Chapitre 15 : Séance décoration

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♪ Laura Branigan - Self Control ♪

Le 16 décembre

Mon jeudi et mon vendredi sont ennuyeusement routiniers. Je jongle entre le travail, la maison et les sorties de mon chien, ainsi que quelques SMS échangés avec Nash pour une prochaine rencontre et la répétition de notre petite comédie.

Il m'a fait part de quelques passages de sa vie qu'il juge intéressants à ressortir au milieu d'une conversation. J'ai ainsi appris qu'il était fils unique et qu'il n'était plus en contact avec ses parents. Je dois avouer que le lire m'a fait un petit pincement au cœur, moi qui suis en très bons termes avec les miens. Mais bon, après tout notre relation amoureuse n'est pas réelle, alors qu'il ne parle plus à ses paternels ne devrait pas vraiment compter.

Durant notre conversation, j'ai vite compris que Nash attendait de moi que je fasse pareil, que je parle de ma vie, mais j'ai bloqué. J'ai trouvé l'excuse que j'étais fatiguée avec le boulot et que je devais le laisser.

Dans le fond, je m'en veux. Je m'en veux de ne pas réussir à m'impliquer avec lui. Enfin, lorsque je le vois en vrai, j'arrive à m'impliquer. Mais ensuite, c'est comme si une barrière invisible tombait. Si je continue ainsi, je vais tout faire capoter alors que mon comédien est prêt à apprendre une bonne partie de ma biographie. Seulement, j'ai du mal à me confier. Surtout depuis que Nash prend contact avec moi tous les jours pour me raconter des broutilles. La dernière en date ? Ce matin, il a vu un oiseau dans le ciel. Ça lui a fait penser à la liberté, et en pensant à la liberté, il a pensé à moi. Pourquoi ? Car en tant que femme, j'ai choisi d'être libre et il voulait me dire à quel point il trouve cela beau.

En soi, c'est plutôt mignon qu'il pense à moi. Mais j'ai l'impression que c'est tout le temps maintenant. Et je crains que dans l'esprit de Nash la limite entre la comédie et la réalité s'efface. Certes, lors du dîner, j'ai été charmée, j'ai rigolé et je me suis même sentis rajeunir. C'est vrai que lorsqu'il m'a embrassée sur la joue, j'ai été un peu troublée et que peut-être que s'il m'avait embrassée sur la bouche, je ne l'aurais pas repoussé sur le moment. Seulement il y a ce sentiment d'oppression qui grandit jour après jour dans ma poitrine désormais. Parce que malgré la reconnaissance que j'ai envers lui, je sens que les choses commencent à m'échapper. Il est trop là, il veut trop en faire, il écrase tout.

Nash est plus impliqué que moi dans ce projet de comédie. N'est-ce pas le comble ? Seigneur, comment ai-je pu passer de l'euphorie de notre rendez-vous et sortie au bowling à ça ?

Bon, trêve de bavardage si vous voulez bien...

Comme à son habitude, Maxime doit venir me voir ce soir. Autant dire que cette fois-ci, je fais attention à bien garer ma voiture le plus près possible de chez moi pour qu'un accident ne se réitère pas.

Debout, gelée par le froid, le visage à moitié caché par ma grosse écharpe, j'attends que Max daigne se montrer. Heureusement pour moi, dix minutes plus tard, j'aperçois sa poubelle. Je lève la main lorsqu'il sort de celle-ci.

À peine est-il arrivé à ma hauteur qu'il me prend dans les bras. Je ferme les yeux pour mieux profiter de son étreinte. Puis nous nous dirigeons vers mon paillasson.

— Comment va Alice ? demandé-je tandis que mon ami arrange mes cheveux en se moquant de leur allure.

J'ouvre la porte et Happy vient lui sauter après. Un peu embêté par le fauve qui ne cesse de lui envoyer la patte pour avoir des caresses, il avance dans mon couloir.

— Alice est un peu fatiguée du travail. Elle a eu une dure semaine.

Aussitôt, je repense à la mienne. Je passe ma main dans le dos de Maxime en voyant ses yeux devenir inquiets. Cette fois-ci, c'est moi qui ai commandé les pizzas. D'ailleurs, je suis surprise que la commande ne soit pas encore arrivée. Je referme derrière mon ami et il se débarrasse de son manteau.

Petit ami et Compagnie 1 - Opération Alexander (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant