Assy : les caprices du destin (9)

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- je ne vois pas pourquoi je ne voudrais pas me marier avec toi Assy. Je t'aime. Tu ne me crois donc pas ?
Il garda le silence un moment
- pour ma mère, je...suis dépassé. Je ne comprends rien. Je ne peux pas croire que ma mère, ma propre mère puisse faire cela.
Il cherchait ses mots, secouant la tête...
- je...ne comprends rien Assy. Je te jure.
Elle lui caressa la joue délicatement
- ce n'est rien. Mais ce n'est pas fini. Je voulais te prévenir. C'est ta mère, mais je ne lâche pas l'affaire. C'est pourquoi je te demande de choisir Omar. Demain, ne viens pas me reprocher des choses. Je dirais à toute la famille ce que ta mère a fait. Tout le monde saura...
- ne fais pas ça Assy. Je t'en prie...
Elle secoua la tête.
- Non, ça ne peut plus continuer Omar. Je n'ai plus l'intention de me faire traiter comme cela par ta mère.
Il se contenta de hausser les épaules, avant de l'aider à rassembler les lettres. Elle n'avait pas tout lu, mais ne voulait plus se mettre à pleurer. Quand elle lui dit qu'elle avait faim, il sortit lui chercher à manger et à son retour, elle s'était endormie. Il la réveilla quand même et ils mangèrent ensemble en discutant légèrement des modalités pour le déménagement. L'appartement d'Omar était déjà équipé et en attendant de trouver ou mettre tous les meubles, ils avaient décidé de conserver l'appartement. Ils dormirent ensemble dans la chambre, dans les bras l'un de l'autre, sagement. Chacun avait des doutes pleins la tête. Assy se demandant si Omar pourrait tenir le coup, la soutenir, face à sa mère. Elle doutait. Il avait déjà montré une fois qu'il était du côté de sa famille. À son grand désarroi. Elle voulait cependant se convaincre que cette fois, il ne lui referait pas le même coup. Pas avec Seydina. Pas maintenant qu'elle lui avait pardonné tant de choses. Elle soupira et regarda Omar qu'elle croyait endormi. Leurs regards se croisèrent. Leurs yeux parlèrent. Assy vit que lui aussi semblait inquiet,
- Assy, fais-moi confiance, murmura t-il. Tout s'arrangera.
- j'ai peur Omar. Tu penses que ça marchera ?
Il sourit et déposa un baiser sur son front
- Oui, j'en suis persuadé. Des erreurs, on en tire des leçons et j'en ai tiré. Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais je t'assure que tu peux me faire confiance Assy.
Elle le regarda, le regard inquiet. Quand il lui sourit, elle se rassura légèrement et en fit de même. Finalement, elle s'endormit, bien blotti dans les bras de son chéri, l'esprit toujours en ébullition et ne cessant de penser à son père.

Le lendemain, ils furent réveillés très tôt par le téléphone d'Omar qui sonnait. C'était tonton Omar qui voulait lui parler en urgence. Quand Omar voulut savoir la raison de cet appel matinal, il ne lui en dit pas plus, se contentant de lui dire qu'il n'attendait que lui. Assy se leva aussi et se prépara ainsi que Seydina.
- tu vas ou comme ça ? demanda Omar en la voyant s'activer.
- je t'accompagne.
- mais...
- Non, tonton Omar t'appelle tôt le matin pour parler de moi. J'en suis sûre. Il va entendre ma version. Je ne me laisserais plus faire. J'en ai marre.
Omar protesta, mais devant l'air buté d'Assy, il ne put que la laisser l'accompagner. Elle confia Seydina à sa voisine qui le prenait parfois avec plaisir car ayant un enfant du même âge.

Tonton Omar ne cacha pas son agacement quand il vit Assy, mais celle-ci n'en fit pas cas et alla dans la chambre de son père. Cette fois, elle le regarda et lui sourit avant de s'approcher et de s'assoir à côté de lui.
- Bonjour Pa..pa. dit-elle doucement, tellement doucement qu'elle se demanda s'il l'avait entendu
Il lui sourit tendrement
- Bonjour.
Il y eut un moment de silence
- ton oncle est fâché. Tu es allé voit ta tante pour te disputer avec elle ?
Assy soupira.
- Oui, répondit-elle simplement, ne voulant pas soulever la discussion maintenant.
Son père garda le silence et à ce moment tonton Omar entra dans la chambre, suivi d'Omar et de sa mère. Elle était étonnée de la voir, pensant qu'elle était à St-louis. Elle lui dit qu'elle avait reporté son voyage jusqu'au lendemain. Sans plus. L'atmosphère était lourde, la tension palpable. Jusqu'à l'entré de Badiène Oumy. Quand Assy la vit, elle eut envie de rigoler. Elle avait bandé sa main et boitillait. Elle était soutenue par son mari qui jeta un regard rapide à Assy. Omar se leva aussi pour aider sa mère à s'installer sur le lit, près de son frère. Le silence se fit plus lourd. Et on attendit. Encore. Jusqu'à ce que la voix forte de tonton Omar déchire le silence.
- Bon, on attendait Fatou et Khady, mais elles ne vont pas tarder.
Il se tourna vers Assy.
- toi, tu n'étais pas censé être là. C'est toi qui a causé tous ces problèmes et on va essayer de trouver une solution
- je ne bougerais pas d'ici tonton. Vous allez parler de moi, il vaut mieux que je sois présente pour répondre.
Mère Saly bougea sur sa chaise, mais ne dit rien. Ses deux autres badiènes firent leur apparition et s'installèrent près d'Oumy avec un air condescendant. Tonton Omar commença par s'excuser pour avoir dérangé tout le monde avant de se tourner vers son frère, Souleymane
- Souleymane, tu as été absent pendant des années. Mais laisse-moi te dire qu'on n'est pas content d'Assy. Elle n'en a fait qu'à sa tête et le pire c'est qu'elle a entrainé sa mère. Finalement, elle ne venait plus aux rencontres de famille ou alors faisait en sorte de repartir très vite. Lorsqu'Omar a voulu l'épouser, on a eu peur et le temps nous a donné raison. Oumy peut me prendre à témoin. On est allé plusieurs fois chez elle pour essayer de régler des problèmes soit entre elle et son mari, soit entre elle et d'autres personnes...pas fréquentables. Elle a même eu un problème avec la justice
Assy l'écoutait. Ebahi. Présenté comme ça, elle passait pour un semeur de trouble. Mais elle essaya de se calmer et ne répondit pas. Surtout quand tonton Omar admit avoir pesé de tout son poids pour que son homonyme Omar se sépare d'Assy car estimant qu'elle ne lui poserait que des problèmes. Ensuite, il revint sur le problème de la veille
- Oumy m'a appelé hier nuit pour me dire qu'Assy l'avait agressé chez elle pour lui réclamer les lettres que tu avais envoyé.
A ce stade, badiène Oumy prit la parole en gémissant
- Souleymane, tu es mon frère. Quand tu m'envoyais les lettres, je ne savais pas ou elles habitaient et c'est pourquoi je les gardais. Après j'oubliais. Mais il fallait voir Assy hier. Comme une lionne sur moi. Alors qu'après tout je suis sa Badiène.
Cette fois Assy ne tint plus.
- arrêtez de jouer les hypocrites comme ça...s'exclama-t-elle
- Assy, la coupa sa mère.
- non maman, si tu n'es pas capable de parler, je vais le faire, dit-elle avant de se tourner vers son père. Quand tu es parti, Badiène Oumy nous a accueillis ici durant à peine deux mois après qu'on ai saisi la maison. Après elle nous a fait savoir qu'elle ne pouvait plus, que nous devons sortir et chercher ailleurs ou nous loger. Personne de toutes les personnes ici présentes n'a accepté de nous accueillir. On n'avait rien, Ablaye avait 2 ans et moi à peine 10. Une nuit, on a dormi devant une maison, par terre. Parce qu'on nous a chassé partout et que Badiène Oumy avait obligé maman à vendre tous ses bijoux. J'ai commencé à travailler à 12 ans. Je ne savais rien faire, mais il fallait aider maman. Pendant ce temps, tes frères et sœurs étaient là et personne ne levait le petit doigt, ne serait-ce que pour savoir si on était encore vivant.

Diouldé : itinéraire d'une vieWhere stories live. Discover now