Part 14

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Depuis ma petite discussion/mise au point avec maman Oussey, elle était au petit soin. Je ne comprenais même plus son attitude. J’étais sur mes gardes et à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche je me crispais réfléchissant à une réponse, mais non. Elle était toute douce et toute gentille avec moi. Un moment je me dis que Rassoul avait bien fait de lui parler. Comme elle avait mis un peu d’eau dans son vin j’en fis de même. Avant j’évitais de lui parler et me contentais juste de discuter avec Pa Ablaye. Mais comme elle était gentille, me demandais des nouvelles de ma nouvelle bonne, ca allait mieux entre nous. Un matin, elle m’appelait dans sa chambre et me remit une bouteille avec un liquide noirâtre
- tiens ma fille prend ca. Walay c’est fait uniquement avec des versets de Coran. Dans ton état il faut te protéger du mauvais œil. Quand Kiné était enceinte aussi…
J’essayais de l’interrompre mais elle continuait à parler. Mais qu’est ce qu’elle me raconte cette bonne femme
- mais maman, je ne comprends pas ?
Elle fit la tête de celle qui a tout compris
- ha, ma fille, je suis une vieille. J’ai compris dès que Rassoul est venu me dire que tu es malade. Ca commence comme ca. Moi aussi comme toi, je faisais des baisses de tensions lors de mes grossesses. Mais tout ca c’est normal. Maintenant, il faut aussi se protéger et cette potion m’a été remis par…(elle ne s’arrêtait jamais quand elle était lancée)
J’hésitais entre rire ou lui mettre un foulard dans la bouche pour qu’elle s’arrête de parler. J’attendis patiemment qu’elle finisse
- haa maman, je suis désolée, mais je ne suis pas enceinte. J’avais juste une baisse de tension car j’étais fatiguée entre les cours et le travail chez moi. Mais je ne suis pas enceinte
Je vis son visage se décomposer littéralement et elle fronçait les sourcils
- tu es sure ? Je ne me trompe jamais. Quand je dis qu’une femme est enceinte c’est qu’elle l’est. Je vais te mettre en rapport avec une sage femme qui va te consulter
- maman, moi aussi quand je te dis que je ne suis pas enceinte c’est que je ne suis pas enceinte.
Je lui tendis sa bouteille de potion.
- je te rends ca.
- non non garde la. dit-elle en secouant les mains et en refusant de prendre.
Elle semblait agacée et comme elle ne disait plus rien je suis sortie. J’étais un peu déstabilisée par tout ca. Elle espérait vraiment que je sois enceinte et c’était peut être la raison pour laquelle elle s’est radoucie avec moi.
Le soir j’expliquais à Rassoul mon entretien avec sa mère et cela le fit rire un bon moment. Ensuite, il m’enlaçait tendrement et me murmurait
- il serait peut être temps que tu arrête de boire tes pilules. Moi aussi j’aimerais que tu tombe enceinte.
Je souris et ne répondais rien. Ils voulaient me mettre la pression. Je ne trouvais rien à lui dire. Finalement, je lui assurais que j’arrêterais bientôt. Et pourtant on en avait parlé et on était tombé d’accord sur ce point. Mais je compris à ce moment qu’il tenait vraiment à avoir un enfant et je m’en voulus un peu d’être aussi égoïste. Et je lui promis d’arrêter les pilules. Avec certes un peu de regrets et d’appréhension, mais je le lui promis quand même. Il était tellement content qu’il faisait plaisir à voir. Même si il n’y avait aucun effet pour le soir même, il entreprit quand même d’essayer de faire un bébé.
Mon mariage civil fut aussi célébré le 30 Décembre à la mairie. C’était une cérémonie très sobre et très rapide. Il y avait Adja et Ibrahima comme mes témoins. Rassoul était magnifique avec un superbe costume et moi j’avais juste mis une robe noire toute simple agrémenté de bijoux et d’un foulard. Comme témoin, il avait fait appel à un de ses amis Bachir qui était aussi médecin et le mari de Kiné, Jules. Après la cérémonie, on est tous allé manger à la maison et j’avais demandé à Astou de préparer un bon repas. C’était une belle journée et je me sentais heureuse et épanouie. Rassoul m’aimait beaucoup et je ne pouvais espérer plus.

Le 31 Décembre de cette année, on se rendit dans un restaurant très classe avec un orchestre. Avant cela, on était passé chez maman Oussey pour leur souhaiter la bonne année et Pa Ablaye était parti à Thiès chez sa deuxième épouse. Quand il n’était pas à la maison, je me sentais un peu dépaysée et perdue. Surtout qu’il y avait Kiné et son mari et toutes les sœurs dans le salon. Je ne voulais pas trop participer à la discussion et me contentais de sourire. Avec Kiné et Maman Oussey dans la même pièce je préférais me méfier. Je passais quand même une bonne soirée avec Adja et son copain et un autre ami de Rassoul, Bachir qui était avec sa femme. La soirée s’est terminée très tard et le lendemain on a dormi presque toute la journée. En fin d’après midi, Rassoul ma demandé de préparer mes affaires car on devait aller à la maison de Toubab Dialaw. Je ne pouvais tenir en place tellement j’étais contente. Il disait que puisqu’on vient encore de se marier, on doit avoir encore une lune de miel.
Cette fois, je savourais pleinement ma lune de miel. Malheureusement, il faisait trop froid pour qu’on puisse profiter de la piscine et Rassoul qui essayait de jouer au petit guerrier est sorti congelé. Il ne parlait plus tellement il tremblait et il a fallu que je coule un bain bien chaud pour qu’il retrouve un peu de vie. Je riais à en avoir des crampes. Ensuite, c’était surtout le lit qui l’intéressait. Pour les couples, c’est toujours bon de changer d’environnement pour faire l’amour. Ca donne des idées et ca raffermit les liens. Bien sur, moi je le laissais faire, même si je ne ressentais pas toujours beaucoup de plaisir à l’acte. Mais il savait bien me satisfaire durant les préliminaires et prenait son temps à explorer chaque millimètre de mon corps avec sa langue, ses mains. C’était excitant, et parfois je le suppliais de laisser tomber tellement les sensations étaient intenses. Bon, même si la pénétration et l’acte était encore un peu douloureux pour moi, je n’en fis pas cas et après tout j’étais satisfaite.
On a aussi beaucoup discuté et il me fit comprendre qu’avoir un bébé avec moi serait l’aboutissement de ses rêves. Et comme l’environnement était tout simplement magnifique, on repartait de là beaucoup plus amoureux et plus complice. Je l’aimais vraiment et je priais pour qu’aucune ombre ne vienne perturber ce beau tableau.
A mon retour les cours avaient commencé et Rassoul aussi avait un rythme effréné. Dans la semaine, il pouvait être de garde la nuit jusqu’à 3 fois. Au début, c’était un peu difficile, mais je m’habituais. Il voulait que Sokhna vienne passer la nuit avec moi, mais je refusais et c’est Astou qui restait pour passer la nuit quand il n’était pas la. Je repris mon rythme et je trouvais aussi le temps surtout le weekend d’aller rendre visite à mon oncle et à tata Fatou, la maman de Coumba. Cette dernière avait promis de venir en vacance durant l’été et j’en étais toute contente.
J’avais promis de ne pas parler à mon cousin Ibrahima, mais je ne tenais pas ; un jour je suis allé le trouver dans son magasin et après les salutations, je lui ai demandé pourquoi il est allé raconter du n’importe quoi sur moi. Il ne savait pas trop quoi dire et se mit à nier tout. Il disait qu’il ne pensait que du bien de moi. Je savais que ma mère ne racontais pas d’histoire et après je lui dis quand même ce que je pensais et il le prit très mal. Mais je me sentais soulagée car j’avais cela en travers de la gorge. En partant, il me demandait si j’avais des nouvelles de tata Fanta et je lui dis que non. Il m’informait qu’elle passait le voir et lui demandais souvent de mes nouvelles. Je ne voulus pas croire ce qu’il disait et partait sans rien demander de plus.
Je passais par la même occasion voir mon frère et sa femme. Sa grossesse avançait et elle allait à tous ses rendez vous. Elle me dit qu’Ibrahima voulait qu’elle retourne en Guinée mais qu’elle n’était pas disposée à le faire. Je lui promis d’en parler à son mari et lui recommandait de bien se reposer. Les femmes en état de grossesse m’intriguaient et je me demandais comment elle faisait pour gérer cela. Ca me semblait tellement bizarre et j’appréhendais vraiment cette situation. Je ne savais pas si je pourrais supporter un être qui bougerait dans mon ventre, grandirait en moi. J’avais dit à Rassoul que j’avais arrêté la pilule, mais j’étais trop angoissée et au bout d’une semaine, j’ai racheté la boite et j’ai recommencé à boire en le cachant à Rassoul. J’avais trop peur et ne me sentais vraiment pas prête. J’avais quand même décidé d’arrêter à la fin de l’année scolaire et espérait vraiment que Rassoul ne le découvre jamais. Encore juste 5 mois et je serais prête. J’avais trop de cours, trop d’examens pour gérer une grossesse.

Diouldé : itinéraire d'une vieWhere stories live. Discover now