Chapitre 18 : Les gremlins

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Une heure plus tard, je regarde mes parents se diriger vers leur ancienne chambre et lâche un soupir. Je suis contente qu'ils aillent se coucher. Je ne sais pas lequel est le pire, mais une chose est sûre, c'est qu'ils sont épuisants.

Ma mère est indiscrète, elle peut mettre quelqu'un à l'aise et le couvrir de honte la seconde d'après et je ne parle même pas de sa mauvaise habitude à fixer les gens. Impossible d'être détendue lorsqu'une paire d'yeux clairs vous fixent sans relâche.

Quant à mon père, en plus d'être un véritable investigateur et un fêtard un peu trop bruyant, il a tendance à avoir les mains baladeuses envers ma mère, et ce, peu importe quand et où surtout.

Pour une fois, ce sont mes parents qui ont été plus extravagants que moi. Il faut dire que je n'ai cassé aucune assiette et que j'ai tenu à rester soft sur tous les points, ce qui veut dire pas de danse sur la table, perruque à l'envers, fourchette en guise de micro pour chanter ou détruire les oreilles de toutes les personnes autour de moi.

Merci, Seigneur, je suis restée à peu près présentable.

Après un soupir de soulagement, je donne un coup d'œil vers Jales qui fixe les escaliers. Son visage est un peu figé et je me demande quelle partie de la soirée parmi lesquelles je viens de m'énumérer cause son trouble.

— Vos parents sont... comment dire ?

Jales ne semble pas trouver de mots.

Flûte, j'aurais tellement aimé qu'ils restent sur la bonne impression qu'ils avaient fait le midi. Mais maintenant qu'ils se sont montrés sous leur véritable jour, je sais que mon voisin fera tout pour éviter de manger une nouvelle fois avec eux.

Merci papa, maman, en montrant les gremlins que vous êtes, vous venez de lui donner envie de fuir !

— Bon, je vais rentrer chez moi maintenant, lance-t-il au bout de quelques secondes de silence.

— Non, mais vous êtes fou ?

— Pas encore, mais merci de vous inquiéter de ma santé mentale, ironise-t-il.

Je gratte nerveusement ma joue en réalisant ce que je viens de dire puis je me racle la gorge avant de m'expliquer plus amplement :

— Écoutez, ma mère adore se trimballer dans la maison pendant la nuit. Elle n'est pas une grosse dormeuse. Il lui arrive même parfois d'aller marcher dans le quartier. Vous imaginez un peu si elle vous aperçoit chez vous ? Tous nos efforts n'auront servi à rien.

J'ai conscience que nous sommes une famille étrange. Je préfère ne pas dire à Jales que mon père est somnambule au risque de l'achever. Après tout, même s'il dort cette nuit à la maison, ce sera la seule fois donc il n'y aura pas de risque qu'il rencontre à nouveau mon paternel durant son circuit nocturne.

— Bon, soufflé-je en regardant mon voisin, je vous accompagne jusqu'à l'étage.

Je n'avais vraiment pas prévu qu'il dorme chez moi et encore moins dans la même pièce que moi, car avouons-le, si mon supposé petit ami dort sur le canapé, mes parents se demanderont quelle sorte de couple nous sommes.

Jales me suit tandis que nous montons les escaliers que j'ai aussi tenu à décorer. Après tout, que y a-t-il de plus beau qu'une descente de guirlandes de houx sur des rembarres de bois ?

Hormis Maxime, mon père et Terrence, aucun homme n'est jamais rentré dans ma chambre et me dire que je connais à peine mon faux compagnon me fait grimacer. Même si je sais qu'il n'est pas le genre à laisser un corps sans vie dans un fossé enneigé, je ne suis pas tout de même à cent pour cent rassurée.

Petit ami et Compagnie 1 - Opération Alexander (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant