et me demanda de dire à mon frère de l’appeler pour qu’il lui dise ce qu’il fallait faire et qui avertir à Dakar. Elle me promit de venir dans les semaines à venir.
Une fois à la maison, j’en discutais avec Ibrahima qui me disait qu’il aurait préféré que je me marie avec un compatriote surtout qu’il y avait un de ses amis qui venait souvent à la maison qui disait toujours qu’il voulait me prendre comme épouse. Il disait que les sénégalais ne supporte pas toujours les étrangers et que quoi qu’on dise nous étions toujours considéré comme des guinéens. Je rigolais en lui disant que ca c’était dans sa tête et que moi je me je me réclame des deux nationalités donc je n’avais pas ce problème. Mais il dut avouer que Rassoul était quelqu’un de bien et qu’il ferait un bon mari pour moi. Il me souhaitait beaucoup de bonheur et promit d’appeler ma mère.
Le soir, quand j’eus Rassoul au téléphone, je lui fis part de ma conversation avec ma mère, en évitant de lui parler de ses craintes concernant le mélange de culture. Il me dit qu’il fallait qu’on en discute pour fixer une date et en faire part aux parents et que le plus tôt serait le mieux. Il était de garde le lendemain, mais promit de passer le surlendemain qui tombait le 24 décembre et me rappelait que ca faisait 3 ans que chaque année il me proposait de sortir et à chaque fois, je refusais. Je souris à cette évocation et lui dit que la persévérance paye puisque cette année on sera ensemble. Avant de raccrocher, il me soufflait qu’il m’aimait et que j’allais faire de lui l’homme le plus heureux de la terre.
Le lendemain, je décidais d’aller à la cité Claudel voir mes amies car je m’ennuyais à la maison. Je les trouvais en plein dans les préparatifs de la fête et fatou était en train de faire des mèches à Maty. J’en profitais pour me disputer avec Fatou qui lui avait remis mon numéro et elle me dit qu’il avait vraiment insisté. Je passais tout l’après midi avec elles et vers 17h, je reçus un coup de fil de Demba qui me demandait ou j’étais. Je lui dis que j’étais avec les filles et il me demanda de l’attendre. Au bout d’une heure, il entrait dans la chambre, tout beau et comme toujours très bien habillé. Il saluait les filles et restait un moment, puis me demandais si on pouvait parler un moment. Je pris mon sac et dis au revoir aux filles.
Il me demanda comment s’était passé mes examens et si je m’en étais bien sorti. Je répondais que ca allait et lui demandais des nouvelles de Babacar. Il sourit
- Coumba ne t’as rien dit ?
- non je n’ai plus régulièrement de ses nouvelles depuis quelques temps
Et c’était vrai. A chaque fois, c’était moi qui l’appelais et parfois, elle me faisait comprendre qu’elle était occupée donc depuis quelques temps, j’avais décidé de ne plus trop insister.
- Babacar s’est marié cet été.
- ha…me contentais je de répondre
Il me dit que de toute façon c’était fini entre lui et Coumba et qu’il avait rencontré une jolie femme et qu’il avait sauté le pas. On marchait vers sa voiture et j’hésitais à entrer. Il me rassura en disant qu’on allait juste manger quelque part et finalement je rentrais. Dans la voiture, il avait mis la musique et chantonnais en me jetant de temps en temps des coups d’œil. Je songeais à Coumba et me disait que je devais quand même l’appeler car apparemment, elle voulait prendre ses distance et je ne devais pas la laisser faire. On ne gache pas une amitié comme ca. Je me rendis compte qu’on allait du coté de l’aéroport et finalement il se gara près de la mer. Il me dit que cet endroit était magnifique et qu’il faisait les meilleurs poissons braisé du monde. Et il n’avait pas tord. L’endroit était beau et calme avec des atbles bien dressées et on s’isolait un coin. On parlait de tout et de rien comme si on n’avait rien d’important à se dire et un moment, le poisson arriva. On mangeait en rigolant dans la bonne humeur et après cela, il me prit la main et on partit du coté de la mer. On s’installait sous une tente en face de l’océan et j’avais cette impression qu’on était seul au monde. Il mit son bras sur les épaules et se baissait pour m’embrasser. Mais je le repoussais gentiment en disant qu’il ne fallait pas faire ca. Je dégageais aussi son bras et il me demandait pourquoi j’ai accepté de venir avec lui
- pour qu’on discute Demba. C’est toi qui a demandé à me parler et moi aussi je veux qu’on parle parce que je crois que je te dois bien ca
- oui, tu me dois des explications. Diouldé, tu ne peux imaginer dans quel état j’étais quand je suis revenu et que ta maman m’a raconté que tu entretenais en cachette une relation avec son mari et que tu le faisais chanter en échange de somme d’argent. J’ai failli devenir fou. Je ne voulais pas le croire et en même temps, tu avais disparu. Même Coumba ne savais pas ou est ce que tu étais. Fatou avait ton téléphone et ne disait rien. J’ai tout essayé pour qu’elle me dise ou tu étais, je lui ai même donné de l’argent et elle prenait en restant toujours muette.
- et tu as cru tout ce que maman t’as dit demandais je tristement
- je ne savais pas quoi croire. Si tu avais eu des antécédents avec lui, tu ne m’en a jamais parlé et pourtant je croyais qu’on se disait tout. Tu avais promis que tu ne me cachais plus rien
- c’est vrai, mais ca je ne savais pas comment le dire. Il me persécutait dans la maison et maman m’avait interdit d’en parler.
Je lui expliquais l’histoire de bout en bout et comme d’habitude, je me mis à pleurer. L’évocation de cet épisode avait toujours le même effet sur moi. Un moment, comme j’avais la tête baissée, il me prit le menton et me souleva le visage. Il se penchait et cette fois, je ne l’en empêchait pas. On s’embrassait et je me retrouvais à me blottir contre lui et à lui rendre son baiser. Je me ressaisis et m’écartai de lui doucement.
- excuse moi lui dis je en m’en voulant un peu d’avoir fait ca. Je pensais à Rassoul et me dit que je n’avais pas le droit de faire ca.
- Diouldé, tu m’as tellement manqué. Comment as-tu pu vivre tout cela sans me le dire. Tu me fends le cœur.
- tu as été la première personne que j’ai appelée mais tu n’avais pas mon temps. Tu étais avec ta famille, la mère de ta fille et moi je ne comptais plus
Il baissa la tête et me prit les mains.
- je t’ai expliqué pourquoi elle était là bas. Quand vas-tu faire entrer dans la petite tête que c’est toi que j’aime. Avant de partir on avait des projets de mariage Diouldé. A ce moment on aurait du parler de bébé, au lieu de ca tu essaie de me culpabiliser.
Je ne savais quoi répondre. Il me fixait avec ses beaux yeux et je me devais de lui dire ou j’en étais et lui dire qu’entre nous ce n’était plus possible
- je suis désolé Demba, comme je te l’ai dit, je suis avec quelqu’un. Quelqu’un qui a toujours été présent pour moi, qui m’a toujours soutenu, toujours encouragé et on doit se marier bientôt. On est ensemble et il est hors de question pour moi de le trahir pour toi alors que dans ma tête tu es toujours en relation avec la mère de ta fille.
- tu n’es pas sérieuse Diouldé ?
Je le regardais en secouant la tête. Il avait froncé les sourcils et affichait un visage très peiné
- et cette personne tu l’aimes ? Est ce que tu l’aime ?
J’avais les larmes qui pointaient et je lui dis oui dans un souffle. J’avais le cœur brisé par l’expression que je voyais sur son visage. Il continuait à me regarder et sans je m’y attende, il se penchait et commençait encore à m’embrasser. Je n’avais pas le courage de le repousser et je m’accrochais à lui. Il s’écartait et se leva d’un coup me laissant sur la natte. Il entreprit de marcher jusqu'à l’eau et y resta un bon moment. Je n’avais pas bougé et au bout d’un long moment, il revint et me tendis simplement la main pour m’aider à me relever. Sans rien dire on cheminait ensemble vers la voiture et une fois arrivé, il s’arrêtait et se tourna vers moi.
- je ne peux pas te forcer à être avec moi. Je t’aime et je sais que tu m’aimes aussi. Mais si tu as envie de bousiller ta vie avec un autre c’est ton choix. Je crois avoir fait tout c que j’avais à faire avec toi. Je ne sais même plus quoi te dire ou faire pour te convaincre. Tu es assez grande. Je te souhaite beaucoup de bonheur dans la vie.
Il me regardait et ses foutues larmes revinrent d’un coup. Je ne disais rien et tournais mon regard ailleurs pour qu’il ne se rende pas compte que je pleurais. Je suis entrée dans la voiture et laissait les larmes couler sans essayer de les essuyer. Le trajet se fit en silence et il me demandait ou il devait me déposer. Je lui indiquais le quartier et arrivé au bout de la rue je lui dis que c’était bon. Sans un regard j’allais sortir quand il me prit la main. Je restais assise et finalement me tournait vers lui.
- je t’en supplie Diouldé, ne fais pas ca. C’est bien la dernière fois que je te demande de revenir sur tes positions. Je ne peux pas passer toute ma vie à te courir après. Réfléchis bien.
Je lui dis juste que j’étais désolée et il m’a quand même attiré à lui et on s’est embrassé de manière désespéré. Je ne voulais pas le lâcher, je ne voulais pas que ça finisse. Au bout d’un long moment, il s’est écarté et a posé son front contre le mien. Je gardais les yeux bien fermés, avec juste une forte envie de lui dire que c’était lui que j’aimais par-dessus tout. Mais je me suis retenue et je me suis détaché lentement avant de sortir et de marcher machinalement vers la maison. Je suis tombé sur Ibrahima qui me regardais sévèrement. Il me dit qu’il n’appréciait pas que je parte avec des hommes en voiture alors que j’étais sur le point d’épouser Rassoul. Je n’avais pas le moral pour répondre et je lui dis juste qu’il avait raison et je montais me coucher. Je dormais toute habillé quand je reçus un message poignant de Demba qui me disait qu’il m’aimait et espérait toujours que je prendrais la bonne décision. Je le lus le cœur gros et m’endormis en faisant plein de cauchemars.

Diouldé : itinéraire d'une vieWhere stories live. Discover now