Chapitre 24 : La discussion

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Le 24 décembre

Samedi, vers le coup des quatorze heures, c'est bras dessus bras dessous avec Maxime que je traverse la route. La neige de la veille a tenu. Après ma garde nocturne, je suis rentrée au pas chez moi. Étant donné que j'ai travaillé la nuit du vingt-trois, j'ai mon vingt-quatre et une partie du vingt-cinq décembre de libres. C'est un bon compromis, si je puis dire.

Après avoir entendu parler de mon accident que ma mère m'a obligé à avouer lorsque je suis allée lui rendre visite, Maxime a tenu à venir me chercher pour m'emmener en ville. Bien qu'il n'aime pas conduire sur la neige, il a fait le chauffeur de taxi. Et même si j'aurais aimé pouvoir dormir plus de trois heures, je suis tout de même contente d'être avec lui.

Désormais à Ottawa, ma tête collée contre son bras, j'observe les décorations. Une musique de Noël retentit dans les haut-parleurs accrochés aux lampadaires et donne une ambiance féerique à l'allée. Mon cousin tient Happy pour que je ne sois pas embêtée par ce dernier qui est excité par la surpopulation des rues.

— Je n'arrive pas à croire que l'on est déjà la veille de Noël ! avoue-t-il et la buée de son souffle vient me chatouiller le visage.

Tous ces gens qui se promènent avec des sacs remplis d'emplettes, ça donne chaud au cœur.

— Tu es sûr que ça ne dérange pas Alice que tu sois là avec moi plutôt qu'elle ?

Max opine du chef avant de me tapoter affectivement le sommet du crâne.

— Je dois lui trouver un cadeau, souffle mon cousin.

Je fronce les sourcils et quitte son bras pour croiser son regard.

— Tu ne m'avais pas dit que tu en avais déjà un ? relevé-je bien que je me doute de ce qu'il va m'annoncer.

— Si, mais je veux lui en offrir un deuxième ! Tu sais, ce n'est jamais trop pour Alice.

Il essaie de stopper le léger sourire qui étire ses lèvres et en remontant soudainement exagérément le menton, il accélère pour me planter bêtement au beau milieu des passants. Je le regarde partir puis secoue la tête.

Je trottine pour rattraper Maxime quand je le vois disparaître à l'angle de la rue. Pourquoi ai-je inventé de mettre des talons alors que le sol est couvert de neige ? Ah oui ! Parce que Max m'a demandé d'être classe, c'est vrai... Je ne sais pas exactement pourquoi il faut que je sois si bien habillée, mais j'ai fait des efforts en ressortant mes fameux talons du spectacle de danse de Roxanne, mon bonnet écru et mon fameux manteau rouge.

Je suis si élégante que l'on dirait que je vais à un repas de la haute société. Bon, peut-être que j'exagère un peu tout de même. Mais disons que l'idée est là.

Je décide d'accélérer pour rattraper mon retard et regrette mon choix lorsque je sens mon pied haut perché glisser. Je remue les bras pour essayer de retrouver mon équilibre, mais ma cheville se tord et mes jambes cèdent. J'échappe un cri en voyant ma distance avec le sol diminuer. Plus le temps d'anticiper, je tombe lourdement au beau milieu de la rue. La neige me mouille le manteau et je sens bientôt le froid gagner mes fesses.

Fatiguée par ma maladresse, je rouspète en secouant mes mains gantées recouvertes de poudreuse tandis que des gens se retournent pour me regarder. Les jambes écartées comme une petite fille, le bonnet glissant sur mon front, je soupire. Heureusement que le ridicule ne tue pas.

— Anna ! Mais qu'est-ce que tu fous par terre ? demande Maxime en revenant sur ses pas.

Mon chien se met à tirer pensant que je suis au sol pour jouer avec lui. Comme si ma cascade ratée ne suffisait pas, voilà maintenant que les jappements d'excitation de mon Welsh Corgi attirent les derniers regards qui ne s'étaient pas posés sur moi.

Petit ami et Compagnie 1 - Opération Alexander (Terminée)Where stories live. Discover now