Un autre monde

Douce nuit

Des mains qui le tenaient, l'agrippaient et le forçaient à rester sur le lit à contempler l'horreur sus ses yeux, des mains qui déchiraient sa peau et le torturaient sans cesse... Un jeune homme qui se tordait de douleur dans un lit recouvert de sang et de bras coupés... Des mains qui lui caressaient ensuite son corps et le transformaient constamment, homme, femme, homme, femme... Il ne savait plus qui il était ni où il était, il était constamment soumis à ces métamorphoses désagréables...

Un corps qui transpirait le sang, la douleur et qui demandait à ce qu'on le libère, un jeune homme qui sentait des cordes se lier autour du cou et l'étrangler peu à peu... Ses yeux sortirent de ses orbites et il se convulsa sur son lit... Dans un élan ultime, il se redressa, tenta de se défaire des cordes... Mais rien n'y fit, il était pris au piège, des voix hurlaient de rire autour de lui, se moquaient de lui... Il ne savait plus qui il était, sur quoi se baser, vers qui se tourner...

Il était seul...

Il cria...

Les yeux ouverts, le cœur couvert de sueur, Ichigo exprimait la plus grande peur, il venait de vivre un des pires cauchemars de son existence après la mort de sa mère... Il se souvenait de la douleur éprouvée à ce moment-là, quand il avait du prendre une lourde décision pour l'ensemble de sa famille... Il devait les protéger peu importait le prix.

Les mains tremblantes, il chercha le verre d'eau posé sur la table mais il se brisa à terre. A ce moment-là, la lumière de sa chambre s'alluma et il sentit le poids d'Aizen juste à son côté. L'ancien Seigneur le prit dans ses bras protecteurs et Ichigo laissa couler les larmes qu'il avait retenues jusque là.

Il posa sa tête rousse sur l'épaule de l'homme qu'il apprenait à connaître et serra ses mains sur le kimono du Seigneur. L'homme rapprocha encore plus le jeune homme contre lui et le couvrit de baisers rassurants. Ichigo sentait des bras le bercer et il pria Aizen de rester avec lui pendant la nuit, le Seigneur fut particulièrement patient et le laissa s'endormir dans ses bras. Puis il s'allongea sur le lit d'Ichigo et le serra tout contre lui, passant les couvertures sur leurs corps enlacés.

La respiration du jeune homme ralentit peu à peu pour rejoindre le souffle lent et profond du sommeil, Aizen appréciait les pressions exercées sur son poitrail fort. Il caressa le dos d'Ichigo et le jeune homme, par réflexe se serra encore plus contre lui. Le Seigneur compris que la présence d'Ichigo était tout ce qu'il lui fallait pour le rendre heureux.

Alors pourquoi autant s'acharner sur le changement de sexe ? Pourquoi ne pas laisser Ichigo choisir par lui-même ? Il n'en était pas encore tout à fait sûr. Pour l'instant e corps du jeune homme était suffisant mais au moment où ils voudraient des enfants ensemble ? Il faudrait soit adopter, soit demander à Ivankov de créer un utérus via des hormones femelles ou alors un changement radical de sexe...

Il cala la tête du roux contre le creux de sa nuque et lui caressa les cheveux. Malgré lui, il tentait d'imaginer le résultat d'une transformation sur le jeune homme. Il voyait les cheveux longs et ondulés, il voyait cette tignasse rousse qui paraissait indomptable... Les beaux yeux dorés de la jeune fille, les lèvres roses et pulpeuses... Mais il chassa cette pensée de son esprit pour le moment. Il voulait profiter de la présence du jeune homme comme il le pouvait... En toute innocence.

Il lui avait demandé sa protection pour la nuit, alors il respecterait sa parole et il ne voulait pas briser une promesse pour une fois... Il voulait aller jusqu'au bout des choses, en toute honnêteté, en toute franchise.

- Oh Ichigo, que me fais-tu ?

Il lui baisa le cuir chevelu et il fut à nouveau surpris par la douceur des cheveux d'Ichigo, alors il pouvait presque accepter cette longue chevelure cuivrée qui brillait au soleil. Mais il voulait encore profiter et il avait conscience que c'était un désir purement égoïste de sa part. Vouloir à tous prix quelque chose du jeune homme ne l'aiderait en rien. Il avait compris que le jeune homme aimait choisir quand il le pouvait...