Chapitre 22 partie 2 : Docteur douceur

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En revenant à moi, je découvre que l'on m'a transportée dans une chambre d'interne. Mes jambes sont surélevées et une infirmière se tient à côté moi. Je me sens vaporeuse et j'ai l'impression d'être encore dans un état second. Tous les événements précédents me reviennent en mémoire peu à peu tandis que la spécialiste vérifie mon état général.

Quelques minutes plus tard, Irina arrive. Ses cheveux roux sont décoiffés, probablement à cause de la course qu'elle a dû faire dans les couloirs pour venir me voir. Je n'ai pas vu ma collègue de toute la journée, mais je suppose que ce qui vient de se passer a fait le tour de l'hôpital, ce qui explique sa présence.

— Comment te sens-tu ? demande-t-elle en s'approchant du lit.

Je donne un coup d'œil à l'infirmière qui vérifie ma tension puis repose mon regard sur Irina.

— D'après les dires, tu t'es évanouie dans le couloir, continue-t-elle. Et c'est le docteur Holfender qui t'a rattrapée.

Elle me regarde étrangement, comme si c'était un scoop qu'un chirurgien rattrape une sage-femme tombant dans les pommes. Certes, je me doute que cela n'arrive pas si souvent que cela, mais tout de même.

— Vous n'avez été inconsciente que durant quelques minutes et votre tension remonte, m'informe la femme à mes côtés et je ne réalise que maintenant qu'il s'agit d'une jeune interne.

J'ignore si le déclencheur de ce malaise est la fatigue, le surmenage ou le trop-plein d'émotions. Mais quoi qu'il en soit, c'est bien la première fois que je m'évanouis à l'hôpital !

Cinq minutes plus tard, alors que je sors dans le couloir, maintenue par Irina pour plus de sécurité, je vois ma mère arriver. Elle semble inquiète et je me sens aussitôt coupable. Elle doit être paniquée entre son mari qui vient de subir une chirurgie cardiaque et sa fille qui a eu un malaise. Il ne manquerait plus qu'elle finisse à son tour aux urgences.

— Oh mon Dieu Anna, s'écrie-t-elle en me touchant la joue, le visage crispé par l'angoisse. C'est Jales qui m'a dit que tu étais là. Oh ma chérie !

Ma tension doit sûrement remonter en flèche tandis que prise dans les bras par ma mère, je donne un coup d'œil anxieux vers Irina. Je sais que tout le monde connaît le prénom du docteur Holfender à l'hôpital, bien que les gens l'appellent par son nom par respect. Alors le fait que ma mère, simple femme d'un patient, le nomme Jales risque d'attirer l'attention de mon amie.

Contre toute attente, Irina ne semble pas relever. Soit elle n'a pas fait attention, soit elle me ménage.

— Tu devrais rentrer chez toi, me conseille cette dernière. De toute manière, tu as pratiquement fini ta journée.

Sauf que je ne compte pas retourner chez moi.

— Je veux aller voir papa.

Voilà que je montre sans pudeur mon côté enfantin devant Irina. De toute façon, elle me connaît.

— Ton amie a raison, tu devrais rentrer pour te reposer. Je peux te raccompagner si tu veux.

Je fais un signe négatif de la main à ma mère. Je ne veux pas rentrer. Je préfère rester aux côtés de mon père.

Pourtant je me rappelle pour moi-même que je n'ai pas fini mon service et qu'il me reste des consultations. Je ne peux pas quitter mon poste comme l'a dit Irina. Je dois terminer ma journée. J'aperçois l'œil inquisiteur de Lola à l'autre bout du couloir et lâche un soupir de résignation.

Ma collègue m'accompagne jusqu'à ma salle puis, après un rapide coup d'œil pour s'assurer que j'aille bien, elle repart à ses occupations.

Malgré mes coups de fatigue et quelques étourdissements, je finis convenablement mon travail.

Petit ami et Compagnie 1 - Opération Alexander (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant