Le portail des mondes

24

Quand Callum et Elhion apparurent sur Terre, ils ne purent s'empêcher de pousser des cris d'émerveillement. Cet endroit curieux était bien différent de Siltaria, rien ne ressemblait à ce qu'ils connaissaient. Ici, aucune route de pavés, juste des étendues lisses et larges, éclairée par des poteaux lumineux et les maisons ne se ressemblait pas comme les leurs.

— Qu'est-ce que c'est ? s'écria Elhion en sursaut quand une voiture passa non loin derrière eux.

Elle fixa le véhicule avec un regard transpirant l'incompréhension. À Siltaria, aucune machine de ce type n'existait : recouverte d'acier, elle lui semblait pouvoir se mouvoir seule, et ce, dans un bruit surprenant.

— Tout est trop bizarre ! rit Callum. Je comprends ce que tu as ressenti en voyant Avanh !

— Tout va bien ? demanda Elhion.

Alex fixait, depuis leur arrivée, les débris d'une maison ravagée par les flammes. Il s'était souvent imaginé rentrer chez lui, mais à présent, ses espoirs disparurent. Le feu avait tout dévoré. Il restait paralysé face à ce chaos. Tremblant, il versa quelques larmes silencieuses.

— C'était chez toi ? en déduit Callum.

Alex hocha la tête, son ami lui tapota l'épaule. Même s'il ne souhaitait pas abandonner ses amis, dès qu'il se découvrit ce pouvoir, l'espoir de rejoindre son monde avait gagné son âme. Il crut enfin pouvoir retrouver sa vie et il s'en était réjoui, il en souriait même. Intérieurement, il riait, la joie avait donné un nouvel élan aux battements de son cœur. Et à présent, il se retrouvait devant le fait accompli : il n'avait nulle part où aller. Sa maison ne s'était pas écroulée, non, mais le feu lui avait arraché chaque morceau de bois : le toit s'était même écroulé. Il ne savait même pas ce qu'il allait retrouver à l'intérieur.

— On dirait bien que personne n'est revenu, souffla Callum à voix basse.

— Avec un tel incendie, mon père n'a sans doute pas eu le choix...

Le vent était glacial et son souffle semblable à celui de la mort, Alex aurait aimé pouvoir se réveiller et découvrir que tout ceci n'était qu'un rêve. Malheureusement, il était bien là. Tout espoir se brisa et un vide intense vint combler son cœur une nouvelle fois déchiré. Il eut espéré tout au long de ces dernières semaines et maintenant, la réalité le frappa de plein fouet. Il comprit alors qu'il ne reverrait plus jamais sa famille et une larme s'évada de son œil droit. Il ne ressentait rien pas même les doigts d'Elhion qui enlacèrent les siens comme pour lui dire « Je suis là ».

— Je dois rentrer...

— Tu veux qu'on te laisse ? proposa Callum.

— Non.

Le cœur lourd, Alex passa l'entrée : la porte n'était même plus là, elle aussi. Les flammes n'avaient rien laissé : d'innombrables débris provenant de l'étage foulaient le sol. Quelques meubles en bois avaient survécu, mais il ne restait que leurs carcasses noircies et fragiles. Ils enjambèrent quelques débris et avancèrent parmi les pièces jusqu'à l'endroit où Alex dut abandonner sa mère. La cendre noire lui rappela de bien mauvais souvenirs et la douleur de la chute lui revint en tête. Mais au cœur des débris et des cendres se trouva une fleur blanche aux quatre pétales recourbés, Alex ne la remarqua pas, mais elle n'échappa pas à Elhion.

— Seule cette fleur a résisté, dit-elle en la cueillant soigneusement.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Alex.

— On l'appelle fleur du soleil, répliqua Callum. Elles peuvent résister aux plus hautes températures et ne demandent presque pas d'eau.

— Ta mère l'aurait laissé en souvenir ? suggéra Elhion.