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Lÿna, capitale de Rockor, ville du soleil et du désert. Autant réputée pour sa chaleur que pour ses fruits juteux, sans ce long fleuve qui la dessert, elle ne serait que vaste étendue de sable. Même en ces temps frais, le soleil continuait de rayonner au-dessus des maisons de grès. La chaleur ne dérangeait pas les nombreux marchands venus de loin, toutes ces caravanes qui venaient de parcourir le désert afin de vendre toutes sortes de babioles.

— Votre Altesse ! Mais revenez ici !

La princesse Amilda se faufilait à travers les rues et la foule à une vitesse déconcertante. Aussi agile qu'une vipère, elle disparaissait de la surveillance de ses gardes sans soucis. Et derrière, tous deux devaient la suivre s'ils ne voulaient pas s'attirer les foudres de son père, le roi. Quand bien même cette guerrière de presque deux mètres pouvait se défendre seule, le roi serait furieux s'il apprenait qu'elle s'était retrouvée seule au milieu du marché.

— Par-là ! s'écria un garde. Poussez-vous ! ordonna-t-il aux passants.

Le souffle coupé, ils la rattrapèrent enfin alors qu'elle venait d'acheter un fruit aux reflets dorés. Et dès qu'ils s'approchèrent, elle disparut. Ils reprirent leur course folle dans une série de jurons, ils devaient la retrouver. Heureusement, elle était bien la seule à se vêtir d'une armure de maille et à porter une lance de sa taille.

— Attendez-nous, Votre Altesse !

Par chance, elle s'était arrêtée auprès d'un marchand de bijoux. Les gardes l'observèrent, méfiants. Les arnaqueurs étaient courants même dans la capitale.

— Souhaitez-vous un bijou, Votre Altesse ? lui demanda l'un des marchands.

— C'est vrai qu'il me faudrait de nouvelles boucles d'oreille, souffla-t-elle.

Elle tapota du pied et réfléchit un instant. Les deux joyaux ornant ses oreilles avaient l'apparence de losanges bleus. Ils étaient aussi beaux que chers. Finalement, elle opta pour des boucles rondes d'or et d'argent.

— Merci !

— Tout le plaisir est pour moi, Votre Altesse !

Elle se retourna vers ses gardes et leur fit un signe de la main.

— J'ai trouvé de nouvelles tenues à l'autre bout du marché, suivez-moi !

Les deux hommes se retournèrent et soupirèrent. Chaque mois, des marchands s'étalaient sur plusieurs rues de Lÿna et d'innombrables personnes s'y rendaient. Et chaque mois, Amilda faisait vivre un enfer à ses gardes. Ils préféraient de loin la surveiller au sein du palais de marbre, même s'il était gigantesque. Son père n'appréciait guère qu'elle sorte alors qu'autant de monde se trouvait en ville. Nul ne savait ce qu'il pouvait arriver. Les assassins et meurtriers se faisaient rares, mais la vie de sa fille était assez précieuse pour qu'il en prenne soin.

— Attendez-nous ! beuglèrent les gardes à l'unisson.

Elle bondissait à travers la foule avec grâce, comme à son habitude. Contrairement aux deux hommes qui n'en pouvaient plus d'être bousculés et de ne pas savoir passer. Une fois arrivés, ils étaient essoufflés contrairement à elle qui leur présenta deux tenues légères.

— Laquelle vous préférez ? leur demanda-t-elle.

— Les deux vous iront à ravir ! déclara l'un d'eux qui voulaient en finir.

La princesse hésita un instant avant d'opter pour une robe blanche. Soudain, une violente déflagration résonna dans toute la ville et brisa cette douce ambiance. Chaque regard se leva vers une imposante boule de lumière qui disparut en un éclair. Des cris de surprise fusèrent, de la joie beaucoup tombèrent dans la panique.

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